Voix grave, ton grave. Lors de sa passation de pouvoirs avec Gabriel Attal, Michel Barnier a assuré vouloir “dire la vérité” sur “la dette financière et la dette écologique”. Mais saura-t-il vraiment faire preuve de transparence ? Dans le contexte budgétaire actuel, la vérité sur la dette financière et la dette écologique risque d’en déranger plus d’un. Le nouveau Premier ministre pourra-t-il expliquer aux Français les ressorts d’une transition écologique dont on présage déjà l’effet inflationniste ? Tensions sur les matières premières, surcoût des technologies vertes, taxes sur l’énergie et les produits importés… Les sources d’augmentation des prix sont multiples.
“Contenir le réchauffement climatique sous la barre des 1,5 °C pourrait ajouter chaque année 1,6 % à l’inflation au cours de la prochaine décennie”, prévenaient des responsables de la société de gestion d’actifs Carmignac. En France, l’inflation annuelle pourrait rester aux alentours de 4 % après un pic de 6,9 % en 2023. A cela s’ajouteront sans doute plus de 10 centimes d’euros à la pompe si l’Europe élargit, comme elle l’a prévu, son système de quotas de CO2 au secteur des transports.
Revoir les règles budgétaires ?
Il faudra bien réussir à faire payer aux Français le “vrai” prix du CO2 d’une manière ou d’une autre, justifient les économistes, qui prévoient également un système d’amortisseur pour les personnes les plus fragiles. Mais comment mettre ce sujet explosif sur la table ? Jusqu’ici personne ne s’y risque.
Autre sujet tabou, le financement de la transition. Le rapport Pisani-Mahfouz a chiffré entre 25 et 34 milliards d’euros les dépenses publiques supplémentaires nécessaires d’ici 2030. Mais ces chiffres paraissent déjà dépassés et les finances du pays sont exsangues. Plusieurs experts réclament de nouvelles règles budgétaires, plus souples lorsqu’il s’agit de lutter contre le changement climatique. Michel Barnier osera-t-il mettre le sujet sur la table alors que l’Europe sort tout juste de plusieurs mois de négociations éprouvantes sur ce sujet ? Pas sûr. En politique plus qu’ailleurs, toute vérité n’est pas bonne à dire.
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