“Des changements et des ruptures” : c’est ce qu’a promis le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, durant sa passation de pouvoirs avec Gabriel Attal à Matignon, jeudi 5 septembre, lors de laquelle il a esquissé les priorités de son futur gouvernement. Parmi elles, “l’école”, mais aussi, “l’accès aux services publics”, “la sécurité au quotidien”, “la maîtrise de l’immigration”, ainsi que le travail et le pouvoir d’achat.
Si la feuille de route du futur gouvernement n’est pas encore connue -il faudra attendre le discours de politique générale-, certaines des thématiques énoncées font partie de l’ADN politique de Michel Barnier, ancien candidat à la primaire de la droite en 2021, en vue de l’élection présidentielle de 2022. Quel programme défendait-il il y a trois ans seulement et qu’est-ce que cela peut-il indiquer de ses projets pour le pays ?
Contrôle de l’immigration
Retraite à 65 ans, lutte contre l'”assistanat”, contrôle de l’immigration : le nouveau Premier ministre militait pour une politique économique libérale doublée d’une grande fermeté sur le régalien. L’ancien commissaire européen avait ainsi défendu des positions très fermes sur l’immigration et la sécurité : “On ne répare rien, on ne construit rien sans sécurité et si ce sont les passeurs et les juges qui décident qui peut entrer en France et qui peut y rester”, affirmait-il au Figaro en novembre 2021.
Michel Barnier proposait en conséquence un “moratoire” sur l’immigration de trois à cinq ans : cette “pause” serait un “préalable à la reprise en main de notre politique migratoire”, expliquait-il. Dans cette optique, le candidat voulait “cesser les régularisations inconditionnelles des sans-papiers”, “accélérer le parcours du demandeur d’asile”, durcir les critères du regroupement familial, et réduire la délivrance des visas long séjour.
Il avait en outre surpris, voire choqué, jusque dans son camp, en prônant un référendum pour permettre de retrouver une “liberté de manœuvre” en matière d’immigration, suggérant ainsi que la France devrait s’affranchir des règles garanties par les instances juridiques de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe. Critiqué, l’intéressé avait fustigé des “cris d’orfraie” et une “mauvaise polémique”, et maintenu qu’en matière d’immigration, “si on ne change rien, il y aura d’autres Brexit”.
Rigueur budgétaire
Le candidat à la candidature pour la présidentielle de 2022 promettait à l’époque une “stricte trajectoire d’économies” pour le budget de l’État et une “maîtrise de la dette”. Pour stimuler le “retour du travail et de l’activité, […] clé de la croissance”, il préconisait de réduire les impôts de production de 10 milliards d’euros, et de baisser les charges sociales sur les salaires intermédiaires, de 1,6 à 2,5 smic – tout en prévoyant d’augmenter les salaires dans les “services publics essentiels de la santé et de l’éducation”.
Adepte de “réformes courageuses”, Michel Barnier suggérait “le passage à la retraite à 65 ans” et une “plus grande efficacité de l’État” et des collectivités locales, “notamment pour éliminer tous nos doublons administratifs”.
Lutte contre la fraude sociale
Récitant un classique mantra de droite, l’ancien ministre disait vouloir “encourager le travail et le mérite, au détriment de l’assistanat”, notamment en suspendant les allocations chômage “après deux refus d’une offre raisonnable”. Il se déclarait toutefois “beaucoup plus soucieux” du dialogue social que le président Macron.
Michel Barnier disait aussi vouloir lutter contre la fraude sociale, particulièrement à l’Assurance maladie, et proposait pour ce faire de remplacer toutes les cartes vitale par des cartes biométriques, afin d'”économiser des sommes considérables” en supprimant un “véritable nid de fraudes”.
Environnement
“On réduira la pollution agricole avec les agriculteurs, pas contre eux. On décarbonera l’économie avec les entreprises, pas contre elles”, avait affirmé l’ancien ministre, qui proposait un “grand plan national d’isolation des logements”. Michel Barnier disait par ailleurs vouloir “relancer” le nucléaire et investir dans les énergies renouvelables, comme le photovoltaïque, la biomasse, l’hydraulique – mais pas l’éolien “qui fait beaucoup de dégâts”.
Tout juste nommé à Matignon, Michel Barnier doit désormais s’atteler à composer “un gouvernement de rassemblement au service du pays” à la demande d’Emmanuel Macron, en vue de boucler rapidement le budget 2025. Il doit recevoir plusieurs personnalités dès ce vendredi 6 septembre, dont des membres de son parti, Les Républicains.
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