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PDG, princesse et astronaute : United World College, l’école internationale qui cherche sa place en France


Le point commun entre l’astronaute japonais Akihiko Hoshide, l’actuelle ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, l’ancien PDG de Nokia, Joma Ollila, et la princesse héritière d’Espagne, Leonor ? Ils sont issus, comme 40 000 alumni dans le monde, de la même école : l’United World College. Un projet, né en 1962 au Pays de Galles, et conçu par le pédagogue allemand, Kurt Hahn, réfugié en Angleterre afin d’échapper aux lois antisémites de l’Allemagne nazie. L’expert en éducation, ayant auparavant fondé le célèbre collège de Gordonstoun, en Ecosse, où étudia l’actuel roi d’Angleterre, pose en pleine guerre froide les fondements d’une pédagogie utopique et ambitieuse, convaincu qu’en confrontant des générations d’élèves à la différence, il formerait des futurs leaders capables de s’entendre et d’empêcher le retour des conflits meurtriers.

Si la recette n’a pas suffi à conjurer la guerre, elle a toutefois perduré en s’amplifiant. Après le pays de Galles, UWC ouvre une école au Canada en 1974, à Singapour en 1975, au Swaziland en 1981. Elles sont désormais 14 réparties sur quatre continents. Dont aucune dans l’Hexagone, où le réseau aimerait s’implanter depuis 2017 – à croire que sa singularité donne du fil à retordre aux formats éprouvés de l’Education nationale quand bien même la scolarité n’y coûte pas un centime d’argent public. Le comité français reçoit près de 200 candidatures chaque année pour 15 places disponibles – contre cinq fois plus de candidats en Allemagne -, et la nouvelle campagne de sélection commence début octobre.

“L’argent ne saurait être un obstacle, plus de 86 % de nos étudiants sont boursiers, explique Béatrice Trébaol, du Comité France de l’organisation, un bon dossier ne comporte pas simplement de bonnes notes, il révèle surtout un tempérament curieux et motivé.” Pour candidater, il faut avoir seize ans, l’école n’existant que pour les deux dernières années de la scolarité, soit la classe de première et de terminale, cursus conclu par l’obtention d’un “Baccalauréat international”, sésame pour accéder aux 95 grandes universités américaines partenaires, où étudient ensuite un tiers des élèves, profitant là encore d’une offre de bourses.

Un panachage subtil

“Nous choisissons des profils pour leurs engagements associatifs, nous cherchons des jeunes désirant changer le monde”, résume Béatrice Trebaol. Outre le cursus académique, dispensé en anglais, les élèves devront en effet consacrer un tiers de leur temps à des activités sociales, caritatives et culturelles. En Inde, les enfants dispensent des cours de natation et de bicyclette aux femmes des villages voisins, à Mostar, ils aident dans un camp de réfugiés, au Nouveau-Mexique, ils enseignent dans une prison pour mineurs, au Costa-Rica, ils soignent les tortues et se forment au sauvetage en mer au Pays de Galles. Mais surtout, ils vivent ensemble et n’ont pas choisi le pays dans lequel ils seront scolarisés durant deux ans.

Dans chaque classe, entre quatre-vingt et cent nationalités cohabitent, un panachage subtil obligeant chacun à la rencontre. Si le programme scolaire est facile à construire pour les matières scientifiques, il exige plus d’inventivité quand il s’agit, par exemple, d’enseigner la Seconde Guerre mondiale à un classe, où sont assis côte à côté des adolescents yéménites, allemands, sénégalais, américains ou singapouriens. Idem pour la littérature. “Nos enseignants partent des connaissances des enfants, ils confrontent leurs savoirs, leurs ressentis, et ils construisent ensemble l’enseignement”.

L’élève choisit parmi trente matières réparties dans six blocs. Autre singularité : chaque promotion compte 5 % d’élèves réfugiés ou déplacés dont tous les frais sont intégralement pris en charge par le réseau, et 30 % d’inscrits ne payant aucun frais de scolarité, les autres contribuent en fonction des moyens familiaux. “Nous ne regardons la situation matérielle des familles qu’une fois le profil retenu”, ajoute la représentante d’UWC, “chaque promotion reflète une grande diversité sociale”. Celle qui permet à un astronaute, un PDG de la téléphonie mobile et une princesse espagnole d’avoir été à la même école.




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