C’est fou comme la dissolution a vraiment tout clarifié ! Ce second quinquennat est décidément à nul autre pareil. Le gouvernement Attalest déjà tombé, les élections européennes sont à peine terminées que le président décide de convoquer des élections législatives. Avec le résultat qu’on connaît… Et quelque soixante jours plus tard, voici Michel Barnier à Matignon. Pour combien de temps ?
Le préféré de Hollande
“Je ne cacherai pas l’estime que je lui porte” : dans Affronter, le livre qu’il publie en 2021, François Hollande, qui n’a pas toujours la parole aimable pour les gens de droite, ne tarit pas d’éloges sur un certain Michel Barnier. “Son handicap tient à sa qualité ; c’est un modéré. Ce qui ne veut pas dire qu’il soit modérément engagé, mais il l’est en respectant les formes et les personnes, ce qui à droite le fait passer pour un tiède ou un ennuyeux, comme s’il fallait toujours faire tournoyer une épée de bois pour être considéré comme un bretteur.” L’ancien président ajoutait, à propos de la primaire qui allait se dérouler chez Les Républicains : “Si nous étions dans une période où la sagesse et l’expérience étaient les premiers critères, Michel Barnier aurait sa chance.”
Darmanin-Borne : déjà de l’eau dans le gaz ?
Après un début de relation compliqué, Elisabeth Borne et Gérald Darmanin ont fini par s’apprivoiser et s’apprécier, aux dires des intéressés. L’ancienne Première ministre a été touchée par les délicates attentions du ministre de l’Intérieur au moment de son départ de Matignon – un SMS et un bouquet de fleurs. L’entente a atteint son apogée quand Elisabeth Borne a déclaré sa candidature à la présidence du parti présidentiel dans Le Parisien fin août, en affirmant pouvoir compter sur le soutien de Darmanin, notamment. Quelle surprise alors de ne pas le voir assis autour de la table du dîner qui réunissait lundi 9 septembre, dans un restaurant parisien, selon les informations de Politico, l’ex de Matignon et ses soutiens. Le lendemain, un ministre démissionnaire taquin croise celui de Beauvau et l’alpague : “Alors, tu n’étais pas au dîner avec Elisabeth ?” Réponse de Darmanin : “Non, on ne s’est plus parlé depuis son annonce de candidature.” Peut-être Borne se réserve-t-elle pour la rentrée de Darmanin le 29 septembre à Tourcoing où elle avait, l’année passée, assuré le show en calmant les envies d’émancipation du turbulent ministre ?
Le Maire, le discours d’un roi
La fin de sept années à diriger le paquebot Bercy, ça se fête. Bruno Le Maire a convié, jeudi 12 septembre, plusieurs centaines de personnes (ministres, élus, hauts fonctionnaires, collaborateurs, journalistes…) pour un “discours de remerciement” émouvant dans lequel le ministre de l’Economie démissionnaire a formulé ce souhait : “Apprenons donc à dire nous.” Ses colocataires au ministère, les ministres délégués, avaient reçu le matin même quelques indications sur le déroulé de l’événement. Précision importante qui en a fait sourire plus d’un : ne pas se placer sur l’estrade mais au pied de l’estrade. L’un des occupants bercyens particulièrement facétieux s’est amusé à poser cette question au cabinet de BLM : “Quand les ministres prennent-ils la parole ?” Evidemment, cela n’était pas prévu au programme. D’accord pour partager, voire céder, la responsabilité sur l’état des finances publiques, mais pas pour partager le quart d’heure de gloire !
Barnier et les ex
Après Matignon, l’hôtel de Brienne : Michel Debré et Alain Juppé ont montré que le chemin était possible. Elisabeth Borne, Première ministre entre 2022 et janvier 2024, effectuera-t-elle son retour au gouvernement en devenant ministre de la Défense de Michel Barnier ? Quand il a reçu ses prédécesseurs le week-end dernier, de Jean Castex à Elisabeth Borne en passant par Edouard Philippe, Michel Barnier leur a demandé si un ministère – forcément régalien pour eux – était susceptible de les intéresser. Réponse a priori négative des intéressés… Elisabeth Borne pourra se consacrer à ses projets : elle a donc déjà annoncé sa candidature pour diriger Renaissance et termine l’écriture de son livre sur ses responsabilités ministérielles…
Dati, Lecornu, Séjourné et la “feuille blanche”
“Il sera l’un des chefs de gouvernement ayant le plus de latitude dans le choix des ministres par rapport au président, mais le moins par rapport au Parlement” : un intime de Michel Barnier résume ainsi l’équation gouvernementale. Le Premier ministre veut vraiment partir d’une “feuille blanche” pour constituer son équipe : aucun sortant n’a reçu de garantie. Même Sébastien Lecornu à la Défense, dont Emmanuel Macron a dit du bien au nouvel hôte de Matignon mais sans rien exiger ; même Stéphane Séjourné aux Affaires étrangères – “Je ne mettrai pas une pièce sur son maintien, Barnier a été au quai d’Orsay et sait très bien comment les diplomates le perçoivent”, note un proche. Il reste le cas Dati. “C’est vrai que c’est un cas à part, raconte un ami du Premier ministre. Michel et Rachida ont une relation bien meilleure qu’on pourrait croire, qui remonte aux européennes de 2009. Lui était numéro 1 dans la circonscription d’Ile-de-France, elle numéro 2. On pensait que ça se passerait très mal, ce fut tout l’inverse…”
Le déjeuner Barnier-Rousseau
La scène se déroule fin mai. Aurélien Rousseau, l’ancien ministre de la Santé et feu directeur de cabinet d’Elisabeth Borne, a déjà claqué la porte du gouvernement à l’hiver dernier et a repris depuis février le chemin du Conseil d’Etat, son corps d’origine. Quelle ne fut pas sa surprise de recevoir une invitation à déjeuner de Michel Barnier. Entre deux coups de fourchette, Barnier, prolixe, évoque Matignon avec beaucoup de gourmandise déjà. Il se dit convaincu qu’une dissolution aura lieu avant la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron, convaincu aussi qu’une autre forme de coalition du centre et de ses composantes pourrait alors prendre forme. Barnier, diseur de bonne aventure ?
Xavier Bertrand : le coup de fil au PS
Il se voyait bien à Matignon et comme d’autres aspirants, il n’était pas fermé à l’idée d’une correction (à la marge) de la réforme des retraites. Si Bernard Cazeneuve n’a appelé personne, Xavier Bertrand, lui, et bien que de droite, a décroché son téléphone pour appeler quelques huiles de gauche dont Boris Vallaud, le chef des députés socialistes. L’idée était de savoir jusqu’où les socialistes seraient intransigeants. Mais la conversation ne s’est pas éternisée, Vallaud assurant que son groupe censurerait Bertrand d’autant plus facilement s’il n’abrogeait pas la réforme des retraites ou ne comptait pas augmenter le Smic comme le prévoit le programme du Nouveau Front populaire. Ça valait le coup d’essayer…
Le RN réfléchit à travailler avec Barnier
Serait-ce à eux de devenir cette “béquille du gouvernement” qu’ils ont passé des mois à dénoncer ? Au Rassemblement national, on se pose la question : doit-on travailler avec le gouvernement Barnier ? “Dans la conjoncture actuelle des trois blocs à l’Assemblée, nous sommes devenus incontournables, et le gouvernement le sait, précise un frontiste. La question c’est : est-ce qu’ils veulent travailler avec nous en amont ou est-ce qu’on fait ça au fil de l’eau et ils sont condamnés à regarder de quel côté tombera la pièce… ?” Au RN, l’appel du système trouve de plus en plus d’écho.
La communication du RN puise dans les rangs du JDD
Le Rassemblement national a trouvé un nouveau vivier de recrutement au sein des médias de Vincent Bolloré. Après avoir recruté le chroniqueur Guillaume Bigot, ancien chroniqueur de CNews devenu député RN, c’est dans les rangs du JDD que le parti d’extrême droite vient chasser des têtes. Tancrède de Chanterac, ancien Community manager du JDD, et ancien chargé de communication pour Valeurs actuelles, rejoint le parti lepéniste pour gérer la communication.
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