Les libéraux se sont livrés à de nombreuses réflexions catastrophistes au cours de cette année marquée par de nombreuses élections à travers le monde. Beaucoup craignaient que les politiciens autoritaires et populistes, de Viktor Orban en Hongrie à Narendra Modi en Inde, ne consolident leur pouvoir en augmentant leur part de voix. D’après l’analyse “Freedom in the World” réalisée par la Freedom House[NDLR : une organisation non gouvernementale américaine] enfévrier 2024, le monde se trouve depuis près de vingt ans dans une phase de récession démocratique, exacerbée par la montée de grandes puissances autoritaires telles que la Chine et la Russie, les conflits en cours en Ukraine et au Moyen-Orient, et l’ascension ou la progression de nationalistes populistes dans des pays qui semblaient être solidement démocratiques – l’Allemagne, la Hongrie, l’Inde et l’Italie.
Pour les libéraux qui veulent préserver un monde favorable aux démocraties, le moment le plus alarmant est peut-être survenu à la mi-juillet, lorsque les républicains ont investi l’ancien président Donald Trump comme candidat à l’élection présidentielle, et l’ultra-MAGA [“Make America Great Again”, slogan de Trump devenu le sigle de ses partisans] J.D. Vance comme colistier. Bien que Trump ait tenté de renverser l’élection américaine de 2020, il a néanmoins été choisi avec enthousiasme par son parti. Il venait de survivre à une tentative d’assassinat ; ses poings levés et son appel à “se battre, se battre, se battre” contrastaient fortement avec l’octogénaire Joe Biden, dont la performance lors du débat du mois précédent faisait de lui un outsider manifeste.
Mais les craintes des libéraux que cette année représente le triomphe mondial du populisme illibéral se sont jusqu’à présent avérées fausses. Bien que les idéologies autoritaires aient nettement progressé dans plusieurs pays, la démocratie a fait preuve d’une résistance surprenante dans de nombreuses régions du monde et pourrait encore l’emporter aux Etats-Unis. La croyance en un déclin démocratique a conduit de nombreux libéraux à s’inquiéter et à se demander désespérément s’ils pouvaient faire quoi que ce soit pour l’inverser. Les réponses à cette question sont simples et ennuyeuses : allez voter ou, si vous êtes plus enclin à l’action, travaillez dur pour mobiliser des personnes partageant les mêmes idées afin d’aider les politiciens démocrates à remporter les élections. La démocratie libérale repose sur la capacité d’action individuelle, et rien ne prouve que l’engagement politique traditionnel ne fonctionne plus.
Le revers du PiS en Pologne
2024 a été surnommée “l’année des élections” parce qu’un nombre record de citoyens dans le monde se rendent dans les urnes ; près de trente pays organisent des élections qui sont à la fois déterminantes et disputées. Cette année charnière a réellement commencé à la fin de l’année 2023, notamment avec l’élection polonaise du 15 octobre qui a détrôné le parti populiste Droit et Justice (PiS) et l’a remplacé par une coalition de partis libéraux. Le PiS avait suivi la voie tracée par le parti de droite hongrois Fidesz, mais la forte coopération entre la Plate-forme Civique polonaise et d’autres partis de centre-gauche – dont les membres ont travaillé dur pour surmonter leurs divergences passées et ont organisé des rassemblements massifs pour pousser les électeurs à voter – a fait perdre 41 sièges au PiS, qui a également perdu sa majorité à la chambre basse du parlement polonais, la Diète (Sejm). Il s’agit d’un revers majeur pour le populisme en Europe, qui prive la Hongrie d’un allié important au sein de l’UE. Le seul autre pays d’Europe de l’Est à s’être engagé dans une voie populiste est la Slovaquie, où Robert Fico est redevenu Premier ministre en octobre et s’est engagé à mettre fin au soutien important de son pays à l’Ukraine. La présidente pro-occidentale de la Slovaquie, Zuzana Caputova, a renoncé à se présenter pour un second mandat et a été remplacée en juin par l’allié de Fico, Peter Pellegrini, qui, comme Fico, est plus favorable à la Russie. Bien que les populistes aient fait des progrès, la Slovaquie reste une nation profondément polarisée ; en mai, un homme a tiré sur Fico en raison de l’opposition du Premier ministre à l’aide militaire à l’Ukraine.
En novembre 2023, Javier Milei a battu Sergio Massa au second tour de l’élection présidentielle en Argentine. Aux États-Unis, nombreux sont ceux qui considèrent Javier Milei comme un Trump argentin, compte tenu de son style anti-establishment et de son adhésion à l’ancien président américain. Mais Milei a surfé sur une vague de dégoût populaire à l’égard des péronistes au pouvoir, qui ontconduit le pays à une profonde stagnation économique. Bien que de nombreux populistes prônent un État fort, visant à imposer des valeurs culturelles conservatrices, Milei est un véritable libertarien. Le succès rapide de son programme de stabilisation économique lui a permis de conserver sa popularité malgré la faiblesse de sa base au Congrès national argentin. Le principal danger que représente Milei n’est pas qu’il prenne une direction autoritaire, mais qu’il aille trop loin dans l’affaiblissement de l’État argentin.
Un début d’année en demi-teinte
Le début de l’année 2024 a été marqué par des résultats mitigés pour la démocratie. En janvier, le Parti démocrate progressiste de Taïwan a battu le Kuomintang prochinois, et la Finlande est restée dans un camp solidement démocratique. Dans les deux cas, les partis vainqueurs ont travaillé discrètement mais vigoureusement pour construire leurs majorités législatives. D’autre part, le mois suivant, le Salvadorien Nayib Bukele a été réélu président avec un score remarquable de 85 % des voix – une récompense pour avoir considérablement fait baisser la criminalité en utilisant des moyens extrajudiciaires pour incarcérer une grande partie des chefs de gangs du pays. En se présentant pour un second mandat, Bukele a fait fi de l’interdiction constitutionnelle salvadorienne de réélection consécutive ; il pourrait bien rester au pouvoir pendant des années encore. La tendance à récompenser les hommes forts s’est poursuivie avec l’élection de Prabowo Subianto à la présidence indonésienne. Les groupes de défense des droits de l’homme ont accusé Prabowo, un ancien commandant des forces spéciales, d’avoir commis des crimes de guerre pendant l’occupation du Timor-Leste par l’Indonésie dans les années 1980 et 1990 ; il a été interdit de voyage aux Etats-Unis de 2000 à 2020, année où le département d’Etat de Trump lui a accordé un visa. Mais sa victoire ne reflète peut-être rien d’autre que l’énorme popularité de son prédécesseur, Joko Widodo, dont Prabowo a affirmé qu’il perpétuerait l’héritage.
Au Bangladesh, le parti corrompu de la Ligue Awami, dirigé par Sheikh Hasina, s’est maintenu au pouvoir en janvier, malgré des manifestations nationales contre son régime. Son succès s’est toutefois révélé éphémère, puisque les nouvelles manifestations qui ont suivi les élections ont conduit Hasina à fuir le pays au début du mois d’août. Il n’est pas certain que le Bangladesh puisse retrouver son statut de pays démocratique, mais il est clair qu’un grand nombre de citoyens en avaient assez d’un dirigeant qui avait été au pouvoir pendant vingt des vingt-huit dernières années.
Résultats rassurants en Afrique du Sud et au Mexique
Le milieu de l’année a été marqué par deux élections importantes, en Afrique du Sud et au Mexique, qui ne s’inscrivent pas facilement dans le cadre populiste contre libéral. En Afrique du Sud, le Congrès national africain, qui avait dominé la politique du pays depuis sa transition vers la démocratie en 1994, a perdu 71 sièges et sa majorité à l’Assemblée nationale. La montée d’un nouveau parti, uMkhonto weSizwe (MK), associé à l’ancien président corrompu du pays, Jacob Zuma, était troublante, mais à la suite de l’élection, l’ANC a formé une coalition non pas avec MK, mais avec l’Alliance démocratique (DA), un parti qui tend à représenter les électeurs blancs et les électeurs dits de couleur, ou métis. La DA a gagné trois sièges parlementaires et le parti de gauche radicale des Combattants pour la liberté économique en a perdu cinq. Malgré tous les scandales de corruption et le déclin économique que l’Afrique du Sud a connus au cours de la dernière décennie, l’élection de 2024 a été, d’une certaine manière, rassurante. Les électeurs ont tenu l’ANC pour responsable de sa gestion corrompue du pays et ne se sont pas tournés sans hésiter vers des remèdes populistes.
Le Mexique a également démontré la force de sa culture démocratique. Les analystes libéraux ont qualifié le président en exercice du pays, Andrés Manuel López Obrador, de populiste latino-américain, mais il était populaire dans le contexte d’un establishment corrompu et inefficace. Dans ses discours quotidiens, il s’est insurgé contre l’oligarchie corrompue qui a dirigé le Mexique pendant des décennies. Il a réduit la guerre contre les narcotrafiquants, ce qui a permis une baisse momentanée de la violence sans pour autant résoudre un problème sous-jacent qui affectera le Mexique pendant des années. Il a également mis en place un certain nombre de politiques en faveur des pauvres, tout en maintenant la discipline budgétaire. En tant que premier président résolument de gauche depuis la révolution mexicaine de 1920, il est devenu extrêmement populaire et sa successeure, Claudia Sheinbaum, a remporté la présidence en juin avec plus de 30 points d’avance sur son rival conservateur. Le parti de Sheinbaum, Morena, a également obtenu une supermajorité au Congrès mexicain, ce qui lui donne la possibilité de modifier la constitution après son entrée en fonction. López Obrador a affiché de nombreuses tendances illibérales au cours de sa présidence, et le cadeau d’adieu qu’il laissera au pays sera une soi-disant réforme du système judiciaire mexicain qui, en fait, affaiblira gravement l’indépendance de l’institution. Mais il n’est pas évident de savoir comment Sheinbaum utilisera son pouvoir substantiel une fois qu’elle aura pris ses fonctions. Elle ne semble pas avoir hérité du zèle de López Obrador. Sauf surprise, il vaut mieux la considérer comme une femme politique latino-américaine de centre-gauche que comme une populiste de gauche.
La Mongolie, un enjeu sous-estimé
Une autre élection cruciale a eu lieu en Inde, où le vote s’est déroulé par étapes entre la mi-avril et début juin. Le Premier ministre Narendra Modi, membre fondateur du club des populistes-nationalistes qui a affaibli les médias, les tribunaux et les libertés civiles de son pays, était censé accroître la majorité du parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) à la chambre basse, la Lok Sabha. Au lieu de cela, le BJP a perdu sa majorité et a été contraint de former une coalition. Son recul a été particulièrement important dans son ancien bastion du nord de l’Inde, où il a perdu 49 sièges, dont 29 dans l’Etat pauvre de l’Uttar Pradesh.
Les élections qui se sont déroulées en Mongolie à la fin juin ont eu moins d’écho au niveau mondial, mais elles n’en sont pas moins importantes. Coincé entre la Russie et la Chine, le pays a été le seul Etat d’Asie centrale à instaurer et à maintenir une démocratie après être sorti de l’orbite de Moscou suite à l’effondrement de l’Union soviétique en 1991. Mais le parti populaire mongol au pouvoir, successeur du parti communiste de l’ère soviétique, a pris une orientation de plus en plus autoritaire et prorusse entre 2022 et 2024. Lors de ces élections, le parti démocratique d’opposition a plus que doublé le nombre de ses sièges, les électeurs ayant rejeté un système gangrené par la corruption. Ce résultat n’a pas fait les gros titres en Occident, mais il a montré le pouvoir que les électeurs ordinaires peuvent exercer pour défendre la démocratie.
La France et l’Italie inquiètent
Les élections au Parlement européen ont eu lieu au début du mois de juin. Les partis populistes tels que le Parti de la liberté en Autriche, le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen en France, l’Alternative pour l’Allemagne (l’AfD), le Parti pour la liberté aux Pays-Bas et les Frères d’Italie de Giorgia Meloni ont tous progressé. Dans l’ensemble des 27 pays, les plus grands perdants sont les socialistes et les Verts. Cette évolution est inquiétante, mais ne représente pas le tremblement de terre que certains avaient prédit. Les partis de centre et de centre-droit, tels que l’Union chrétienne-démocrate (CDU) allemande et la Plate-forme civique polonaise, ont conservé, voire augmenté leurs scores. Le parti polonais Droit et Justice a perdu des sièges, tout comme le Fidesz en Hongrie, où un dissident, Peter Magyar, a divisé le vote en créant son propre parti suite à un scandale de corruption au sein du Fidesz.
Les deux résultats les plus inquiétants concernent la France et l’Italie. Le RN a submergé la coalition centriste d’Emmanuel Macron, remportant plus du double de ses voix. Cela a poussé le président à déclarer des élections législatives anticipées à la fin du mois de juin. Pendant un moment, il a semblé que le jeune président du RN, Jordan Bardella, se dirigeait vers Matignon. Mais au second tour, les partis de centre et de gauche ont retiré leurs candidats les plus faibles, et le RN a de nouveau été écarté du pouvoir. Cela s’est produit uniquement parce que les partis de gauche ont fait une alliance électorale pour maximiser leur nombre de sièges.
En Italie, la situation est moins encourageante. Lors des européennes, le parti populiste des Frères d’Italie a considérablement augmenté son score, et sa coalition de droite détient une majorité confortable au parlement italien. Giorgia Meloni, Première ministre depuis la fin 2022, s’est d’abord présentée comme une centriste. Au début de son mandat, elle a rompu avec les populistes prorusses tels Orban et Fico en exprimant un soutien fort à l’Ukraine, et de nombreux commentateurs ont spéculé qu’elle soutiendrait la candidature de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour un second mandat. Mais après les européennes, elle est passée à droite et son parti n’a voté que pour un soutien conditionnel à l’Ukraine, tout en s’opposant à la réélection de von der Leyen.
Le seul grand pays européen à avoir organisé des élections sans craindre qu’un parti populiste en pleine ascension ne prenne le pouvoir a été le Royaume-Uni. Début juillet, le parti travailliste l’a largement emporté face aux conservateurs. Ces derniers, au pouvoir depuis quatorze ans avec cinq Premiers ministres différents, avaient conduit le pays à une stagnation économique prolongée en soutenant, entre autres, le Brexit. Lorsque le parti travailliste a remplacé son leader d’extrême gauche Jeremy Corbyn par le plus modéré Keir Starmer, les électeurs ont réagi favorablement. Des figures de proue populistes telles que Nigel Farage étaient toujours présentes ; son parti Reform UK a remporté 14 % des voix, plus que les libéraux-démocrates qui ont obtenu 12 % des suffrages. Mais le système électoral britannique uninominal à un tour l’a tenu éloigné du pouvoir.
Les enjeux énormes de l’élection américaine
Il reste encore un certain nombre d’élections importantes à venir : en Moldavie, où la présidente libérale Maia Sandu devrait être réélue, et en Géorgie, où le parti prorusse Rêve géorgien a de bonnes chances de conserver le pouvoir. Mais l’élection la plus importante, de loin, est celle qui se déroulera le 5 novembre aux Etats-Unis entre Donald Trump et Kamala Harris. Au moment de la Convention nationale républicaine à la mi-juillet, une victoire de Trump contre un Joe Biden vieillissant semblait probable. Mais la décision de Biden de se retirer a soudain galvanisé les démocrates. De nombreux sondages, tant au niveau national que dans de nombreux Etats clés, donnent aujourd’hui une longueur d’avance à la vice-présidente.
Cette élection américaine aura d’énormes implications à la fois pour les institutions américaines et pour le monde. Trump a exprimé son admiration pour des dirigeants autoritaires tels que Vladimir Poutine ou Xi Jinping. Il est presque certain qu’il mettra fin au soutien des Etats-Unis à l’Ukraine et a exprimé un grand scepticisme sur une alliance comme l’Otan. Il a promis de mettre un terme aux relations commerciales avec la Chine et d’imposer un tarif douanier général de 10 % sur tous les biens produits à l’étranger. Le parti républicain a résolument abandonné les politiques libertariennes des années Ronald Reagan et s’engage à mettre le pouvoir de l’Etat au service d’objectifs conservateurs.
Mais jusqu’à présent, cette année électorale n’a pas été atroce pour la démocratie à travers le monde. Des partis et dirigeants populistes et autoritaires ont progressé dans certains pays, mais ils ont perdu dans d’autres. Les citoyens ont également exprimé leur opposition à l’autoritarisme par d’autres moyens. En juillet, les Vénézuéliens ont voté massivement en faveur du candidat de l’opposition Edmundo González Urrutia, ce qui a conduit le régime de Nicolás Maduro à commettre une fraude massive en se déclarant vainqueur. Ce régime ne peut survivre qu’en devenant ouvertement autoritaire et en abandonnant tout vernis de légitimité démocratique. En Birmanie, où une junte militaire a aboli les élections suite au coup d’Etat de 2021, une insurrection armée associant l’opposition démocratique à un certain nombre de milices ethniques est en train de réaliser des gains territoriaux substantiels.
Convaincre et faire des compromis
Les élections en elles-mêmes ne garantissent pas de bonnes politiques. En revanche, elles offrent la possibilité de tenir les dirigeants responsables de leurs échecs politiques et de les récompenser pour les succès qu’ils semblent avoir remportés. Les élections deviennent périlleuses lorsqu’elles renforcent des dirigeants qui ne cherchent pas seulement à imposer des politiques douteuses, mais qui espèrent également affaiblir ou saper les institutions libérales et démocratiques de base. A cet égard, les Etats-Unis sont devenus une sorte d’exception. Dans aucune démocratie européenne ou asiatique un dirigeant n’a récemment refusé de manière flagrante d’accepter le résultat d’une élection ou provoqué une émeute pour éviter de quitter le pouvoir. La volonté de nombreux électeurs républicains de normaliser les événements du 6 janvier 2021 est un symptôme de l’affaiblissement des normes démocratiques dans la première démocratie du monde – un signal qui sera repris par des populistes de la même sensibilité (tels que les partisans de l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro, qui ont imité les émeutiers du 6 janvier lorsqu’ils ont pris d’assaut leur Congrès en 2023) si Trump devait retourner à la Maison-Blanche.
La leçon à tirer de cette année d’élections est que la montée des politiciens populistes et autoritaires n’a rien d’inévitable. Le recul démocratique peut être combattu, et l’a été, dans de nombreux pays qui organisent des élections. Mais les normes démocratiques ne peuvent être défendues par la violence, les recours judiciaires (par exemple, l’utilisation du 14e amendement pour disqualifier Trump), la montée d’un nouveau leader charismatique ou toute autre solution rapide. Ce qui reste efficace, c’est le travail continu et souvent ennuyeux des politiques démocratiques : présenter des arguments, convaincre et mobiliser les électeurs, ajuster les programmes, construire des coalitions et, si nécessaire, faire des compromis dans lesquels le “mieux” cède la place au “possible”. Même dans une période déprimante pour la démocratie au niveau mondial, les citoyens ont encore la possibilité d’évoluer vers un avenir meilleur.
*Francis Fukuyama est chercheur au Center on Democracy, Development and the Rule of Law et directeur du Ford Dorsey Master’s in International Policy à l’université de Stanford. Cet article est paru en version originale dans la revue Foreign Affairs. © 2024 Foreign Affairs. Distributed by Tribune Content Agency.
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