C’est une première. Lors d’une visite ce vendredi 13 septembre du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, la Corée du Nord a publié des images présentées comme celles de ses installations d’enrichissement d’uranium. Sur ces clichés, on peut distinguer des centrifugeuses qui semblent tout à fait modernes et efficaces selon les observateurs, ce qui pourrait faire revoir à la hausse les estimations du nombre d’armes nucléaires présentes dans le pays. Pyongyang, qui a effectué son premier essai nucléaire en 2006 et fait l’objet de nombreuses sanctions de la part des Nations unies pour ses programmes d’armement interdits, n’avait jamais montré publiquement ces installations nécessaires à la fabrication d’ogives nucléaires, grâce à des centrifugeuses à grande vitesse.
Kim Jong-un a visité l’Institut des armes nucléaires et une base militaire de production de matériaux nucléaires, a indiqué l’agence de presse officielle KCNA, sans préciser où se situent ces installations ni quand a eu lieu la visite. Le dirigeant nord-coréen “a souligné la nécessité d’augmenter encore le nombre de centrifugeuses afin d’accroître de manière exponentielle les armes nucléaires d’autodéfense”, a rapporté l’agence, en publiant des images de Kim Jong-un en train d’inspecter des rangées de centrifugeuses.
Kim Jong-un “s’est familiarisé avec la production d’ogives nucléaires” et de matériaux nucléaires, selon l’agence. Le dirigeant a exhorté à “promouvoir l’introduction d’une centrifugeuse d’un nouveau type […] afin de renforcer les fondations pour produire des matières nucléaires à usage militaire”. Le dirigeant nord-coréen a également appelé à “fixer un objectif à long terme plus élevé pour la production des matières nucléaires nécessaires”, a ajouté KCNA. Les programmes d’armement nucléaire de la Corée du Nord sont sous sanctions de l’ONU, mais le pays ignore ces restrictions, notamment grâce au soutien de ses alliés, la Russie et la Chine.
Un message destiné aux Etats-Unis ?
Selon les experts, la diffusion d’images des installations d’enrichissement d’uranium pourrait avoir pour objectif d’influer sur l’élection présidentielle américaine de novembre. Ces images sont “un message à la prochaine administration” signifiant “qu’il sera impossible de dénucléariser la Corée du Nord”, a déclaré à l’AFP Hong Min, principal analyste à l’Institut coréen pour l’unification nationale. “Il s’agit également d’un message demandant aux autres pays de reconnaître la Corée du Nord comme un Etat nucléaire”, a-t-il ajouté. Il est toutefois peu probable que cette mise en lumière soit rapidement suivie d’un nouvel essai nucléaire, a estimé l’analyste.
Selon des informations publiées mercredi par 38 North, un programme d’analyse de la Corée du Nord géré par le groupe de réflexion Stimson Centre, le principal site d’essais nucléaires de la Corée du Nord a été endommagé par des inondations consécutives à des pluies diluviennes fin juillet. Ce site “est en très mauvais état”. “Toutes les routes et voies ferrées ont été détruites par les pluies et le sol est très fragilisé”, croit également savoir Hong Min.
Les relations entre Séoul et Pyongyang sont à leur plus bas et le Nord a récemment annoncé le déploiement de 250 lanceurs de missiles balistiques à sa frontière Sud. La Corée du Nord a lâché ces derniers mois de grandes quantités de ballons chargés d’immondices, avec une nouvelle série la semaine dernière. Jeudi, Séoul a annoncé que la Corée du Nord avait tiré plusieurs “missiles balistiques de courte portée” en direction de la mer, son premier essai d’armement majeur depuis début juillet. Mais l’agence KCNA a indiqué vendredi qu’il s’agissait d’un test d’un “nouveau type de lance-roquettes multiples de 600 mm”.
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