L’assurance-vie retrouve des couleurs depuis le début de l’année. Après une année 2023 en demi-teinte, les Français épargnent de nouveau sur leurs contrats : sur les sept premiers mois de 2024, la collecte nette des retraits se monte à 17,9 milliards d’euros, un chiffre déjà bien supérieur à celui de l’année 2023 tout entière.
Cet engouement profite surtout aux unités de compte, les supports financiers non garantis référencés dans cette enveloppe. Le fonds en euros, lui, reste boudé. Même si les sorties d’argent sont moindres que par le passé (entre 2020 et 2022), près de 5 milliards d’euros ont quitté l’actif général des compagnies depuis le mois de janvier.
Pourtant, ce dernier a vu son rendement fortement augmenter depuis deux ans pour atteindre en moyenne 2,60 % en 2023 dans les contrats individuels, selon l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, le gendarme de la banque et de l’assurance. Cyrille Chartier-Kastler, le fondateur du cabinet Facts & Figures, estime dans son dernier baromètre de l’Épargne-Vie Individuelle qu’en l’espace de deux ans les groupes bancaires ont remonté les taux moyens servis de 171 centimes en moyenne, passant de 0,79 % en 2021 à 1,78 % en 2022 puis 2,50 % en 2023.
Une tendance encourageante, mais pas pérenne
La tendance est encourageante mais elle risque de ne pas être pérenne. En effet, ces hausses ont été largement alimentées par des réserves, mises de côté les années passées. Ainsi, l’ACPR nous apprend que le rendement des actifs dégagés par les compagnies l’an dernier (avant recours ou mise en réserve) n’est que de 2,20 %. “Malgré la hausse des taux d’intérêt depuis 2022, la partie récurrente du taux de rendement de l’actif des assureurs a poursuivi sa baisse en particulier sous l’effet du remplacement d’obligations anciennes à rendements élevés par des obligations moins bien rémunérées”, indique les auteurs du rapport. En effet, les titres arrivant à échéance ne sont pas encore ceux acquis lorsque les taux étaient les plus bas mais avant. Les assureurs ont donc boosté leurs taux en piochant dans leurs réserves, dont le montant total s’est érodé l’an dernier.
Par ailleurs, la concurrence devrait s’avérer moins dure l’an prochain sur les produits garantis comme les livrets. Autant d’éléments qui plaident davantage pour un statu quo qu’une poursuite de la revalorisation des fonds en euros. Facts & Figures anticipe ainsi un taux moyen compris entre 2,50 % et 2,60 % sur les fonds en euros en 2024. D’une compagnie à l’autre, les pratiques commerciales pourraient toutefois faire le grand écart. Celles avec de solides réserves et la volonté de conquérir des parts de marché pourraient se montrer plus agressives.
Source