Le 31 octobre prochain, une proposition de loi portant sur l’abrogation de la réforme des retraites sera examinée dans le cadre de la niche parlementaire du Rassemblement national (RN). Une échéance qui travaille à la fois les élus de gauche et de droite. Les premiers, parce qu’ils ont bien compris qu’il s’agissait là d’un piège que leur tend le parti à la flamme, pour qui l’abrogation de la réforme des retraites ne semblait plus au sommet de leurs priorités. Les seconds, parce qu’ils craignent de voir la sacro-sainte réforme tomber sous le coup d’un pacte de circonstance entre la gauche et l’extrême droite.
Et pour cause si les voix des quatre groupes de gauche – PS, EELV, PCF, LFI – se joignent à celles du RN, la proposition de loi du groupe frontiste réunirait quelque 335 voix, soit une majorité absolue. Ainsi la réforme repoussant l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans serait-elle abrogée. La Droite républicaine de Laurent Wauquiez et l’ancienne majorité présidentielle présidée par Gabriel Attal comptent dès lors sur les réticences du Nouveau Front populaire (NFP) à voter un texte concocté par le RN. À nos confrères de France Info, des élus de gauche l’admettent : “C’est compliqué”, “on n’a toujours pas trouvé la bonne solution”.
La gauche dans l’attente
Votera, votera pas. Pour l’heure, aucun des quatre groupes constituant le NFP n’a tranché. Un seul semble toutefois enclin à apporter son soutien au texte porté par le Rassemblement national : le Parti communiste français (PCF). C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre son secrétaire national Fabien Roussel, défait dans sa circonscription du Nord face à un candidat RN aux dernières élections. Question de cohérence selon lui. Ses collègues élus ou réélus en débattront jeudi 19 septembre, lors de leurs journées parlementaires. Et tandis que le Parti socialiste et les Ecologistes pataugent encore, les insoumis ont pris les devants ce dimanche 15 septembre.
Sur BFMTV, le député de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel a annoncé que son groupe parlementaire déposerait “dans sa propre niche à la fin du mois de novembre […] sa propre abrogation de la réforme des retraites”. Ce, “avec l’accord de ses partenaires”, précise le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale. “C’est un problème de donner une victoire sociale à un mouvement qui propose une politique économique qui n’est pas très différente finalement de celle de monsieur Macron et de lui donner cette caution-là”, a-t-il fait valoir. D’autant qu’il n’y aurait selon lui, “aucune assurance” que la proposition du RN soit “discutée au Sénat”.
Sans s’arc-bouter sur un rejet de la proposition d’abrogation du RN, Mathilde Panot a martelé “n’avoir aucune envie de donner cette victoire politique à l’extrême droite qui n’a jamais combattu la réforme des retraites”. Et d’abonder sur France 3 : “Le RN a la première niche, nous la seconde. Dans le pire des cas si nous n’y arrivons pas par un autre moyen, nous avons, nous, notre niche qui aura lieu en novembre dans laquelle nous avons d’ores et déjà décidé d’inscrire la réforme des retraites”.
Côté Rassemblement national, on se frotte les mains. “On verra si elle (la gauche, NDLR) est sectaire, si elle ne vote pas parce que c’est nous ou si véritablement le quotidien des Français et les deux ans volés par cette réforme les intéressent”, a fait valoir la députée frontiste Laure Lavalette sur France 3 ce dimanche, de concert avec le porte-parole du RN et député du Nord Sébastien Chenu qui a déclaré trois jours plus tôt au micro de France Info : si “la gauche ne veut pas la voter, ça veut dire qu’ils privilégient la petite tambouille politicienne à l’intérêt des Français”.
Un an et demi après s’être illustré comme le fer de lance de l’opposition à la réforme des retraites, le groupe indépendant Liot a quant à lui remis une lettre à au Premier ministre Michel Barnier, enjoignant le futur gouvernement à mener “une nouvelle discussion” sur le texte “avec les partenaires sociaux”.
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