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Guerre en Ukraine : ces entreprises russes qui s’installent en zone occupée


24 février 2022. Les troupes russes sont aux frontières de la Crimée. 3 h 48. Vladimir Poutine annonce le début d’une opération militaire. Le feu vert est donné. Les chars de l’armée du Kremlin envahissent l’Ukraine. Plus de deux ans et demi après, le pays de Volodymyr Zelensky bataille pour regagner ces terres occupées par l’envahisseur. La Russie, elle, cherche à étendre son influence sur ce que Moscou qualifie de “ses territoires”. Sans relâche. Et dans cette stratégie de “russification”, une étape cruciale : l’ouverture de succursales de banques d’Etat russes dans les villes occupées ukrainiennes.

Une demi-douzaine de bureaux à Marioupol

En janvier dernier, Vladimir Poutine donnait le ton. “Vous devez commencer à vous rendre dans ces territoires avec plus d’enthousiasme et à y travailler”, déclarait-il en s’adressant aux dirigeants du secteur financier russe. Un appel entendu par Sberbank et Vnechtorgbank (VTB), les deux plus grandes banques d’Etat du pays. Selon les informations du Financial Times, Sberbank aurait ouvert 130 distributeurs automatiques de billets et 48 sites dans l’est et le sud de l’Ukraine, y compris des succursales de plein exercice. “Nous serons en mesure d’offrir une assistance pour l’enregistrement des entreprises, l’ouverture de comptes bancaires […] et nous fournirons également des services de règlement en espèces”, a assuré le vice-président du conseil d’administration de Sberbank lors d’une interview accordée à la chaîne de télévision Rossiya 24. En tout, ce sont près de 70 000 personnes qui auraient déjà bénéficié des activités de la banque. Parmi les villes concernées par ces services : Marioupol, qui abrite, depuis sa conquête par les Russes en 2022, une demi-douzaine de “bureaux mobiles” de Sberbank.

La seconde banque concernée, VTB, a par ailleurs annoncé qu’elle commencerait, elle aussi, à recevoir ses clients dans la ville portuaire occupée d’ici la fin de l’année. En juillet, son directeur Andrei Kostin, était photographié coupant le ruban d’une première succursale à Louhansk. “Il ne s’agit pas seulement d’un nouveau bureau. Il s’agit d’une nouvelle étape importante du processus d’intégration de la région dans l’économie du pays”, avait-il affirmé à l’occasion.

Si le directeur de la seconde plus grande banque russe insiste autant sur l’importance de cette installation, c’est que cette action s’inscrit intégralement dans une stratégie de “russification”. Après les modifications des manuels scolaires ukrainiens et la suppression de monuments historiques, la venue des banques d’une telle envergure permet à Vladimir Poutine d’afficher on ne peut plus le patriotisme russe dans des territoires qu’il souhaite définitivement s’approprier. Les banques ne sont d’ailleurs pas les seules à contribuer à cet objectif. La chaîne de restaurants Black Star Burger, appartenant au rappeur pro-Kremlin Timati, a annoncé en juin qu’elle ouvrirait des établissements à Marioupol, ainsi que dans la région de Kherson.

80 % du système bancaire russe sanctionné

Pourtant, les entreprises travaillant dans des zones occupées s’exposent ouvertement à des sanctions occidentales. Raison pour laquelle nombre d’entre elles n’ont pas répondu présent à l’appel du président russe de janvier dernier. En mars 2022, sept banques russes, dont VTB, avaient d’ailleurs subi les premières sanctions de l’Union européenne : toutes avaient été évincées du système financier international Swift. Une décision radicale destinée à paralyser l’activité commerciale russe et rendre les affaires internationales des clients des banques concernées compliquées. Trois mois plus tard, Sberbank s’ajoutait à la liste après une énième sanction décidée par les 27. Même si Vladimir Poutine se plaît à affirmer que les entreprises publiques “n’ont rien à craindre” en s’installant dans les régions occupées, tout semble démontrer le contraire. En 2022, environ 80 % du système bancaire russe était visé par des sanctions financières de l’UE.

Outre les représailles des 27, les bénéfices effectués dans ces régions ne semblent pas être un argument de taille aux yeux des professionnels. “Les entreprises raisonnables n’iront pas là-bas […]. Le pouvoir d’achat est faible puisque la plupart de la population restante dans ces régions sont des retraités et des fonctionnaires. Les risques sont élevés”, a expliqué au Financial Times une personne travaillant dans le secteur du commerce de détail russe. Malgré le danger, le gain semble bien plus attrayant pour nombre de firmes. En 2023, selon les données des services fiscaux russes, plus de 2 500 entreprises étaient enregistrées dans les “nouvelles régions”.




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