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Immigration en Europe : face aux tabous qui tombent, il est urgent de jouer collectif


“Bienvenue au club !”, a réagi sur X le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, goguenard, après l’annonce par l’Allemagne du rétablissement temporaire des contrôles à toutes ses frontières pour lutter contre l’immigration illégale. Dix jours plutôt, le gouvernement Scholz avait renvoyé dans leur pays 28 Afghans condamnés par la justice – une première depuis le retour au pouvoir des talibans, en 2021.

Longtemps, pourtant, l’Allemagne fut le chantre de l’ouverture – elle a accueilli plus de 2 millions de réfugiés depuis la crise migratoire de 2015-2016, et 1,2 million d’Ukrainiens depuis l’invasion russe, en 2022. La soudaineté de cette décision unilatérale donne un sentiment de fébrilité au sein de l’exécutif allemand, sous pression après l’assassinat sur son sol de trois personnes par un demandeur d’asile syrien et les scores spectaculaires réalisés récemment par l’extrême droite en ex-Allemagne de l’Est.

Par ce virage à 180 degrés, la première économie du continent rejoint le clan de plus en plus étoffé des pays européens qui durcissent leur politique migratoire. Du Danemark – “zéro réfugié illégal” – à la Suède – qui propose de verser 30 000 euros aux migrants pour les inciter au retour –, en passant par l’Autriche, l’Italie, les Pays-Bas ou la Hongrie.

Le revirement allemand pourrait être lourd de conséquences. “Il y a un risque de contagion des mesures de contrôle aux frontières et de remise en question complète de la liberté de circulation dans l’espace Schengen, si la Commission européenne ne joue pas son rôle de gardienne du respect des règles existantes”, alerte Jérôme Vignon, de l’Institut Jacques Delors.

Des tabous qui tombent

Signe que les tabous tombent, le Premier ministre britannique, le travailliste Keir Starmer, a rendu visite à son homologue italienne, Giorgia Meloni, afin de s’inspirer de son “savoir-faire” pour réduire les arrivées de migrants par la mer. La leader d’extrême droite a notamment signé des accords avec des pays de départs, comme la Tunisie et la Libye. Et avec l’Albanie, en vue d’y externaliser les procédures de demande d’asile. Fait notable, une quinzaine de pays européens (pas l’Allemagne ni la France) réclament auprès de Bruxelles des solutions de ce type.

Parallèlement, le Pacte européen sur la migration et l’asile, qui n’entrera en vigueur qu’en 2026, est censé intégrer une dose de solidarité entre Etats dans l’accueil des migrants. “Problème, il va être difficile à mettre en œuvre, et comporte trop de dérogations possibles”, estime Matthieu Tardis, spécialiste du sujet. Face à la complexité des enjeux politiques, juridiques, sécuritaires et humains, il est urgent de jouer collectif.




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