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Cinéma : pourquoi il faut voir “Riverboom”, drôle de documentaire sur un périple improbable


Depuis que j’ai vu le film de Claude Baechtold, Riverboom, je ne peux plus rencontrer personne sans lui en parler, je suis fou de ce film, j’en bafouille, je n’arrive pas à expliquer aux gens pourquoi il faut aller le voir, à la fin je dis : Il sort le 25. Ce matin encore, avec Nicolas, au téléphone, j’ai d’abord essayé de raconter le début du film, qui ressemble à un film belge comique. J’aime bien les films belges, c’est toute une école du rire, depuis Poelvoorde, Damiens, d’ailleurs je ne sais pas s’ils font autre chose que des films comiques, les Belges… Ah oui, les frères Dardenne, bien sûr. J’aimais bien, au début. Maintenant, j’en ai un peu marre, j’attends qu’ils fassent un film comique sur la misère du monde. Ce qu’est un peu le film de Claude Baechtold, avec en base line : c’est drôle, la guerre, quand c’est bien fait.

Pour convaincre Nicolas d’y aller, j’ai sans doute commis l’erreur de lui raconter le début du film : trois Suisses, car ce n’est pas un film comique belge, c’est un film français fait par des Suisses, ce qui revient peut-être au même, bref, ils sont dans une voiture à Kaboul et ils doivent faire le tour de l’Afghanistan. Quand j’ai dit ça à Nicolas, au téléphone, j’ai senti qu’il n’était pas passionné, il a émis un souffle à la limite du soupir… Et quand j’ai précisé que ça se passait en 2002, juste après l’arrivée des Américains, il a émis un “mouais” blasé, genre “excuse-moi, mais je ne saisis pas bien le comique de la chose”. Mais justement, Nicolas, ce n’est pas un film comique ! C’est ça qui est génial. Ecoute la suite…

Sont-ils complètement tarés ?

Un des trois est photographe d’art. Photoreporter noir et blanc. Il s’appelle Paolo Woods. L’autre est journaliste, il s’appelle Serge Michel, à l’époque grand reporter au Figaro, auquel il doit livrer une série d’articles, genre feuilleton de l’été, sur ce pays de sauvages où les Américains sont en train d’instaurer la démocratie, nous débarrasser une fois pour toutes de Ben Laden et nous confirmer à quel point il fait bon vivre en France.

“Mais c’est une reconstitution ? – C’est ce que je croyais, au début, mais non, c’est du réel, tourné à l’époque. – Mmm mmm.”

Le troisième, je continue, c’est Claude Baechtold, le réalisateur du film. Il a le même âge que les autres, la trentaine, mais il en parait dix de moins. Il s’est fait embarquer dans l’aventure par Serge Michel, et par hasard. De ces hasards qui vous tombent dessus quand on est un peu largué. Baechtold est même complètement largué depuis que ses parents sont morts dans un accident de voiture : “Allez, Claude, viens avec nous, tu seras notre chauffeur, ça va te changer les idées.” Je ne sais plus exactement comment ni pourquoi Baechtold se retrouve avec un appareil photo, acheté à l’épicerie du coin, à Kaboul, mais après plusieurs centaines de kilomètres il réalise que son appareil ne fait pas seulement des photos, il peut aussi faire des films.

Quelques centaines de kilomètres plus loin il comprend qu’il faut appuyer sur ce bouton pour enregistrer le son. Cet appareil a beau avoir la taille et le look d’un rasoir électrique, et faire la risée des gens qu’il prend en photo, il n’en suscite pas moins l’agacement, puis l’inquiétude de Paolo, le photographe d’art. La rivalité entre le grand professionnel de l’image et l’amateur est un des ressorts comiques les plus réjouissants du film. Notre hilarité, à travers les risques dingues qu’ils prennent dans ce pays en guerre, tient au doute permanent imposé par le réalisateur : est-ce qu’ils sont complètement tarés ou est-ce qu’ils le savent ?

Et malgré tout ça, aussi mal raconté, je n’arrivais pas à éveiller l’intérêt de Nicolas pour ce film. Alors j’ai lâché le dernier argument, que je ne vais pas dévoiler, de crainte de passer pour un sale “spoiler”, mais qui a emballé mon Nico résistant.




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