Un triste air de déjà-vu dans une campagne devenue complètement folle. A peine deux mois après être passé à quelques centimètres de la mort lors d’un meeting le 13 juillet dernier, Donald Trump a été la cible d’une nouvelle tentative d’assassinat présumée le 15 septembre sur un terrain de golf en Floride. Si les motivations du tireur – Ryan Wesley Routh, un Américain pro-ukrainien de 58 ans qui a été repéré avant de pouvoir passer à l’acte – restent floues, ce nouvel incident vient à nouveau bouleverser le tempo électoral à une cinquantaine de jours du vote, le 5 novembre prochain.
Au-delà des questions qu’il pose sur la sécurité de l’ex-président, cet événement peut donner au candidat républicain une occasion de reprendre la main sur la campagne, au moment où les derniers sondages le voient marquer le pas face à sa rivale démocrate. Une récente étude ABC/Ipsos conduite après son débat en demi-teinte du 10 septembre le donnait ainsi avec six points de retard sur Kamala Harris (52 % contre 46 % pour Trump) chez les électeurs susceptibles de se rendre aux urnes.
Pourra-t-il mettre à profit cette nouvelle attaque pour se refaire ? Il aurait en tout cas tort de ne pas essayer. “Donald Trump a toujours été le premier à essayer de détourner le récit médiatique en sa faveur, rappelle Lauric Henneton, maître de conférences à l’Université de Versailles Saint-Quentin. Il est probable qu’il tente de se servir de cet événement pour tenter de relancer sa campagne.” D’autant que, comme en juillet dernier, l’événement lui offre un argument clé en main pour appuyer sa rhétorique du martyr, développée depuis des années.
@lexpress ???????? Pour la deuxième fois en deux mois, Donald Trump a été la cible d’une tentative d’assassinat ce dimanche 15 septembre. C’est du jamais vu pour la même personne. On vous explique. #apprendresurtiktok #tiktokacademie #Sinformersurtiktok #newsattiktok #donaldtrump #étatsunis #élection #présidentielle
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Embarras démocrate
Dans le camp républicain, ses plus fidèles partisans ont d’ores et déjà sauté sur l’occasion pour s’en prendre à ceux qui – chez les démocrates ou dans la presse – ont dénoncé les dangers des penchants autoritaires du leader républicain. “Chers démocrates et vos militants dans les médias. Les deux tentatives d’assassinat contre Donald Trump sont-elles désormais considérées comme une “menace pour la démocratie” ?”, a asséné, quelques heures après les faits, la représentante de Géorgie Marjorie Taylor Greene. Le lendemain, Trump lui-même a imputé cette attaque présumée à la “rhétorique” de Joe Biden et Kamala Harris…
Reste à voir si ce nouveau rebondissement suffira à transformer l’essai dans les urnes. “Ce type d’événement peut trouver une résonance auprès de certains électeurs peu politisés, pointe Lauric Henneton. Même si l’effet devrait rester marginal, cela peut avoir une influence dans une élection qui va se jouer sur le fil dans une poignée d’Etats clés.” Deux semaines après l’attentat raté du 13 juillet, le candidat républicain avait vu sa cote de popularité grimper d’une moyenne de près de deux points.
Toute la difficulté est maintenant pour les démocrates de concilier la reprise de la campagne avec les nécessaires appels à l’apaisement faisant suite à la fusillade. Lors de la première attaque contre le milliardaire en juillet dernier, le retrait surprise de Joe Biden, huit jours plus tard, et l’entrée en campagne au pied levé de Kamala Harris leur avaient permis de rebondir de manière spectaculaire. Eclipsant, au passage, la séquence de l’attentat raté contre Trump. En l’absence de joker, il pourrait, cette fois, être plus difficile d’embrayer. Pour Donald Trump, qui n’a eu de cesse d’alimenter la violence politique sur la scène politique américaine ces dernières années, celle-ci pourrait en définitive être, même lorsqu’elle est dirigée contre lui, sa meilleure alliée.
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