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Hausses d’impôts : l’appel du gouverneur de la Banque de France


La Banque de France s’attend à une croissance plus vigoureuse qu’attendu en France en 2024, mais son gouverneur François Villeroy de Galhau a prévenu que l’incertitude politique pourrait peser tout comme la forte dégradation des finances publiques du pays.

La banque centrale table désormais sur une croissance de 1,1 % du produit intérieur brut (PIB) cette année, contre 0,8 % jusqu’à présent. La prévision pour 2025 est maintenue à 1,2 % mais revue en légère baisse de 0,1 point à 1,5 % pour 2026.

“L’économie française résiste avec une croissance un peu supérieure à 1 % mais nous ne voyons pas encore une reprise nette. Il y a un certain attentisme aussi bien des ménages que des entreprises qui tient à l’incertitude autour du contexte politique et international”, a nuancé son gouverneur, François Villeroy de Galhau, dans une interview au Parisien.

Au-delà, les comptes publics de la France, durablement dans le rouge, constituent une autre menace pour l’activité économique. “Le déficit (public) doit donc revenir sous les 3 % (du PIB). Mais en trois ans, d’ici 2027”, comme le prône le gouvernement sortant, “ce ne serait pas réaliste et cela mettrait un coup d’arrêt à la croissance. Mieux vaut se fixer un cap de cinq ans”, a jugé le gouverneur.

“Parler avec vérité”

“Il est temps de parler avec vérité, puis de tenir nos engagements avec crédibilité”, a-t-il insisté. Pour y parvenir, il estime nécessaire de trouver 100 milliards d’euros sur cinq ans, essentiellement en coupant dans les dépenses, mais aussi en levant “le tabou sur les hausses d’impôts”. Plutôt que les classes moyennes et PME, il préconise “un effort exceptionnel et raisonnable sur certaines grandes entreprises et certains gros contribuables”.

En 2024, le PIB serait tiré par le commerce extérieur, tandis que la consommation des ménages, pilier traditionnel de la croissance française, resterait atone, encore pénalisée par la forte inflation passée et un taux d’épargne demeurant élevé.

Il devrait aussi bénéficier, mécaniquement, de la révision à la hausse des chiffres de 2023 et début 2024 effectuée par l’Institut national de la statistique (Insee). Ce dernier table également sur une croissance de 1,1 % en 2024, légèrement supérieure à la prévision du gouvernement sortant (1 %).

Si le troisième trimestre devrait profiter des retombées positives des Jeux olympiques et paralympiques, un “contrecoup” est attendu sur les trois derniers mois de l’année, selon la Banque de France. Le chef de son service de prévision, Matthieu Lemoine, a estimé lors d’une conférence de presse que la croissance pourrait alors être “proche de zéro”.

En 2025, à la faveur du reflux de l’inflation qui redonne du pouvoir d’achat aux ménages et d’une hausse des salaires réels, la consommation devrait prendre le relais du commerce extérieur comme principal moteur de la croissance.

Objectif : plein-emploi

Après + 5,7 % en 2023, le rythme de l’inflation ralentirait à + 2,5 % en 2024 puis + 1,5 % en 2025, grâce notamment à la baisse des prix régulés de l’électricité, selon l’indice IPCH permettant des comparaisons entre pays européens. Un léger rebond est attendu à 1,7 % en 2026, mais la hausse des prix resterait sous la cible idéale fixée à 2 % par la Banque centrale européenne (BCE).

“La conséquence favorable, c’est que même si ce n’est pas encore la perception, le pouvoir d’achat des Français s’améliore progressivement : désormais les prix augmentent moins vite que les salaires. Ceci devrait nourrir la consommation et donc la croissance économique”, a souligné François Villeroy de Galhau.

L’investissement privé repartirait en 2026 à la faveur de la baisse des taux d’intérêt que la BCE à commencer à opérer en juin après les avoir augmentés à des niveaux inédits pour refroidir une inflation exceptionnelle élevée. Alors que le nouveau Premier ministre Michel Barnier continue d’œuvrer à la formation de son gouvernement, la présentation du budget au Parlement pourrait être retardée d’une semaine au 9 octobre, selon Matignon.

Après 7,5 % en 2024, le taux de chômage atteindrait 7,6 % en 2025 avant de redescendre à 7,3 % en 2026. “Le ralentissement économique diffère un peu la perspective du plein-emploi, mais cela doit rester notre ambition dans cette décennie”, de quoi “muscler notre économie”, a assuré le gouverneur.




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