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“Personne ne doute qu’il tombera” : la presse étrangère ne donne pas cher du gouvernement Barnier


Il était temps, estime le quotidien El Pais : alors que “la patience générale commençait à s’épuiser”, le Premier ministre Michel Barnier “a senti la pression de former un gouvernement”, commentait le média espagnol, jeudi 19 septembre.

Deux semaines après sa nomination, Michel Barnier a confirmé hier soir la présentation imminente de la liste de ses 38 ministres “avant dimanche”, après de longues négociations entre le bloc central et sa propre famille politique, Les Républicains. Du point de vue des médias étrangers, ce fragile gouvernement risque pourtant de ne pas faire long feu face aux défis économiques et politiques qui l’attendent.

Le gouvernement “le plus à droite depuis 2017”

Hors des frontières françaises, l’accent est mis en effet sur le fragile équilibre que représente cette entente “entre les partis de la droite et du centre, qui représentent environ 230 députés sur 577”, dénombre le journal suisse Le Temps. Précisant le caractère “minoritaire” de cette alliance, le quotidien britannique The Times remarque également la place occupée par les élus conservateurs : “En pratique, ce gouvernement semble être le plus à droite depuis l’arrivée au pouvoir de Macron en 2017”, indique le journal anglais, qui souligne la nomination probable de Bruno Retailleau, “un sénateur de la ligne dure des Républicains”.

L’arrivée possible du sénateur de Vendée au ministère de l’Intérieur est également remarquée par le site web de la chaîne de télévision canadienne BNN Bloomberg : “L’homme de 63 ans a vivement critiqué les gouvernements précédents de Macron, exigeant plus de discipline budgétaire et adoptant une position plus conservatrice sur les questions sociales, notamment en votant contre l’inscription de la liberté d’avortement dans la constitution française.”

Un “canard boiteux” isolé à l’Elysée

Un compromis et des négociations de ministères obtenus à l’issue d’un véritable “combat des chefs” entre les patrons de la droite et du centre, commente le quotidien suisse Blick, en référence à l’album de bande dessinée d’Astérix. Le tabloïd s’amuse du “spectacle” donné par les figures de la politique française ces dernières semaines, “bien éloigné des habitudes politiques de la France, pays d’habitude si présidentiel, où tout dépend du palais de l’Élysée.”

L’annonce du prochain gouvernement de Michel Barnier constitue ainsi le nouvel acte d’une pièce de théâtre entre “tragédie” et “comédie” pour le média suisse, avec Emmanuel Macron en acteur secondaire. Qualifiant ce dernier de “canard boiteux”, Blick estime qu’il “est aujourd’hui encore plus isolé dans son palais de l’Élysée, où son entourage refuse de parler de cohabitation avec son nouveau Premier ministre”. “Le terme utilisé est ’coopération exigeante’. Ça veut dire quoi ? En gros, que le chef de l’État va tout faire pour continuer de tirer les ultimes ficelles”, ajoute le journal.

Le défi des finances pointé du doigt

Pour le tabloïd suisse, le spectacle risque pourtant de se transformer en “tragédie financière” : “Michel Barnier et son gouvernement peuvent raconter ce qu’ils veulent. Un seul sujet va dominer et dicter l’action gouvernementale ces prochains mois en France : l’état alarmant des finances publiques”.

Le constat est partagé par la rédaction européenne du média américain Politico. Le média en ligne souligne le défi économique du prochain gouvernement Barnier, notamment auprès de ses alliés européens : alors que le nouveau gouvernement “doit soumettre dans les prochains jours à l’Assemblée nationale un budget pour 2025 afin de respecter les délais parlementaires serrés”, il devra aussi “en parallèle, convaincre la Commission européenne qu’il dispose d’un plan crédible de réduction de la dette pour faire baisser le déficit inquiétant de la France”, analyse Politico Europe.

Un exécutif “dans le couloir de la mort”

Au-delà de la menace économique, les médias étrangers évoquent surtout la fragilité de l’alliance du centre et de la droite dans une Assemblée divisée en trois blocs. “Il n’est pas certain que Barnier et le nouveau gouvernement restent longtemps au pouvoir. Que ce soit par la gauche ou par la droite, une motion de censure pourrait bientôt menacer le gouvernement”, constate l’hebdomadaire allemand Die Zeit.

@lexpress

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Le quotidien espagnol El Pais est plus radical, jugeant que “cet exécutif naîtra dans le couloir de la mort. En plus de ne pas représenter la véritable pluralité de l’Assemblée nationale, dans laquelle le bloc de gauche compte plus de députés que tout autre, il sera presque certainement soumis à une motion de censure. Personne ne doute que le gouvernement tombera et que l’Assemblée devra être à nouveau dissoute dans un délai d’un an, le minimum autorisé par la loi après une élection”. Pour le média hispanique, le sort du gouvernement Barnier “est entre les mains du Nouveau Front populaire […] et du Rassemblement national de Marine Le Pen. La seule question est de savoir quand ils voudront le renverser.”





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