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Impôts : les Français paient-ils vraiment plus que “tous les Européens” ?


Pas de hausses d’impôts pour les classes moyennes et populaires : c’est en somme ce que promet le nouveau gouvernement de Michel Barnier, à l’approche de la présentation du budget 2025 qui devrait avoir lieu le 9 octobre. Le chef du gouvernement a détaillé, dimanche 22 septembre sur le plateau de France 2, ce qu’il entendait par la “justice fiscale” qu’il met en avant depuis sa nomination. La nouvelle fiscalité ne pèsera ainsi “ni sur les gens les plus modestes, ni sur les gens qui travaillent, ni sur les classes moyennes”, a-t-il promis.

Car selon Michel Barnier, rien ne sert d’alourdir “encore l’impôt sur l’ensemble des Français qui payent déjà le plus d’impôts de tous les partenaires européens”. Comment se place donc la France, connue à l’international pour ses services publics et ses aides sociales particulièrement développés, mais aussi pour être l’un des pays qui taxent le plus au monde ?

Les chiffres de l’Insee confirment en vérité ce cliché. Selon l’Institut national de statistiques, le poids des prélèvements obligatoires — c’est-à-dire, des impôts (sur le revenu, taxe foncière…), cotisations sociales (CSG) et taxes (TVA ou taxe carburant) payées à l’administration publique par les citoyens et les entreprises — pèse davantage en France que chez n’importe lequel de ses voisins. Idem comparé à ce qu’il en est outre Atlantique. Ces prélèvements obligatoires représentaient ainsi 48 % du PIB français en 2022, soit environ 14 points au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE, qui se situe autour de 34 %. Cela représente environ 1 200 milliards d’euros par an. Cet argent est ensuite redistribué, notamment pour financer les retraites, qui absorbent 25 % des recettes fiscales. Ailleurs en Europe, les chiffres sont sensiblement plus bas : environ 42 % en Allemagne, 38 % en Espagne ou 35 % au Royaume-Uni. Les États-Unis eux, tombent à 27 %.

Solliciter les plus riches

Pas de hausse d’impôts pour l’ensemble des classes moyennes et plus modestes, donc. Des “prélèvements ciblés” n’ont en revanche pas été exclus par Antoine Armand, le nouvel argentier national, qui s’est vu remettre ce lundi 23 septembre par Bruno Le Maire les clefs de Bercy. Cette stratégie a été confirmée dimanche soir par Michel Barnier, qui a indiqué “ne pas exclure que les personnes les plus fortunées participent à l’effort national”, via des “prélèvements ciblés” qui toucheraient aussi “certaines grandes entreprises”. Il n’a par ailleurs pas écarté une hausse de l’impôt sur les sociétés pour ces dernières.

Reste à savoir comment ces éventuels prélèvements ciblés se mettront en place, et quels seront précisément les foyers fiscaux concernés (et sous quelle forme). À en croire la promesse du Premier ministre, près de 80 % des Français seraient épargnés par une hausse des taxes : selon l’observatoire des inégalités de l’Insee, près d’un Français sur deux appartient à la classe moyenne, tandis que les plus modestes représentent 30 % de la population.

La mise en forme de cette promesse pourrait néanmoins s’avérer plus manipulable que prévu. Selon La Tribune et Les Echos, le gouvernement envisagerait, à la place d’une hausse d’impôts pour l’ensemble des Français, un gel des barèmes de l’impôt sur le revenu, qui ne seraient pas réévalués du montant de l’inflation, comme c’est le cas presque chaque année. Cela aboutirait à faire payer un peu plus d’impôt sur le revenu, à un peu plus de Français des classes moyennes et supérieures, pour un gain de quatre milliards d’euros. Alors que le déficit pourrait dépasser les 6 % cette année, l’exécutif pourrait aussi proposer à Bruxelles un report à 2029 du retour sous les 3 %, initialement prévu pour 2027.




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