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“C’est la guerre” : la presse étrangère craint “l’escalade mortifère” au Liban


L’armée israélienne a annoncé ce mardi 24 septembre de nouvelles frappes visant des infrastructures et des armements du mouvement islamiste Hezbollah au Liban. La veille, à l’issue d’une journée de bombardements de grande ampleur, Israël avait indiqué avoir touché environ 1600 cibles. Ces bombardements ont fait plus de 550 morts, tandis que des dizaines de milliers de personnes ont été forcées de quitter leurs maisons, selon un porte-parole de l’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), Matthew Saltmarsh.

La presse internationale s’inquiète de cette “escalade mortifère”, comme le décrit le quotidien belge La Libre, qui fait craindre un embrasement de la région près d’un an après le début de la guerre à Gaza. “La question ne se pose plus […] : ce n’est plus une escalade, ni un conflit de basse intensité, c’est la guerre”, s’exclame de son côté le quotidien libanais L’Orient-Le Jour à Beyrouth. “Une guerre multidimensionnelle qui n’est pas encore totale – ni dans son étendue ni dans l’ampleur des moyens employés, à commencer par l’envoi de troupes au sol -, mais qui pourrait rapidement le devenir”, craint ce média, pour qui “le cauchemar devient réalité”.

“Le Liban dans le tunnel noir”, constate pour sa part Annahar. Comme l’a repéré France 24, ce quotidien libanais arabophone évoque “une journée sanglante et destructrice”. Côté israélien, pour le quotidien The Jerusalem Post, la “réponse” israélienne est “non seulement justifiée, mais attendue depuis longtemps”, et les Israéliens doivent “tous (se) préparer à ce qui (les) attend, (car) il ne s’agit pas simplement de rendre coup pour coup ou d’une petite escalade, mais d’une escalade importante qui pourrait poser de véritables défis à Israël.”

“Profonde tristesse” et “grande honte”

Le quotidien de gauche Haaretz exprime quant à lui sa “profonde tristesse” et sa “grande honte” face à la façon dont l’Etat hébreu vient de faire “un pas de géant vers le terrorisme d’État”. Israël “a imposé la terreur et la souffrance à toute une population, en ayant recours à des moyens violents et débridés ; c’est ainsi qu’il a agi à Gaza, en Cisjordanie occupée, et qu’il agit maintenant au Liban”, déplore Haaretz. “Nous avons frappé le Hezbollah, il a riposté : Israël doit maintenant chercher une issue diplomatique au Liban. Israël ne peut pas répéter l’erreur qu’il a commise en faisant durer la deuxième guerre du Liban il y a vingt ans”, estime ce journal israélien.

The Guardian rappelle, lui, l’ancienneté du conflit entre la milice chiite libanaise créée en 1982 et Israël. “Il y a eu des victoires et des défaites des deux côtés au fil des décennies, mais la balance semble avoir penché de manière décisive en faveur d’Israël ces derniers mois”, écrit le quotidien britannique. “Les responsables israéliens ont décrit des tentatives d’agents iraniens – ou du Hezbollah – de commettre des assassinats en Israël. Aucun n’a été proche du succès”, constate ce média britannique.

David Ignatius, l’un des grands éditorialistes du Washington Post, fait quant à lui part de sa “tristesse et de son effroi” quant à la situation au Proche-Orient. Le journaliste et écrivain, qui couvrait en 1982 l’invasion israélienne en tant que reporter à Beyrouth, fait le parallèle entre les deux périodes. “Le problème, à l’époque comme aujourd’hui, était la démesure. Israël voulait aller jusqu’au bout, écraser son principal adversaire, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Finies les demi-mesures, il fallait utiliser toutes les armes de l’arsenal”, relate David Ignatius.

“A l’époque, comme aujourd’hui, Israël jouissait d’une domination fulgurante sur le plan militaire et en matière de renseignement. Ses troupes ont atteint les banlieues de Beyrouth en quelques jours. Mais que s’est-il passé ensuite ? La force écrasante d’Israël masquait une faiblesse stratégique : ses dirigeants n’avaient pas de réponse satisfaisante à la question ‘comment cela va-t-il se terminer ?’.” Selon cet éditorialiste, “la seule chose qui semble claire est que la victoire totale est une illusion dans ce conflit”.

“Effusion de sang”

Dans un autre article, The Washington Post rappelle que le président américain Joe Biden s’est rendu lundi à New York pour préparer ce qui “sera probablement son dernier grand discours” devant l’Assemblée générale des Nations Unies ce mardi, “alors qu’il cherche à consolider son héritage en matière de politique étrangère” dans ce contexte de menace croissante de guerre entre Israël et le Hezbollah. “La stratégie de Joe Biden au Moyen-Orient repose sur l’obtention d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas à Gaza, un accord dont les hauts responsables américains reconnaissent qu’il est de plus en plus insaisissable”, explique le quotidien américain.

“L’espoir était qu’un cessez-le-feu ouvrirait la voie à un accord diplomatique entre Israël et le Hezbollah à la frontière nord d’Israël. Mais les opérations israéliennes, associées à la suggestion de hauts responsables israéliens selon laquelle l’attention pourrait se déplacer vers le Liban, semblent saper les efforts américains déployés depuis des mois pour mettre fin à l’effusion de sang dans la région”, poursuit ce média.





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