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Guerre en Ukraine : ce que pourraient changer (ou non) les missiles à longue portée


Voilà des mois qu’ils la réclament. Les Ukrainiens vont-ils enfin obtenir des Etats-Unis la levée des restrictions à l’utilisation des missiles longue portée que leur livrent déjà les Occidentaux ? C’est ce qu’espère Volodymyr Zelensky avec la présentation au président américain Joe Biden de son “plan pour la victoire de l’Ukraine” le 26 septembre – il rencontrera également la candidate démocrate Kamala Harris et celui des républicains, Donald Trump – alors qu’il sera en déplacement aux Etats-Unis pour l’Assemblée générale des Nations Unies.

Jusqu’alors, ils ne pouvaient les utiliser que contre des cibles russes sur le territoire officiel ukrainien, comme la Crimée occupée ; ou sur des batteries d’artillerie situées de l’autre côté de la frontière, près de Kharkiv. Désormais, ils pourront attaquer, plus en profondeur, des nœuds logistiques, des aérodromes d’où partent les bombardiers russes, et d’autres cibles d’intérêt militaire.

Les munitions concernées ont leur importance. Il s’agit des Storm Shadow britanniques et des Scalp français – en fait le même missile avec deux noms différents –, d’une portée de 500 km pour une charge d’explosive de près d’une demi-tonne. Tirés depuis des avions de combats ukrainiens, les Sukhoï SU-24, ces missiles ont l’avantage de mieux résister que d’autres au brouillage. Ils ont déjà permis aux Ukrainiens de détruire le quartier général de la flotte de la mer Noire à Sébastopol. Mais ils nécessitent, selon les spécialistes, le concours d’opérateurs occidentaux, ce qui pourrait être utilisé par Moscou comme une preuve de l’implication directe de l’Otan dans les frappes.

Plus d’options à Kiev

Cette levée de restriction, qui pourrait concerner également les missiles sol-sol ATACMS américains, d’une portée de 300 kilomètres, n’est cependant pas de nature à changer, à elle seule, le cours de la guerre. Ni aucune arme par elle-même. La livraison de chars allemands Leopard n’avait pas permis aux Ukrainiens d’effectuer une véritable percée. Si les lance-roquettes multiples américains Himars ont fait des ravages, fin 2022, dans les dépôts et centres de commandement des Russes, ceux-ci ont su s’adapter en repoussant leurs centres logistiques au-delà de leur portée. Après des semaines de vagues d’attaques, rien ne semble en mesure d’empêcher les Russes d’avancer dans le Donbass jusqu’à la ville de Pokrovsk.

Il n’empêche que l’utilisation plus large des missiles occidentaux longue portée devrait donner plus d’options à Kiev. “Les Ukrainiens ont déjà des moyens de frapper dans la grande profondeur avec leurs drones, mais les Scalp, s’il y en a assez, peuvent, eux, affaiblir les capacités offensives et défensives des Russes, explique Léo Péria-Peigné, chercheur à l’Institut français des relations internationales et auteur de Géopolitique de l’armement (Ed. Le Cavalier Bleu). S’ils veulent ravitailler correctement leur front en obus, les Russes ne peuvent pas placer tous leurs dépôts de munitions à des centaines de kilomètres.”

Vladimir Poutine a prévenu que le feu vert américain “signifierait rien de moins qu’une implication directe des pays de l’Otan dans la guerre en Ukraine”. Le président russe a promis une réponse “en fonction des menaces”. Jusqu’à une confrontation directe avec les Occidentaux ? A Washington, la crainte de mener à une utilisation de la bombe atomique par la Russie reste vive. Il n’est pas sûr qu’il s’agisse là d’une véritable ligne rouge, alors que l’invasion de l’oblast de Koursk par l’Ukraine – une première depuis la Seconde Guerre mondiale –, n’a mené à aucune escalade conventionnelle ou nucléaire. “C’est du bluff, estime Léo Péria-Peigné. Moscou aurait tout à craindre d’une confrontation directe avec l’Otan.” Il est vrai que ses forces restent concentrées sur le front ukrainien.




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