Ce sont des documents rendus publics lundi 23 septembre par l’accusation. Ils indiquent que Ryan Routh, l’homme suspecté d’avoir essayé de tuer Donald Trump en Floride, avait manifesté par écrit depuis des mois son intention d’assassiner l’ancien président américain. Ryan Routh, 58 ans, a été arrêté le 15 septembre après avoir été mis en fuite par les agents du Secret Service qui l’avaient repéré avec une arme à proximité du parcours de golf sur lequel se trouvait le candidat républicain à la Maison-Blanche, en Floride.
Un juge du tribunal de West Palm Beach, où il a de nouveau comparu lundi 23 septembre, a décidé son maintien en détention. Il est inculpé à ce stade de détention illégale d’arme et de possession d’une arme au numéro de série effacé. Mais l’accusation a annoncé à l’audience lundi qu’elle allait demander qu’il soit également inculpé de “tentative d’assassinat”, passible de la réclusion à perpétuité.
“Il vous appartient maintenant de finir le travail”
L’accusation a indiqué avoir reçu d’une connaissance de Ryan Routh une boîte en carton laissée par le suspect au domicile de cette personne il y a plusieurs mois. Après avoir pris connaissance de la tentative d’assassinat présumée, ce témoin a ouvert le carton, selon le dossier. Celui-ci contenait “des munitions, un tuyau en métal, divers matériaux de construction, des outils, quatre téléphones et diverses lettres”, notamment une lettre manuscrite sur laquelle on peut lire : “Ceci était une tentative d’assassinat contre Donald Trump mais je suis désolé j’ai failli à ma tâche”. “Il vous appartient maintenant de finir le travail et j’offrirai 150 000 dollars à quiconque le terminera”, ajoute le suspect dans le document. Les procureurs n’ont pas précisé si la tentative d’assassinat évoquée dans la lettre est celle qui a échoué le 15 septembre, ou si le suspect se référait à un projet antérieur.
Ryan Routh reproche apparemment à Donald Trump d’avoir provoqué le chaos au Moyen-Orient en sabordant en 2018 l’accord international avec l’Iran sur son programme nucléaire. L’ex-président “a mis fin aux relations avec l’Iran comme un enfant et maintenant le Moyen-Orient s’est effondré”, accuse la lettre, comme le relève CNN. Dans un livre auto-édité publié en février 2023, sur la guerre en Ukraine, Ryan Routh évoquait également un projet “d’assassiner Donald Trump”, ont ajouté les procureurs. Dans cet écrit, le suspect déclarait à l’Iran : “Vous êtes libre d’assassiner Donald Trump.”
Dans des messages en ligne, souvent centrés sur la politique américaine et les événements mondiaux, Ryan Routh a par ailleurs indiqué qu’il avait voté pour Donald Trump en 2016, avant d’être déçu par l’ancien locataire de la Maison-Blanche, ajoutant : “Je serai heureux quand tu seras parti.”
“Nid de sniper”
Selon l’analyse par le FBI, la police fédérale américaine, du bornage de téléphones de Ryan Routh, le suspect se trouvait depuis le 18 août à West Palm Beach et ses appareils ont été localisés à de multiples reprises entre cette date et le 15 septembre près du golf de Donald Trump et de sa résidence de Mar-a-Lago. Avant d’être repéré et mis en fuite, il avait également passé près de 12 heures aux environs du club de ce golf, avait indiqué l’accusation la semaine dernière.
Comme le rapporte CNN, lors de l’audience, lundi, le procureur Mark Dispoto a déclaré que Ryan Routh s’était rendu à West Palm Beach “pour une seule et unique raison : tuer l’ancien président des Etats-Unis.” Ryan Routh avait une “ligne de tir dégagée” depuis son “nid de sniper” situé près de la clôture grillagée bordant le Trump International Golf Club, a déclaré Mark Dispoto. Le procureur a ajouté que Donald Trump était au 5e trou, à 12 à 15 minutes d’arriver au 6e trou, lorsque les coups de feu ont retenti. “C’était un tir facile”, a déclaré Mark Dispoto.
En fouillant la voiture de Ryan Routh, les agents ont trouvé six téléphones portables, dont l’un incluait “une recherche Google sur la façon de voyager du comté de Palm Beach au Mexique”. “Les agents ont également trouvé 12 paires de gants, un permis de conduire hawaïen au nom du défendeur et un passeport au nom du défendeur”, indique en outre le dossier.
Sur le terrain plus politique, Donald Trump réclame que le dossier soit instruit par les autorités de Floride, Etat gouverné par le républicain Ron DeSantis, et non par les autorités fédérales que le candidat républicain à la présidentielle de novembre accuse d’être instrumentalisées par sa rivale démocrate, la vice-présidente Kamala Harris. “Les chefs retenus contre cet assassin fou se résument à une simple tape sur les doigts”, a dénoncé Donald Trump dans un communiqué. Celui-ci a accusé le ministère de la Justice et la police fédérale de “minimiser” et de “mal traiter” l’affaire.
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