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Propos de Zelensky sur Trump : une bourde diplomatique qui pourrait coûter cher à l’Ukraine


Finalement, la rencontre n’aura pas lieu. Après Joe Biden, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, actuellement en visite aux Etats-Unis, espérait pourtant s’entretenir avec Donald Trump. A lui aussi, il comptait présenter son “plan de la victoire”, une série de mesures qui permettraient, selon Kiev, de mettre fin à la guerre russo-ukrainienne. Mais le rendez-vous a capoté. En cause, une interview du président ukrainien dans le New Yorker, le 22 septembre, qui a soulevé l’ire du parti républicain et, en premier lieu, de son leader.

Questionné sur l’ambiguïté de Donald Trump vis-à-vis d’une victoire de l’Ukraine et sur sa capacité à “régler le conflit en vingt-quatre heures”, Zelensky a répondu : “Trump ne sait pas vraiment comment mettre fin à la guerre, même s’il pense le savoir. Dans ce genre de guerre, plus on y regarde de près, moins on comprend. J’ai vu de nombreux dirigeants convaincus de savoir comment y mettre fin demain, et en s’y plongeant, ils se sont rendu compte que ce n’était pas si simple”.

Mais c’est surtout son colistier, J.D. Vance, qui en a pris pour son grade. “Il est trop radical”, a critiqué Zelensky, avant de descendre en flammes son projet pour ramener la paix en Ukraine – en substance, que Kiev cède aux Russes les territoires qu’ils ont envahis (Crimée, Donbass) et se retranche derrière une zone démilitarisée pour éviter d’être attaqué de nouveau…

Réponse du président ukrainien : “Je ne prends pas au sérieux les propos de Vance, car si tel était le cas, l’Amérique se dirigerait vers un conflit mondial. […] Cela impliquerait que quiconque prend le contrôle d’un territoire – non pas le propriétaire légitime, mais celui qui est arrivé il y a un mois ou une semaine, une mitraillette à la main – est celui qui est aux commandes. Nous finirions dans un monde où la force prime. Et ce serait un monde complètement différent, une confrontation mondiale.”

Riposte immédiate

La riposte n’a pas tardé. “Alors comme ça, un dirigeant étranger qui a reçu des milliards de dollars des contribuables américains vient dans notre pays et a le culot d’attaquer les candidats républicains à la présidence ? Et il le fait juste après qu’un fanatique pro-ukrainien a tenté d’assassiner mon père ? Honteux !”, a publié sur X, dans la foulée, l’un des fils de Donald Trump.

“Le soutien à la fin de la guerre de la Russie contre l’Ukraine continue d’être bipartisan, mais notre relation est inutilement mise à l’épreuve et inutilement ternie lorsque les candidats en tête du ticket présidentiel républicain sont ciblés dans les médias par des responsables de votre gouvernement”, déclare à Zelensky, dans des termes à peine plus polis, le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson.

Au-delà de ces réactions, une question se pose : un président doit-il vraiment dire ça ? A quarante jours du scrutin américain, et dans un climat politique hystérisé, s’attaquer au potentiel prochain vice-président a tout d’une bourde diplomatique. Même si celui-ci est, clairement, un ennemi de la cause ukrainienne. Car J.D. Vance risque d’antagoniser encore un peu plus le sujet de l’Ukraine et d’en faire un thème de campagne encore plus clivant.

“Interférence électorale”

D’autant qu’un autre incident a émaillé le voyage du président ukrainien. A peine arrivé sur le sol américain, celui-ci a visité une usine d’armement en Pennsylvanie, en compagne d’officiels démocrates… Mais sans républicains. Une “interférence électorale”, destinée à “aider les démocrates”, a taclé Mike Johnson, dans sa lettre, enjoignant au passage au président Zelensky de “virer son ambassadrice”, coupable de cette faute protocolaire.

Autant de crispations dont les trumpistes pourraient se souvenir après le 5 novembre s’ils conquièrent le pouvoir – et même s’ils n’y parviennent pas. Le soutien du Congrès sera en effet essentiel pour voter de futures aides militaires à l’Ukraine. “C’est une erreur monumentale, a commenté John Cornyn, sénateur républicain du Texas. L’Ukraine a besoin de tous les amis possibles.” Son homologue du Texas, John Thune, républicain lui aussi, a eu le mot de la fin, dans un entretien donné au Washington Examiner : “Je pense qu’il serait préférable qu’il reste à l’écart de la politique américaine. Ce n’est pas son rôle de plaider cela ici, au milieu d’une élection américaine.”




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