Des défaillances qui ont “directement contribué” à la tentative d’assassinat contre Donald Trump, le 14 juillet dernier. Le Sénat américain a publié ce mercredi 25 septembre un rapport très critique sur les échecs du Secret Service américain durant ce désormais tristement célèbre meeting à Butler, en Pennsylvanie, au cours duquel le candidat républicain a frôlé la mort et un spectateur a été tué.
Selon les 93 pages du document, le fruit d’un travail bipartisan entre six sénateurs démocrates et sept sénateurs républicains, les circonstances ayant permis au tireur, Matthew Crooks, d’ouvrir le feu depuis un toit voisin au meeting de Donald Trump, étaient “prévisibles, évitables, et directement liées aux événements qui ont abouti à la tentative d’assassinat ce jour-là”.
“Une accumulation d’erreurs”
Les sénateurs américains mettent en avant des défaillances variées qui, accumulées, ont ouvert la possibilité au tireur de tirer à huit reprises au fusil d’assaut et de toucher l’oreille de Donald Trump. “Ce qui s’est passé est une accumulation d’erreurs qui ont produit cet échec stupéfiant”, a assené le sénateur du Connecticut Richard Blumenthal, membre démocrate de la commission.
A commencer par un net problème de communication sur place. Plusieurs membres du Secret Service auraient ainsi connu d’importants dysfonctionnements au niveau de leurs radios. Un sniper de l’agence se serait vu proposer une radio sur place pour l’aider à communiquer pendant la journée, mais il n’a pas eu le temps de la prendre, trop occupé à essayer de “réparer” son propre matériel fourni par l’agence. Un autre employé du Secret Service a envoyé durant la journée un message particulièrement révélateur à l’un de ses supérieurs, une heure avant la fusillade : “Je n’ai pas de bonnes communications ni sur mon téléphone ni sur ma radio. Je vais essayer de rester en ligne.”
Ces dysfonctionnements ont ainsi eu un impact conséquent sur l’anticipation du danger que faisait planer le tireur, Thomas Crooks. Ainsi, selon le rapport, des membres du Secret Service ont été informés de la présence d’une personne suspecte munie d’un télémètre 27 minutes avant la fusillade, sans que cette information ne soit reçue par les responsables de l’agence. Une autre alerte concernant un individu posté sur le toit d’un bâtiment a également été transmise par un policier local aux services secrets deux minutes seulement avant les tirs, suivie d’un autre signal informant que ce dernier été armé, sans que celle-ci ne soit “relayée” au personnel décisionnaire du Secret Service. Des responsables par ailleurs bien flous ; plusieurs agents du Secret Service interrogés par les sénateurs américains ont affirmé ne “pas pouvoir identifier” qui avait réellement le pouvoir de décision final durant l’événement.
D’autres problèmes matériels ont également favorisé un tel incident. Ainsi, pendant que les systèmes de radio étaient en plein dysfonctionnement, le système de drones a également rencontré dans le même temps un “problème technique”. L’employé chargé de piloter l’appareil – qui n’avait que trois mois d’expérience avec cet équipement – aurait ainsi dû… appeler une ligne d’assistance téléphonique gratuite pour obtenir de l’aide, ce qui lui aurait pris “plusieurs heures”.
Des problèmes “restés sans réponse”
Alors que Donald Trump a été visé il y a quelques jours par une seconde tentative d’assassinat, chez lui, en Floride, le rapport de la commission sénatoriale américaine pointe également que les problèmes de sécurité identifiés sont jusqu’ici “restés sans réponse” par le Secret Service. Dans la foulée de la publication du rapport, ces derniers ont affirmé que ces conclusions s’alignaient sur leur propre rapport interne, et que ces deux enquêtes étaient “essentielles” pour éviter qu’un tel événement se reproduise.
Le directeur par intérim de l’agence, Ronald Rowe, avait déjà reconnu la semaine dernière “des manquements” de la part de leurs services, ordonnant vouloir “s’engager dans un changement de paradigme significatif qui redéfinira la manière dont nous menons les opérations de protection”. Comme un symbole, Donald Trump a annoncé mercredi qu’il allait réorganiser un meeting en Pennsylvanie le 5 octobre prochain, un mois jour pour jour avant le scrutin présidentiel. Un événement où la sécurité devrait cette fois-ci être plus que surveillée.
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