La dette publique de la France a continué de gonfler à la fin juin, flirtant avec les 3230 milliards d’euros, à 112 % du PIB, en hausse par rapport à la fin mars (110,5 % du PIB), a annoncé ce vendredi 27 septembre l’Institut national de la statistique (Insee). Il s’agit d’une nouvelle indication de la forte détérioration des finances publiques à deux semaines de la présentation d’un projet de budget 2025 à haut risque pour le gouvernement.
Dans le détail, la dette s’est alourdie de 175,2 milliards d’euros en un an et de 842,3 milliards d’euros depuis fin 2019, quand elle pesait encore moins de 100 % du PIB. C’est très loin du maximum de 60 % du PIB fixé par les règles budgétaires européennes. D’autres pays du continent ont pourtant réussi à mieux maîtriser leur endettement.
La France, mauvaise élève en Europe
Dans la zone euro au premier trimestre 2024, la dette publique était en moyenne de 88,7 % du PIB, selon les dernières données Eurostat, et de 82 % dans l’ensemble de l’Union européenne. Avec 112 %, la France est donc largement au-dessus. Seules la Grèce et l’Italie sont en plus mauvaise posture, avec un endettement qui atteignait respectivement 159,8 % et 137,7 % du PIB au premier trimestre (110,8 % en France au même moment).
Mais ces deux pays ont, comparativement, bien mieux réussi à réduire leur endettement que la France ces dernières années. L’endettement de la Grèce était ainsi de 190,5 % au premier trimestre de 2022, et celui de l’Italie de 148,3 %. La dette française s’établissait quant à elle à 114,2 % du PIB. La diminution est donc bien plus faible pour la France. Les Etats européens dont le ratio dette/PIB a le plus diminué en deux ans sont, après la Grèce, le Portugal, Chypre et la Croatie. La France, elle, est très loin derrière.
Si l’on regarde nos proches voisins, l’Espagne et le Portugal, qui arrivent en quatrième et sixième position juste derrière la France au classement des pays ayant la plus grande dette publique en pourcentage du PIB, l’ont vu diminuer de 7 points pour la première et de 23 points pour le second entre le premier trimestre 2022 et celui de 2024.
L’Allemagne, elle, est endettée à hauteur de 63,4 % de son PIB, soit à peine plus que le maximum fixé par les règles européennes, et ce alors même que la croissance française résiste bien mieux que celle de son voisin d’outre-Rhin, que le taux de chômage est au plus bas et que l’inflation a fortement ralenti à 1,2 % sur un an en septembre. Pour expliquer ces mauvais résultats, le ministre de l’Economie, Antoine Armand, a affirmé que la dette française était “le résultat conjugué de 50 ans de déficit public” devant la commission des Finances de l’Assemblée nationale. Le nouveau gouvernement du Premier ministre Michel Barnier s’est engagé à présenter durant “la semaine du 9 octobre” son projet de budget pour 2025, qui sera principalement placé sous le signe de coupes dans les dépenses publiques pour tenter de redresser la barre.
Reste que les signaux d’alarme se multiplient : le taux auquel la France emprunte à dix ans, une référence pour les investisseurs, est passé jeudi au-dessus de celui de l’Espagne pour la première fois depuis près de dix-huit ans sur le marché où les investisseurs s’échangent la dette déjà émise. Ce basculement est le signe que les investisseurs jugent plus sûr de détenir de la dette espagnole que française. Résultat, les inquiétudes sur une potentielle attaque des marchés ressurgissent, comme durant la crise de la zone euro.
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