Un groupe de quatorze grandes banques européennes, comptant toutes les banques françaises, lance dès ce lundi 30 septembre en France un nouveau service de paiement instantané, baptisé Wero. Il succède à Paylib, qui disparaîtra en début d’année prochaine. Avec cette nouvelle application, les banques vont permettre aux particuliers d’envoyer et de recevoir de l’argent par virements instantanés de compte à compte, en utilisant simplement un numéro de téléphone, une adresse e-mail ou un QR code généré par l’application. Ce mode de fonctionnement, simple d’utilisation, doit permettre aux utilisateurs de l’utiliser pour leurs transactions du quotidien : rembourser un ami, envoyer de l’argent à un proche ou payer un service. D’abord inauguré en Allemagne, le service a vocation à remplacer les chèques et les espèces.
Les banques européennes s’introduisent dans un marché dominé par PayPal et son concurrent chez les plus jeunes, Lydia. Wero ambitionne cependant d’être plus rapide que les deux banques en ligne : reliée directement à des comptes bancaires (plutôt qu’à des cartes bleues), la solution de paiement permet de réaliser des transferts d’argent sans délai, contre 1 à 2 jours habituellement. À terme, il sera possible d’envoyer de l’argent aux détenteurs d’un compte courant dans quatre pays étrangers : l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. Le service est accessible depuis toutes les applications bancaires — sauf pour La Banque postale, qui a créé une application dédiée. Il sera gratuit pour tous les utilisateurs.
Les quatorze banques envisagent d’enrichir les fonctionnalités de l’application au fil des années : d’abord simple solution de paiement, Wero devrait bientôt permettre de payer commerçants et professionnels sur Internet, avant d’être utilisé dans des commerces de proximité. Le service pourra aussi être utilisé pour effectuer des achats en plusieurs fois ou être utilisé pour partager des dépenses entre particuliers.
Ce projet, initialement plus ambitieux, avec un coût de développement estimé en milliards d’euros, fait face depuis sa création à des vents contraires et a connu plusieurs retards successifs. Il a été largement revu à la baisse début 2022 avec l’abandon d’un projet de carte physique, à cause de dissensions entre les différentes banques partenaires.
Concurrencer Visa et Mastercard
Le lancement de Wero vient également acter l’échec de son prédécesseur, Paylib. Imaginée par plusieurs banques françaises, la solution de paiement aux 35 millions d’inscrits n’a pas fait suffisamment d’adeptes pour être pérennisée.
Avec ce nouveau service, les grandes banques européennes espèrent concurrencer les géants du secteur comme Visa, Mastercard, Apple Pay ou Google Pay. Aujourd’hui, aucun marché national “n’a les moyens pour concourir avec les grands concurrents internationaux”, a rappelé la PDG d’European Payment Initiative (EPI), Martina Weimert. “Il faut vraiment la mutualisation des investissements et l’effort collectif”, a-t-elle souligné, notamment à cause des milliards d’euros de coûts fixe que nécessitent ce genre d’innovations.
Pour concourir, les banques comptent proposer à leurs clients et aux commerçants des tarifs plus compétitifs que ceux de leurs deux grands concurrents, les Américains Visa et Mastercard. Pour réellement s’installer, Wero devra être accepté demain par les commerçants. C’est là où devrait se jouer la “vraie bataille”, selon EPI.
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