Depuis le départ vers le gouvernement Barnier de plusieurs élus de l’Assemblée nationale, la bataille pour les postes clés du Palais Bourbon a repris. Ce mercredi 2 octobre, les députés socialistes ont dénoncé l’élection du député RN Sébastien Chenu à la tête d’une commission, grâce à l’apport de voix du camp présidentiel, en contradiction selon eux avec le front républicain intervenu entre les deux tours des législatives.
“Quelle honte ! Préférer le RN à un socialiste après le front républicain de juillet ? Vous êtes nés avant la honte, collègues”, a réagi sur X le député Arthur Delaporte, porte-parole du groupe.
Sébastien Chenu a été élu mercredi président de la commission chargée d’apurer les comptes de l’Assemblée, face au socialiste Philippe Brun. Après avoir bénéficié du vote en sa faveur du député MoDem Philippe Vigier et de la députée Horizons Félicie Girard, Sébastien Chenu a obtenu cinq voix, comme Philippe Brun, et a été élu au bénéfice de l’âge. “J’ai choisi le plus expérimenté. Il est normal que tous les groupes politiques aient des représentants à l’Assemblée”, a justifié Philippe Vigier auprès de l’AFP. Au groupe Horizons, “on assume d’avoir donné une voix au RN”. En juillet “nous avions déploré que le RN n’ait aucun poste à responsabilité (au palais Bourbon, NDLR). C’est une chose d’écarter le RN de la gouvernance du pays, c’en est une autre de rejeter le RN du fonctionnement démocratique de l’Assemblée”, a souligné l’entourage du président du groupe Laurent Marcangeli.
“Il y en a marre d’excommunier des gens”
Sébastien Chenu a aussi profité de l’abstention du député David Habib (Liot). Interrogé par l’AFP, David Habib a indiqué qu’un député de son groupe, Christophe Naegelen, lui avait demandé de ne pas participer au vote en raison du refus du PS de soutenir la candidate de Liot pour la commission outre-mer, Estelle Youssouffa. Ce que Christophe Naegelen a contesté, tout en justifiant l’abstention de David Habib : “Il y en a marre d’excommunier des gens à des postes dans la maison du peuple pour telle ou telle sensibilité”, a-t-il dit.
Le PS soupçonne plus généralement un accord entre le RN et les macronistes, alors que “trois macronistes ont été élus président de la délégation des droits des femmes, de la délégation des droits de l’enfant et de la commission des affaires européennes grâce au retrait ‘opportun’ du candidat RN au troisième tour et à l’apport “mystérieux” de voix au candidat macroniste”.
Interrogé par l’AFP Sébastien Chenu a contesté tout accord de ce type. “Nous avons à chaque fois essayé de faire barrage au pire (…) quand nous-mêmes ne pouvions pas gagner”, a-t-il justifié. Même dénégation du côté du groupe Renaissance. “Les RN préfèrent voter pour nous plutôt que pour la gauche car nos présidents de commission respectent le poids de chacun dans le bureau et dans la répartition des rapports et missions, contrairement à la gauche”, a souligné cette source.
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