Les villages du sud du Liban ne peuvent plus compter sur la venue des véhicules blancs aux passagers à casques bleus pour profiter d’un temps d’accalmie dans la guerre que se livre depuis des mois le Hezbollah et Israël. Celle-ci est entrée, le 30 septembre au soir, dans une nouvelle phase avec le lancement d’opérations terrestres “limitées, localisées et ciblées”, selon l’Etat hébreu, contre des “cibles et des infrastructures” de la milice chiite. Alors que les combats s’intensifient, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), déployée le long de sa frontière, a renoncé à ses patrouilles et reste cantonnée dans ses bases et postes d’observations.
Aux premières loges de cette escalade entre les forces israéliennes et celle du Hezbollah, voilà la Finul, installée en 1978 pour faire tampon avec Israël, à nouveau renvoyée à son impuissance. A l’issue du conflit de 2006 entre Israël et le Hezbollah, la résolution 1701 des Nations unies fixait qu’elle était la seule force à être déployée, avec l’armée libanaise, dans le sud du Liban. Cela n’a jamais été le cas, le Hezbollah n’ayant cessé de s’y renforcer militairement, au fil des années. Et à présent, pour éviter tout accrochage fatal pour eux avec les forces israéliennes, les militaires libanais se sont repliés vers le Nord.
“L’armée libanaise est incapable de faire quoi ce soit et n’était pas de taille, tandis que la Finul n’est pas dimensionnée pour faire tampon, explique Héloïse Fayet, chercheuse à l’Institut français des relations internationales (Ifri). Ils peuvent faire des contrôles, se montrer, mais guère plus.” Elle compte 10 000 Casques bleus d’une cinquantaine de nationalités, chargés de consigner les actions et intentions hostiles dans la région, et de signaler à l’armée libanaise les lieux où sont entreposés de l’armement pour qu’elle puisse les saisir – une mission impossible à remplir face à la toute-puissance du Hezbollah dans le secteur.
L’effet dissuasif des forces de l’ONU
L’impuissance de la mission est régulièrement montrée du doigt par les Israéliens. “Nous avons appris à nos dépens que la Finul, dont le mandat a évolué après l’opération de 2006, était une mauvaise blague, critique Yaakov Amidror, conseiller à la sécurité nationale de Benyamin Netanyahou de 2011 à 2013. Elle n’a même pas empêché l’Iran d’amener des armes dans la zone.”
Du côté de la Finul, on souligne l’intérêt, pour les populations civiles, de cette présence onusienne, rarement prise pour cible. Mais également de l’effet dissuasif qu’elle peut avoir, les parties en présence souhaitant éviter le scandale que susciterait la mort de ces “soldats de la paix” que représentent les Casques bleus. Mais leur marge de manœuvre est limitée, car ils ne disposent ni des moyens, ni du mandant nécessaire pour s’interposer. Tout au plus la Finul peut-elle se maintenir en ses bases dans le cas d’une escalade brutale comme celle qui a débuté le 30 septembre, mais seulement un temps – son autonomie est estimée à 40 jours.
Pour épauler rapidement les Casques bleus répartis au sud du fleuve Litani en différentes bases et points d’observation, la Finul ne peut s’appuyer que sur sa Force Commander Reserve (FCR), installée dans un camp de Deir Kifa, à une quinzaine de kilomètres au nord de la frontière libano-israélienne. Elle est assurée par la France, avec près de 600 militaires renforcés par un contingent d’une centaine de soldats finlandais. Trop peu… Le quartier général de la Finul se trouve lui sur la côte, à Naqoura.
Les habitants de la zone du mandat de la Finul fuyant les combats pourraient venir chercher refuge dans ces différents sites. Les forces onusiennes pourraient avoir ensuite à les évacuer au nord. Elles pourraient également avoir à évacuer face au péril que représentent les combats. A cet égard, l’ONU a expliqué disposer d’un “plan d’urgence”. Sa mise en route signerait l’échec final, mais logique, de la force intérimaire.
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