“Le Moyen-Orient se trouve dans sa phase la plus dangereuse depuis une décennie”, s’alarme le quotidien allemand Die Zeit ce mercredi 2 octobre, au lendemain de l’attaque massive lancée par l’Iran sur Israël, au cours de laquelle entre 180 et 200 missiles balistiques ont été tirés. Une soirée de terreur à travers le pays, “qui a envoyé près de 10 millions de personnes dans des abris antiaériens, tandis que des projectiles et des intercepteurs explosaient dans le ciel au-dessus d’eux. Des explosions ont pu être entendues dans une grande partie d’Israël, depuis Jérusalem et la vallée du Jourdain. À la télévision, les reporters se sont allongés sur le sol pendant les directs” raconte le Times of Israël. “Nous sommes de nouveau en octobre”, pointe Die Zeit, en référence à l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre 2023.
Épuiser les défenses aériennes d’Israël ?
Contrairement à “l’attaque de drone et de missile bien télégraphiée en avril”, “la décision de l’Iran de lancer des dizaines de missiles balistiques à grande vitesse sur Israël indique que Téhéran a cherché à infliger de graves dommages” pointe le journal anglais The Guardian, qui qualifie en même temps l’opération d'”échec militaire”. Car selon l’armée israélienne, “un grand nombre” de missiles ont été interceptés par le dôme de fer. Mais pour le média britannique, l’attaque pourrait avoir eu un autre but que celui de causer des dégâts structurels ou civils. “Tirer autant de missiles balistiques en quelques minutes représente également un effort sérieux pour submerger ou épuiser les défenses aériennes d’Israël. Parce qu’ils sont sophistiqués, les missiles intercepteurs sont chers – et leurs stocks sont incertains”, relève le Guardian. Qui prédit par ailleurs que “Téhéran aura voulu conserver la grande majorité de ses stocks au cas où le conflit avec Israël escaladerait encore en une guerre à part entière”.
Bien que l’attaque n’ait fait, selon Israël, que deux blessés légers, l’impact de cette deuxième attaque de l’Iran en l’espace de six mois est surtout psychologique, relève le média israélien Haaretz. Alors que le Nouvel an juif approche, “l’inquiétude croissante suscitée par les missiles lancés depuis l’Iran fait que les familles qui souhaitent se retrouver pour les fêtes ont peur de voyager car elles redoutent de nouvelles attaques”, relate le média. “Dans leurs pires cauchemars, personne en Israël n’aurait pu imaginer que la vie ressemblerait à cela”.
La menace d’une attaque sur les infrastructures nucléaires
Et maintenant ? Si l’attaque a “largement échoué”, Benyamin Netanyahou a aussitôt promis que l’Iran “paierait le prix” de cette “grosse erreur”, rappelle Times of Israël. “Nous nous en tiendrons à ce que nous avons fixé : celui qui nous attaque, nous l’attaquons”, a menacé le Premier ministre, soutenu “pleinement, pleinement, pleinement” par les Etats-Unis, comme l’a répété Joe Biden. Washington, qui a aidé son allié israélien à abattre les missiles iraniens, a dit vouloir “coordonner” avec Israël une réponse à l’Iran. “En 45 ans d’existence, la République islamique n’avait jamais pris un tel risque”, réagit L’Orient – Le Jource mercredi matin.
Car selon des sources du Wall-Street journal, des responsables arabes affirment que l’Iran aurait auparavant reçu des menaces directes d’Israël concernant le ciblage d’infrastructures nucléaires ou pétrolières en cas d’attaque. “Quelle sera la réponse israélienne, compte tenu du fait que Benyamin Netanyahou pourrait se saisir de cette opportunité pour réaliser son rêve de frapper les installations nucléaires iraniennes ?”, questionne aussi le quotidien libanais L’Orient – Le Jour, qui estime que le régime iranien “joue avec le feu”. Dans le New York Times, l’ancien agent des renseignements à la retraite et spécialiste de la zone Danny Citrinowicz prédit quant à lui le début d’un cercle de violences interminables : “La prochaine action d’Israël déclenchera presque certainement une autre réponse iranienne. Il semblerait que nous soyons au début d’une confrontation violente entre Israéliens et Iraniens”.
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