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Bernard Cazeneuve : ce que cache vraiment sa fameuse veste rouge


“On ne voit que toi !” Est-ce un soupçon de jalousie que l’on entend poindre dans la voix de François Hollande quand il apostrophe Bernard Cazeneuve ? Costume sombre, cravate bleu foncé, l’ancien président presque invisible à côté de l’ami majestueux qui, ce presque dernier jour de septembre, rougeoie dans sa veste autrichienne. A Bram, autour de Carole Delga, il y a les personnalités de gauche tendance social-démocrate. Et il y a Bernard Cazeneuve. Même le fringant Raphaël Glucksmann a opté pour un insipide costume sombre, quelle aubaine.

Cravate rouge sous veste rouge : que la parka de la même teinte arborée quelques années plus tôt par Laurent Wauquiez paraît sage, soudain. Que la tenue nouvelle de Gérald Darmanin, débarrassé de sa cravate, paraît négligée, en vain ? Pour obtenir les suffrages du peuple, se présenter à lui dans une tenue soignée, gage de respect, n’était-ce pas le pari gaullien ?

Et que dire des tailleurs craintifs des macronistes… “C’est sûr que ça nous change agréablement de leurs costumes pour videurs de boîtes de nuit, veste bleue ras les fesses et cravate de la même couleur”, persifle un proche du président. Il a beau avoir été pressenti pour Matignon, Bernard Cazeneuve, lui, est “un opposant”, qu’on se le tienne pour dit. “Macron savait que ce serait dur avec moi “, répète-t-il à ceux qui le questionnent sur les raisons de sa non-nomination. Fidélité au “janker” de chasse bavarois plutôt qu’au costard start-up nation. “Bernard a une élégance singulière faite de raffinement et de messages subliminaux”, dit Hollande. Longtemps, ce fut les chapeaux, kaki ou marron. Hommage de l’athée républicain Cazeneuve à l’écrivain catholique aussi libre qu’engagé François Mauriac, même si le second les portait clairs ? Héritage, aussi, surtout, d’un mitterrandisme qui considère le “ni droite, ni gauche” comme un ailleurs improbable.

La gauche et le socialisme c’est lui !

Le feutre remisé, donc, cravate rouge sous veste rouge : la gauche et le socialisme c’est lui, l’homme qui a rompu avec le PS, conspué Mélenchon, refusé le Nouveau Front populaire… Lui qui, un mois plus tôt à peine, devant Emmanuel Macron qui le reçoit à l’Elysée, assume vouloir modifier la réforme des retraites. Pas l’abroger, comme certains le colporteront ensuite “pour lui nuire”, pense-t-il. Mais la rendre plus juste. Si les socialistes avaient fait l’effort de le soutenir, le temps d’une politique sociale aurait pu advenir. Au lieu de cela… Il a même entendu son camarade Hollande lui certifier : “Si je t’avais soutenu, je t’aurais nui.” Soupir ahuri du délaissé : “Comme ceux qui ne me soutiennent pas me nuisent et ceux qui me soutiennent ne le font pas pour ne pas me nuire, je me sens un peu seul, parfois… “

Mais tête haute sur cravate rouge et veste rouge, toujours, comme s’il fallait rappeler aussi à Marine Tondelier et son blazer vert que lui, ancien ministre de l’Intérieur, ne courbera jamais l’échine devant l’affront consistant à le désigner responsable de la mort du militant écologiste Rémi Fraisse. Quand le nom de Cazeneuve a résonné de plus en plus fort pour Matignon durant l’été, la patronne des écologistes s’est insurgée, indignée, exclamée : “Gestion catastrophique du dossier Sivens”, et l’ex-locataire de Beauvau, de nouveau, s’est senti si peu soutenu. Pourquoi personne ne rectifie ? Pas un de ses amis politiques, pas un journaliste pour lui venir en aide. Maintes fois, il s’en est expliqué. L’affaire, “une tragédie et un échec”, ne s’est-elle pas conclue par un non-lieu pour le gendarme ayant tiré la grenade ?

Cravate rouge sous veste rouge, le tout surmonté d’un col mao et agrémenté d’une pochette blanche éclatante : aux outrances, répondre avec élégance. On appelle cela “la mode Barnier”, depuis que le Premier ministre a répliqué à Mathilde Panot : “Plus vous serez agressive, plus je serai respectueux.” En politique comme partout, fond et forme ne font qu’un, un verbe haut s’accompagne d’un uniforme impeccable. Celui de Cazeneuve : “Le rappel de la fraction des Républicains qui en tenaient pour l’élégance ; Robespierre qui faisait poudrer sa perruque, observe le plus sérieusement du monde son complice l’écrivain et académicien François Sureau. Une manière de dire à LFI : vous n’avez rien compris.” Face au keffieh, provoquer un peu également en revêtant un vêtement porté par la droite en Autriche. Quitte à se voir caricaturé…

Et, glissée dans sa poche plate côté cœur, une conviction, que l’ancien Premier ministre arbore en privé : “Avec le scrutin majoritaire, vous maintenez les raisonnables sous la férule des extrémistes, il faut que le mode de scrutin détache la gauche de LFI, le scrutin proportionnel couperait le cordon.” Son prochain combat ? Reste à trouver la tenue.




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