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Sahara occidental : le Maroc en colère contre un jugement de la Cour de justice de l’UE


La Cour de justice de l’Union européenne a donné raison, ce vendredi 4 octobre, aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l’Algérie au Sahara occidental, en invalidant définitivement deux accords commerciaux conclus entre le Maroc et l’UE. Une décision de justice non reconnue par Rabat. Ces accords de 2019 sur la pêche et l’agriculture ont été conclus en “méconnaissance des principes de l’autodétermination” du peuple sahraoui, a estimé dans un arrêt la haute juridiction établie à Luxembourg.

La Commission européenne a réagi en soulignant l'”amitié profonde” et la “coopération solide et multiforme ” entre l’UE et le Maroc, soulignant que celle-ci serait portée “à un niveau supérieur dans les semaines et les mois à venir”. En d’autres termes, la Commission va devoir renégocier un accord commercial avec le Maroc, pour tenir compte de son annulation par la Cour de justice de l’UE. L’UE “entend préserver et continuer à renforcer ses relations étroites avec le Maroc dans tous les domaines de ce partenariat, conformément au principe ‘pacta sunt servanda'”, une locution latine signifiant que les conventions doivent être respectées, ont affirmé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Rabat a critiqué avec force le contenu de cette décision de la Cour de justice de l’Union européenne, qui contient, à ses yeux, des “errements juridiques évidents” et des “erreurs de fait suspectes”. “Le Maroc ne se considère aucunement concerné par la décision” de la Cour, a souligné le ministère marocain des Affaires étrangères, expliquant n’avoir participé à “aucune phase” de la procédure. Il appelle par ailleurs l’UE à prendre “les mesures nécessaires pour respecter (ses) engagements internationaux”.

“Mesures nécessaires”

La décision de cette juridiction vendredi n’a pas de conséquence à court terme. L’accord de pêche avait déjà expiré en juillet 2023, et la Cour a prolongé d’un an à compter de vendredi l’application de l’accord concernant les produits agricoles. Le consentement du peuple sahraoui à la conclusion de ces accords était une des conditions de leur validité, a expliqué la Cour de Luxembourg. Or, celle-ci a jugé que même si des consultations avaient été menées au Sahara occidental, ancienne colonie espagnole passée presque entièrement sous contrôle marocain, elles ne signifiaient pas consentement.

Ce consentement aurait pu être retenu si l’application de ces accords avait donné “un avantage précis, concret et substantiel”, ce qui n’a pas été le cas, selon la Cour. En conséquence, les demandes d’annulation d’une décision de la justice européenne prise en première instance en 2021 ont été rejetées vendredi. A l’époque le tribunal de l’UE avait annulé les deux accords commerciaux UE-Maroc.

Dans une autre décision, la Cour de justice de l’UE a également stipulé que l’étiquetage des melons et des tomates récoltés au Sahara occidental devait mentionner ce territoire, et non le Maroc, en tant que pays d’origine. La Confédération paysanne, syndicat agricole français, avait demandé à la France d’interdire l’importation de melons et de tomates originaires du territoire du Sahara occidental, étiquetés, à tort selon elle, comme provenant du Maroc. La Cour lui a donné raison, jugeant que le pays d’origine était bien le Sahara occidental et non le Maroc.

Un territoire convoité

Vaste étendue désertique de 266 000 km2 situé au nord de la Mauritanie, le Sahara occidental est le dernier territoire du continent africain dont le statut post-colonial n’est pas réglé : le Maroc en contrôle plus de 80 % à l’ouest, le Front Polisario moins de 20 % à l’est, le tout étant séparé par un mur de sable et une zone tampon sous contrôle des Casques bleus de l’ONU.

Fin 2020, les Etats-Unis de Donald Trump avaient reconnu la souveraineté marocaine sur l’ancienne colonie espagnole, brisant le consensus international sur le statut actuel du territoire disputé.




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