“Faut-il l’acheter ?”. D’une année sur l’autre, l’accroche est toujours la même dans les vidéos de test d’iPhone. Mais la question n’a jamais été aussi pertinente pour le dernier modèle. Surtout en Europe. Car la particularité de l’iPhone 16 réside dans sa compatibilité avec de nouvelles fonctionnalités d’IA générative : traduction, retouche photo, assistance à l’écriture… Or, cette “intelligence”, comme l’a sobrement baptisée Apple, est accessible partout dans le monde depuis la mise à jour du système d’exploitation iOS18.1 cette semaine, mais pas dans l’Union européenne (UE). L’entreprise affirme que le Digital Markets Act (DMA), la réglementation sur les marchés numériques censée lutter notamment contre les pratiques anticoncurrentielles sur le Vieux continent, la plonge dans une situation floue. Pour s’éviter, pense-t-elle, le risque d’une amende salée – jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial -, elle laisse donc les utilisateurs français, allemands, ou encore italiens avec un iPhone moins “intelligent” qu’ailleurs.
Attention à ne pas se tromper : il s’agit d’une décision unilatérale d’Apple. Si débat il peut y avoir autour du risque de “surréglementation” européenne en matière de technologie, ces textes n’ont pas empêché Google ou encore Samsung de lancer leurs propres smartphones dopés à l’intelligence artificielle. Derrière l’argumentaire d’Apple, se trouve du lobbying pur et dur afin d’infléchir des lois ébréchant son écosystème fermé.
Marché stratégique
La seule question à se poser est celle-ci : les utilisateurs sont-ils lésés ? En réalité, pas vraiment. Comme indiqué, des alternatives existent chez la concurrence pour les plus pressés. Sur l’iPhone, y compris sur de vieux modèles, il est déjà possible d’accéder à différentes applications – comme ChatGPT, la référence dans le domaine – et à des navigateurs proposant des services de traduction, de retouche ou de création d’images nourries à l’IA générative.
Certes, rien d’aussi fluide et novateur que ce que promet Apple dans ses vidéos de présentation. Mais tout cela n’est pas encore parfaitement au point. La marque à la pomme en a conscience. Sinon, pourquoi aurait-elle prudemment étalé le lancement de ses différentes fonctionnalités sur l’année à venir ? La firme de Cupertino n’entrevoit pas le début d’un “super-cycle” de ventes avant l’iPhone 17, relate Bloomberg.
Les Européens sont peut-être gagnants dans l’histoire. Dans l’IA, les progrès se font chaque semaine. Ils accéderont donc à un produit plus mature, plus sophistiqué une fois qu’Apple se décidera. Ce qui semble inévitable, à court terme. Un téléphone sur quatre dans l’UE est un iPhone. Un constructeur qui ferait une croix sur cet énorme marché se tirerait une balle dans le pied.
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