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Vers une scission de Google ? Ces changements “structurels” que recommande le gouvernement américain


Google va-t-il devoir se scinder en plusieurs entités ? Cette hypothèse radicale préoccupe Wall Street. C’est l’une des pistes que semble envisager le gouvernement américain qui enjoint le géant du numérique à modifier son modèle pour ouvrir son moteur de recherche à la concurrence. Dans un document d’une trentaine de pages transmis au juge fédéral de Washington Amit Mehta, mis en ligne par The Verge, le ministère de la Justice (DOJ) évoque de possibles changements “structurels”, un terme que beaucoup d’observateurs traduisent par une scission.

Le gouvernement américain suggère ainsi d’empêcher le géant technologique d’utiliser son navigateur Chrome, sa boutique d’application Google Play Store et son système d’exploitation mobile Android pour conférer un avantage à son moteur de recherche. “Depuis plus d’une décennie, Google contrôle les canaux de distribution les plus populaires”, indique le DOJ. “Il faut non seulement mettre fin au contrôle de la distribution de Google aujourd’hui, mais aussi veiller à ce que Google ne puisse pas contrôler la distribution de demain”, estime-t-il.

Le 5 août 2024, Amit Mehta avait reconnu Google coupable de pratiques anticoncurentielles dans la gestion et la promotion de son célèbre moteur de recherche. “Google est un monopole et il a agi de manière à maintenir ce monopole”, avait tranché ce juge à la suite d’un retentissant procès qui a opposé pendant plusieurs mois le gouvernement et l’entreprise. Ce procès avait notamment mis en avant les sommes mirobolantes versées par la filiale d’Alphabet pour s’assurer de l’installation par défaut de Google Search auprès de fabricants de smartphones et navigateurs Internet.

“Scinder Chrome et Android les détruirait”

A la suite de cette décision, des “remèdes”, c’est-à-dire des concessions, doivent être trouvés pour que cette situation de monopole soit bouleversée. Le document publié mardi n’est qu’une version préliminaire des recommandations qui seront adressées en novembre 2024. Mais la possibilité de démanteler Google ou d’exiger de profonds changements dans sa façon de faire des affaires marque un changement profond de la part des autorités de la concurrence du gouvernement américain qui ont largement laissé tranquilles les géants de la tech depuis leur échec à démanteler Microsoft. En 2000, un juge avait ordonné la dissolution de Microsoft pour avoir brisé illégalement la concurrence, mais cette décision avait été annulée sur appel un an plus tard.

“Scinder Chrome et Android les détruirait, eux et beaucoup d’autres choses”, a réagi Google, par l’intermédiaire de Lee-Anne Mulholland, en charge des affaires de régulation dans l’entreprise, dans une réponse publiée sur son blog. Une séparation forcée “changerait leur modèle économique, augmenterait le coût des appareils et saperait Android et Google Play dans leur compétition avec l’iPhone et l’App Store”, boutique d’applications d’Apple, poursuit Google, qui pesait, en septembre 2024, 90 % du marché mondial de la recherche en ligne et même 94 % pour les smartphones, selon le site StatCounter.

La question du partage des données

Parmi les autres pistes de réformes, la première mouture des recommandations du gouvernement au juge évoque l’obligation qui serait faite à Google de rendre accessibles les données et les modèles de programmation utilisés pour générer des résultats à travers son moteur de recherche.

Le DOJ envisage aussi de demander au magistrat d’interdire à Google d’utiliser ou de conserver des données qu’il refuse de partager avec des sociétés tierces. “Si Google était obligé de partager ses données, nous pourrions vivre sur une planète où de nombreux concurrents nous offriraient différentes façons d’accéder aux connaissances du monde. Nous pourrions avoir un moteur de recherche axé sur la vie privée, un sur les achats ou même un consacré à la circulation de contenus d’information de haute qualité”, indiquait en août dernier la journaliste d’investigation Julia Angwin, spécialiste de l’étude des algorithmes, dans le New York Times. Selon Google, un partage éventuel des données de recherche et des résultats avec d’autres acteurs d’internet “présenterait un risque pour la protection de vos données et votre sécurité”.

Un long combat judiciaire en perspective

Plus généralement, pour la société californienne, les recommandations du gouvernement américain “vont bien au-delà des questions juridiques abordées dans ce dossier”, estime Lee-Anne Mulholland. Google, qui fait face à une offensive juridique plus large pour des violations présumées des lois sur la concurrence, déploie des bataillons d’avocats pour faire valoir ses arguments et va probablement continuer à le faire encore longtemps. Le juge Amit Mehta a en effet fixé des audiences pour les demandes de recours en avril 2025 et a indiqué qu’il avait l’intention de rendre une décision d’ici août 2025.

Quelle que soit la décision finale du juge, Google devrait faire appel, ce qui pourrait prolonger le processus pendant des années et éventuellement aller jusqu’à la Cour suprême des États-Unis. Le ministère de la Justice va donc devoir patienter avant de pouvoir peut-être remporter sa plus grande victoire antitrust.




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