Le gouvernement de Michel Barnier a présenté jeudi 10 octobre, avec plusieurs jours de retard, la première version de son projet de loi de finance pour 2025. Une feuille de route qui doit permettre à l’Etat français, dont les finances sont déficitaires à hauteur de 6,1 % (deux fois plus que ce que prévoient les normes européennes), de réaliser 60,6 milliards d’euros d’économies l’année prochaine.
Si l’exécutif français se défend de toute cure d’austérité, la presse étrangère n’hésite pas à souligner l’ampleur des économies prévues par le gouvernement français. C’est le cas du New York Times, qui décrit “un programme d’austérité”, dont les contours actuels impliquent “de fortes réductions des dépenses et de lourds impôts ponctuels”, notamment pour les plus riches et les entreprises. Autant de mesures destinées à endiguer “l’un des pires déficits européens”, selon le quotidien new-yorkais.
“Un programme d’austérité”
Il s’agit aussi d’un budget “de rigueur” pour le quotidien suisse Le Temps, qui relève dans les mesures proposées par le gouvernement français de sévères coups de rabot sur les dépenses publiques (40 milliards d’euros d’économies). La feuille de route de Michel Barnier se distingue par “les énormes économies” qu’il demande aux collectivités locales (5 milliards d’euros) ainsi qu’à de nombreux ministères et opérateurs de l’État (21,5 milliards d’euros), note le journal suisse.
“La France scrute son gouffre budgétaire abyssal”, titre même The Economist. Pour le magazine britannique, les économiques budgétaires “douloureuses” proposées par Michel Barnier devraient être d’autant plus difficiles à mettre en œuvre que le “gouvernement minoritaire” qu’il dirige “ne tient qu’à un fil”. Les débats autour de ce budget pourraient donc être “les plus compliqués de ces dernières années”, selon le quotidien espagnolEl Pais, qui enfonce le clou et décrit un projet de loi “agressif et austère”.
Une Assemblée divisée
Loin de faire l’unanimité au sein d’une Assemblée nationale morcelée, cette première mouture de budget présentée par Michel Barnier suscite des critiques de tous les camps politiques. Devant cette météo orageuse, Le Temps entrevoit de nombreuses “batailles idéologiques sur l’ampleur des coupes et des taxations envisagées”, dans les prochaines semaines.
Si les critiques viennent principalement de l’extrême droite de Marine Le Pen et de la gauche du Nouveau Front Populaire, le quotidien El Pais anticipe également des difficultés à venir du côté du camp macroniste lui-même, susceptibles d’isoler le président de la République : “Le contenu du nouveau budget lui attirera sans doute l’ire de certains de ses partenaires, y compris parmi les macronistes”, prophétise-t-il.
Cette absence de soutien à l’Assemblée nationale pourrait achever de convaincre le Premier ministre Michel Barnier de faire adopter son budget par un passage en force. Pour ce faire, il pourrait utiliser “le fameux article 49.3 de la Constitution, auquel Emmanuel Macron s’est habitué ces derniers temps”, théorise encore El Pais. Même constat du côté du Temps, qui prédit que ce nouveau budget pourrait très rapidement “enflammer” l’Assemblée nationale dans les semaines à venir et donc se terminer par une adoption… au 49.3. “Problème, conclut le journal helvète. Ce passage en force impliquera un vote de confiance qui pourrait marquer la fin du gouvernement Barnier…”
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