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“Elle ne représente qu’elle-même” : Marion Maréchal, la nièce qui agace le RN


“Parfois je me demande si Marion Maréchal ne prend pas ses rêves pour des réalités…”. Ce député du Rassemblement national peine à masquer un rictus moqueur lorsqu’il évoque la nièce de Marine Le Pen et sa dernière initiative politique. A savoir, le lancement d’un parti, annoncé lundi 7 octobre dans les colonnes du Figaro. Ou plutôt l’annexion du parti de Laurence Trochu, le Mouvement conservateur (émanation de Sens commun, né après La Manif pour Tous), rebaptisé Identité-Liberté, dont Marion Maréchal prend aujourd’hui la tête, et qu’elle envisage comme un mouvement allié du RN.

Un temps partie voir si l’herbe n’était pas plus verte du côté d’Eric Zemmour, la petite fille de Jean-Marie Le Pen, maltraitée par les amis de l’ancien journaliste du Figaro, est finalement rentrée au bercail au moment des élections législatives. Dépouillant, au passage, Reconquête de ses deux vice-présidents, Nicolas Bay et Guillaume Peltier, élus eurodéputés avec elle le 9 juin dernier, et qui ont aussi choisi de mettre les voiles. Il n’est de bonne compagnie qui ne se quitte. La crise d’adolescence loin du parti familial aura été de courte durée. Voici Marion Maréchal de nouveau vassalisée, qui assure aujourd’hui : “Marine Le Pen est la candidate légitime du camp national.”

“Elle crée juste une maison d’accueil pour héberger ses amis, et elle-même”

Côté frontistes, l’évaluation bénéfices-risques a été de courte durée : la mort politique d’Eric Zemmour valait bien quelques sacrifices. Le groupe RN a donc consenti à rouvrir la porte à d’anciens camarades, partis, à l’époque, dans les valises de Marion Maréchal. L’un d’entre eux, Thibault Monnier, a donc été élu député dans la 4e circonscription de la Drôme. Eddy Casterman et Anne Sicard, eux, ont été élus dans le Val-d’Oise et l’Aisne. Les trois parlementaires sont désormais apparentés au groupe frontiste et plusieurs proches de Marion Maréchal ont été embauchés comme assistants parlementaires. Il a tout de même fallu purger quelques éléments jugés radioactifs. Philippe Vardon, ancien cadre du Bloc identitaire et fidèle de Marion Maréchal, un temps employé à l’Assemblée nationale, a été sommé de quitter les lieux.

Un autre élément, stratégique cette fois, interpelle les frontistes. A quoi va servir ce nouveau parti ? “Je veux porter la voix d’une droite civilisationnelle qui soit à la fois anti-woke, anti-assistanat et anti-racket fiscal en rompant avec le ‘socialisme mental’ qui guide depuis trop longtemps les comptes publics, précise Marion Maréchal dans Le Figaro. Pour convaincre un maximum de Français, nous serons plus forts à trois qu’à deux. Et la Bretonne que je suis vous dit qu’un trimaran est plus rapide qu’un catamaran, surtout quand on a le vent de face !” Les députés marionnistes incarnent une tendance “conservatrice-catho-libérale”, qui a toujours eu une fâcheuse tendance à agacer la patronne, mais qui aurait trouvé sa place aux côtés d’Eric Ciotti. Ce dernier, toutefois, n’a pas voulu s’associer à eux, dont les profils étaient jugés “trop irritants”. Soit. “Mais pourquoi créer une nouvelle entité qui ne comporte aucune spécificité idéologique ?, se questionne un élu. Le trimaran est un peu déséquilibré. Elle crée juste une maison d’accueil pour héberger ses amis, et elle-même.”

“Le vrai risque, en revanche, c’est qu’on soit caricaturés pour des positions sociétales qui ne sont pas les nôtres”

Ces derniers d’ailleurs ont rapidement été mis au parfum : puisqu’ils sont aujourd’hui affiliés au RN, pas question pour eux de se soustraire à la discipline de groupe. Sur les retraites notamment. Terminé le temps où ils espéraient faire entendre une voix dissidente. A l’Assemblée, le marinisme, tu l’aimes ou tu le quittes. “Ils ont tenté de nous faire leur petit cinéma libéral sur les retraites, ils ont vite été remis en place”, se félicite un lieutenant de Marine Le Pen. Ils sont plusieurs, au sein du groupe, à s’interroger sur la plus-value de ces nouveaux venus. “Marion Maréchal, franchement…, fait mine de s’interroger un député. Je ne sais pas ce qu’elle nous apporte. Le vrai risque, en revanche, c’est qu’on soit caricaturés pour des positions sociétales qui ne sont pas les nôtres, ni celles de Marine Le Pen.”

Bref, à l’Assemblée, dans la famille Le Pen, ne demandez pas la nièce. Cette dernière n’a pas la côte, et les élus s’épanchent facilement sur le cas de cette alliée mal-aimée. “Je pense qu’elle n’est absolument pas lucide sur son poids politique, peste un élu. Elle bénéficie d’une indulgence absolue parce qu’elle fait partie de la famille. Mais si on fait le bilan de son parcours politique, c’est une succession d’échecs. Son ralliement à Zemmour n’a produit aucun effet, et aucune de ses initiatives politiques n’a fonctionné : elle ne représente qu’elle-même.” Et d’ajouter, l’œil inquiet : “Vous ne me citez pas, hein ?” Parce que le Rassemblement national a beau évoluer, forger de nouvelles alliances, il est une règle qui demeure inchangée : les histoires de famille doivent rester en famille.




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