Les deuxièmes listes des grands prix de l’automne étant tombées – l’Académie française, le dernier à la manœuvre, ayant concocté la sienne jeudi après-midi -, c’est l’occasion, pour nous, de faire un petit bilan des auteurs les plus plébiscités par les jurys littéraires et par le grand public. Ainsi, trois romanciers sont encore en lice pour trois des prix, soit Gaël Faye (Goncourt, Renaudot, Femina), Kamel Daoud (Goncourt, Renaudot, Interallié) et Miguel Bonnefoy (Académie française, Femina, Médicis). A noter qu’il s’agit là de trois romanciers francophones !
En termes de vente, Gaël Faye et Kamel Daoud se distinguent, et sont d’ailleurs (si l’on en croit les pronostiqueurs germanopratins) donnés favoris pour décrocher le Graal, c’est-à-dire le Goncourt (décerné le 4 novembre). Avec quelque 120 000 ventes, selon Edistat, Jacaranda (Grasset) du rappeur franco-rwandais fait largement la course en tête, tandis que Houris (Gallimard) du journaliste algérien Kamel Daoud compte quelque 55 000 exemplaires écoulés. Derrière eux, Le Rêve du jaguar (Rivages) de l’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy emmagasine environ 15 000 exemplaires. Un score tout à fait honorable en ces temps difficiles (pour la librairie).
Parmi les huit auteurs toujours présents sur au moins deux listes, on signalera de grands écarts. Avec, dans le haut du panier, Olivier Norek (Renaudot et Interallié), qui récolte quelque 64 000 exemplaires avec ses Guerriers de l’hiver (Michel Lafon), Abel Quentin (Académie française et Interallié), qui ne démérite pas avec les 18 000 exemplaires de Cabane (Éditions de l’Observatoire), Philippe Jaenada (Goncourt et Renaudot) dont La désinvolture est une bien belle chose (Mialet-Barrault) s’est vendu à 17 000 exemplaires ; à l’inverse, Abdellah Taïa (Goncourt et Médicis et 4 500 exemplaires pour Le Bastion des larmes chez Julliard), Julia Deck (Femina et Médicis et 3 500 pour Ann d’Angleterre au Seuil), Antoine Choplin (Renaudot et Femina et un petit 4 000 pour La Barque de Masao chez Buchet-Chastel), Hélène Gaudy (Goncourt et Femina et un petit 2 000 aux éditions de l’Olivier pour Archipels) sont relativement à la peine. Encore un petit effort, camarades lecteurs ! Enfin, au sein de la compagnie des auteurs sélectionnés une seule fois, on remarquera le très bon score de la Goncourable Maylis de Kerangal (près de 43 000 exemplaires pour Jour de ressac chez Verticales) ou encore celui de son alter ego Sandrine Collette (26 000 pour Madelaine avant l’aube chez Lattès).
Le triomphe de Han Kang
Mais il n’y a pas que les sélections qui font vivre. C’est ainsi qu’en cette rentrée 2024, sans “distinction” aucune, Amélie Nothomb emmagasine près de 80 000 exemplaires de son Impossible Retour (Albin Michel), Alice Zeniter peu ou prou 34 000 pour Frapper l’épopée (Flammarion), Olivier Guez 28 000 pour Mesopotamia (Grasset), Yasmina Khadra 26 000 pour Cœur-d’amande (Mialet-Barrault) et Jérôme Ferrari 20 000 pour Nord sentinelle (Actes Sud).
Enfin, saluons, et cela n’a rien à voir ou presque, notre nouveau prix Nobel de littérature, la Sud-Coréenne Han Kang, que nous avons eu la chance de rencontrer l’année dernière lors de sa venue à l’occasion de la sortie en France de son superbe roman, Impossibles adieux (Grasset). Les membres du jury ont souligné “la conscience unique des liens entre le corps et l’âme, les vivants et les morts” de la lauréate qui, par “son style poétique et expérimental, est devenue une innovatrice dans le domaine de la prose contemporaine”. Réjouissons-nous et saluons encore la dix-huitième femme à recevoir le prix Nobel sur 116 lauréats, et première sud-coréenne à en être honorée depuis 1901.
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