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Le prix Nobel de la paix attribué à des rescapés d’Hiroshima opposés à l’arme nucléaire


Le Nobel de la paix a récompensé ce vendredi 11 octobre l’organisation japonaise anti-armes atomiques Nihon Hidankyo, qui regroupe des survivants des bombardements nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki en 1945, à un moment où des pays comme la Russie menacent de briser ce tabou. Nihon Hidankyo “reçoit le prix de la paix pour ses efforts en faveur d’un monde sans armes nucléaires et pour avoir démontré, par des témoignages, que les armes nucléaires ne doivent plus jamais être utilisées”, a déclaré le président du comité Nobel norvégien, Jørgen Watne Frydnes.

En octroyant ce prix, le comité Nobel a mis en garde contre un affaiblissement du tabou de l’utilisation de l’arme nucléaire. “Aucune arme nucléaire n’a été utilisée dans une guerre depuis près de 80 ans”, a constaté le président du comité Nobel. “Il est donc alarmant de constater qu’aujourd’hui, ce tabou contre l’utilisation des armes nucléaires est soumis à des pressions”, a-t-il souligné.

“Maintenir le tabou nucléaire”

Les discours autour de la guerre en Ukraine ont récemment réveillé les inquiétudes sur une fragilisation de ce tabou, en particulier avec la menace du président russe Vladimir Poutine de revoir sa doctrine sur l’utilisation de l’arme suprême. “Le prix cette année est un prix qui met l’accent sur la nécessité de maintenir le tabou nucléaire. Et nous avons tous une responsabilité (pour le faire), en particulier les puissances nucléaires”, a ajouté le président du comité Nobel.

La planète s’apprête à commémorer l’an prochain le 80e anniversaire des deux premiers bombardements nucléaires de l’Histoire qui firent au total quelque 214.000 morts et précipitèrent la capitulation du Japon ainsi que la fin de la Seconde Guerre mondiale. Fondé en 1956, Nihon Hidankyo est un organisme qui représente les survivants irradiés de ces bombardements, dont les rangs s’amenuisent avec le temps. “Jamais je n’aurais imaginé que cela puisse arriver”, a réagi, les larmes aux yeux, le co-président du groupe, Toshiyuki Mimaki, auprès des journalistes au Japon. Le groupe a par ailleurs dressé un parallèle avec un dossier chaud de l’actualité en estimant que la situation à Gaza est “comme le Japon il y a 80 ans”.

“Le mal absolu”

Les bombes nucléaires sont “le mal absolu”, a réagi le maire d’Hiroshima, tandis que le Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, a jugé que ce prix Nobel était “extrêmement significatif”. “Le fait que le prix Nobel de la paix ait été décerné à cette organisation, qui a passé de nombreuses années à oeuvrer pour l’abolition des armes nucléaires, c’est extrêmement significatif”, a-t-il déclaré à la presse.

Dans le passé, le Nobel de la paix a déjà récompensé à plusieurs reprises des efforts visant à obtenir l’interdiction de ces armes de destruction massive. En 1975, c’est le dissident soviétique Andreï Sakharov qui avait été primé, en 1985 l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire, en 1995 Joseph Rotblat et le mouvement Pugwash, en 2005 l’Agence international de l’énergie atomique et son directeur Mohamed El-Baradei, et en 2017 la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN).

Le Nobel, qui consiste en un diplôme, une médaille d’or et un chèque de 11 millions de couronnes suédoises (environ 970.000 euros), sera formellement remis le 10 décembre à Oslo. L’an dernier, le Nobel de la paix était allé à la militante iranienne Narges Mohammadi, emprisonnée dans son pays, pour son combat contre le voile obligatoire pour les femmes et contre la peine de mort.




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