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“Toi le musulman tu ne dois pas aller chez le juif” : la fin du dialogue, par Abnousse Shalmani


L’image devient banale : des étudiants décérébrés qui arrachent rageusement des affiches comme on refuse la réalité. Hier, c’étaient les visages des otages israéliens, au nom de la cause palestinienne, au nom du décolonialisme, pour certains au nom d’un complotisme qui réfute l’existence d’otages ou même d’exactions, de meurtres, de viols, de massacres du 7 octobre – ne parlons même pas de pogroms, ils n’entendent pas – quand bien même les terroristes du Hamas les ont filmés et s’en sont largement vantés.

Aujourd’hui, c’est le visage de Philippine, étudiante de 20 ans, qui est arraché dans le même hall de Sciences Po, ce sont les mêmes manifestants qui perturbent des minutes de silence en sa mémoire. Au nom de quoi ? Au nom du catholicisme pratiquant de la jeune femme. Pour ne pas faire le jeu de la récupération de l’extrême droite. Parce que son assassin était d’origine étrangère. Ne pas faire le jeu de l’extrême droite revient dorénavant à nier la mort violente, à nier l’horreur d’un crime, revient à choisir ses morts, à calfeutrer son empathie dans un militantisme obtus. Chacun ses morts, chacun ses larmes.

Les commentaires, indignations, prises de position deviennent prévisibles, dis-moi où tu vis, où tu pries, où tu milites, où tu votes et je te murmurerai ton texte. Vous allez me rétorquer que cela a toujours été comme ça. Oui et non. Oui, les communistes qui niaient autant les ravages sanglants du stalinisme qu’ils répétaient en boucle “fascistes” à chaque contradiction en attaquant brutalement un authentique Victor Serge de retour critique d’URSS, avaient donné le ton.

Mais à la différence d’hier, la confrontation d’idées est impossible, le débat se meurt au coin d’une table où on se retrouve parce qu’on se ressemble. Parler à “l’ennemi” est déjà une trahison. En témoigne, Gilles Verdez qui, converti à l’Islam et chroniqueur chez Cyril Hanouna, fait cet aveu glaçant : “On m’a dit de ne plus venir vous voir, choisis ton camp, les attaques ont été très dures pour moi, le clivage est hyperviolent. Je leur dis que vous êtes mon ami […] arrêter de venir c’est céder à cette fracturation qui est réelle, les jeunes musulmans, ils sont beaucoup plus fermes que moi, c’est un camp ou l’autre.” Toi le musulman tu ne dois pas aller chez le juif. Voilà comment on réduit l’humanité à n’être plus qu’un tract parlant. Chacun sa foi, chacun son émission.

Netanyahou prend toute la place

Certainement que la rupture du réel la plus flagrante est celle qui déchire les analyses autour non plus du conflit israélo-palestinien, ni même israélo-Hamas, mais Israël tout court devenu le catalyseur de toutes les fautes passées de l’Occident et Benjamin Netanyahou le représentant unique de l’Etat hébreu, faisant fi d’une société civile aussi vivace que fracturée, d’une société démocratique qui doit se battre pour sa légitimité et à qui une partie du monde refuse le droit à la sécurité et à l’existence. Il devient impossible de parler de la réalité de la société israélienne tant la simple évocation d’Israël entraîne une suite dorénavant rodée : “apartheid”, “génocide”, “massacre”, “extrême droite”. Que les ennemis d’Israël soient les ennemis de l’Occident démocratique et libéral, qu’importe ! Netanyahou prend toute la place, cas unique où un gouvernement est volontairement confondu avec ces citoyens. Chacun son Israël, chacun sa haine.

Dans le paysage politique français, la trumpisation de la gauche est dorénavant un fait. Depuis le 8 juillet, le NFP répète, contre les chiffres, en dehors de la réalité vraie, qu’il est sorti victorieux des urnes, oubliant au passage le front républicain qui a favorisé son score, mais surtout refusant le jeu démocratique par de pathétiques : “déni de démocratie”, “vol de l’élection”, “illibéralisme assumé”. Un Premier ministre a été nommé, un gouvernement est aux commandes, mais la gauche agonise en refusant la réalité numérique de l’Assemblée nationale, en continuant de tourner en rond autour d’un os qui lui a pourtant échappé, faisant du pied au RN pour voter un énième vote de censure tout en dénonçant le gouvernement otage du RN. Chacun ses résultats électoraux, chacun son assemblée, chacun sa réalité.




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