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Israël, Russie, Otan… Quand Macron accumule les bourdes diplomatiques


Le pompier pyromane a encore frappé. Mardi 15 octobre, Emmanuel Macron a soufflé sur les braises du conflit au Moyen-Orient. “Benyamin Netanyahou ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU”, a fustigé le président de la République lors du Conseil des ministres, selon des propos rapportés par des participants, alors qu’était abordés les sujets de la guerre à Gaza et au Liban. Mais ce n’est pas tout. Le chef de l’Etat s’adresse également, de manière indirecte, au Premier ministre israélien : “Et par conséquent ce n’est pas le moment de s’affranchir des décisions de l’ONU.”

Si ces dires font suite aux tirs d’Israël contre des Casques bleus au Sud-Liban, ils ont provoqué une levée de boucliers au sein du groupe des députés Renaissance et de la communauté juive. “Une faute à la fois historique et politique”, a écrit Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) sur X. Même agacement en Israël. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que le président français boit la tasse sur la scène diplomatique.

Envoi de troupes en Ukraine : Emmanuel Macron désavoué par ses alliés

Le 26 février 2024, le président français estime que l’envoi de troupes au sol en Ukraine ne doit pas “être exclu” à l’avenir, tout en précisant qu’il n’y a “pas de consensus” à ce stade sur le sujet. Et le mot est faible puisque ses propos ne trouvent aucun soutien chez ses alliés. En effet, de nombreux pays européens affichent leur réticence, voire leur agacement à la suite de ce tollé diplomatique. Le lendemain, le chancelier allemand Olaf Scholz tente d’éteindre le feu en affirmant qu'”aucun soldat” ne sera envoyé en Ukraine par des pays d’Europe ou de l’Otan.

Même réaction aux Etats-Unis. “Le président Biden a été clair sur le fait que les Etats-Unis n’enverront pas de soldats combattre en Ukraine”, assure alors Adrienne Watson, porte-parole du conseil américain de Sécurité nationale. A noter qu’en mai 2024, Emmanuel Macron évoque à nouveau l’envoi de troupes “si les Russes percent les lignes de front”.

Macron sème le trouble parmi ses alliés avec des propos sur Taïwan

9 avril 2023. Le président français est sous le feu des critiques après avoir appelé l’Union européenne à ne pas être “suiviste” des Etats-Unis ou de la Chine sur la question de Taïwan. Dans une interview accordée au site américain Politico et au quotidien économique français Les Echos, Emmanuel Macron affirme qu’il ne faut pas “s’adapter au rythme américain et à une surréaction chinoise”. Pour bien comprendre, ses propos surviennent dans un contexte ultra-tendu avec Pékin qui réalise alors des manœuvres militaires d’ampleurs autour de l’île.

Alors que les Etats-Unis montrent les muscles face à leur adversaire chinois, le discours du président français apparaît contre-productif. “Ses commentaires inutiles vont saper la dissuasion américaine et japonaise contre la Chine dans le Pacifique occidental”, cingle le Wall Street Journal dans un éditorial. Par ailleurs, les alliés de la France – à commencer par l’Allemagne – jugent que l’Europe ne peut rester isolée sur un sujet aussi brûlant que celui de Taïwan.

Même son de cloche pour Jean-Pierre Cabestan, chercheur à l’Asia Centre de Paris qui avait affirmé dans L’Express : “Les Etats-Unis sont nos alliés, la Chine est l’adversaire numéro un de notre allié et notre principal protecteur. Comment échapper à la bipolarisation du monde ?”

Quand le président français appelle à ne pas humilier la Russie

En juin 2022, la guerre en Ukraine court depuis quatre mois. Et le président français est l’un des rares dirigeants internationaux à essayer d’entretenir un dialogue avec son homologue russe Vladimir Poutine. Mais le costume de médiateur d’Emmanuel Macron agace les pays d’Europe de l’Est, d’autant qu’ils ne voient pas les fruits des heures passées au téléphone avec le Kremlin. C’est dans ce contexte que le président français lance un pavé dans la mare, déclarant qu’il ne faut “”pas humilier la Russie pour que le jour où les combats cesseront, nous puissions bâtir un chemin de sortie par les voies diplomatiques”.

Sauf qu’en s’avançant sur des négociations post-conflit, le chef de l’Etat français donne l’impression que la victoire sera russe. De quoi choquer l’est de l’Europe, mais aussi ses alliés plus proches. La réponse côté ukrainien ne s’est pas fait attendre. “Les appels à éviter d’humilier la Russie ne peuvent qu’humilier la France ou tout autre pays”, fustige le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba dans un tweet. Une nouvelle bourde diplomatique qui résonne d’autant plus que le chef d’Etat français occupe la présidence tournante de l’Union européenne à l’époque.

Macron juge l’Otan en état de “mort cérébrale”

Le 8 novembre 2019, Emmanuel Macron juge l’Otan en état de “mort cérébrale” dans une interview à l’hebdomadaire The Economist. Concrètement, le chef de l’Etat déplore le manque de coordination entre les Etats-Unis et l’Europe et le comportement unilatéral de la Turquie, membre de l’Alliance atlantique, en Syrie. L’occasion pour la chancelière allemande, Angela Merkel, de prendre encore ses distances avec son homologue français. “L’Otan, l’Alliance atlantique, est le pilier central de notre défense”, défend-elle dans son podcast hebdomadaire consacré au 64e anniversaire de l’armée allemande, la Bundeswehr.

Alors que les Etats-Unis sont les plus gros contributeurs de l’organisation de défense, les déclarations d’Emmanuel Macron ne passent pas à la Maison-Blanche. Son locataire de l’époque, Donald Trump, qualifie le jugement français de “très insultant”, parlant d’un avis “très, très méchant à l’adresse de 28 pays”. De son côté, la Russie salue un diagnostic “sincère” et des “paroles en or”. Du petit-lait pour le Kremlin qui voit ses adversaires géopolitiques se diviser.




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