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Les inégalités de patrimoine se sont nettement creusées en vingt ans


En vingt ans, les inégalités de patrimoine se sont accrues, constate l’Insee, dans une étude publiée jeudi 17 octobre. Elle affirme qu’en 2021, l’essentiel (92 %) de la masse totale du patrimoine était détenu par la moitié des ménages. Et plusieurs éléments sont englobés : des biens immobiliers (à 62 %), financiers, professionnels (entreprises), durables (voitures, équipement de maison) ou d’autres objets de valeur… Les moins dotés (43 %) possèdent des livrets d’épargne, ceux ayant un niveau intermédiaire ont une résidence principale et les plus riches détiennent des actifs très diversifiés.

Alors comment expliquer que le fossé se creuse ? La hausse des prix de l’immobilier, en particulier au début des années 2000, a accentué l’écart entre les ménages riches en patrimoine et les autres. Entre 1998 et 2021, “alors que les prix de l’immobilier” ont été multipliés par 2,5, “le patrimoine brut moyen des 10 % des ménages les moins dotés a baissé en moyenne de 2 % par an, tandis que celui des 10 % des ménages les mieux dotés augmentait de 4 %”, a détaillé l’étude de l’Insee.

Autre conclusion de l’étude : le niveau moyen de patrimoine détenu varie fortement en fonction de l’âge. En 2021, l’Insee indique qu’il croît avec l’âge jusqu’à 50 ans environ, se stabilise, puis diminue au-delà de 75 ans pour les personnes vivant à leur domicile. Or, l’âge auquel le patrimoine atteint son maximum s’est allongé dans le temps, alors que le pic arrivait à 55 ans en 1998, puis vers 60 ans en 2010. Un décalage qui s’explique par l’allongement de l’espérance de vie et donc l’obtention d’héritages plus tardifs.

Et ce dernier paramètre est capital. En 2021, le patrimoine brut (avant déduction d’emprunts) moyen des ménages ayant hérité était presque deux fois plus important que celui de ceux n’ayant jamais reçu d’héritage (442 000 euros contre 238 000 euros), ajoute l’Insee dans sa publication triannuelle “revenus et patrimoine des ménages”. Au total, ce sont trois Français sur dix qui ont hérité au cours de leur vie.

Des inégalités de revenus

Par ailleurs, si un ménage veut acheter un bien immobilier ou élargir son patrimoine, il doit souvent avoir recours aux crédits. Or, en 2021, ils sont 10,1 % à ne pas avoir eu accès au crédit comme ils le souhaitaient sur les trois années précédentes. Les raisons de cet échec ? Demande de prêt refusé, montant accordé trop bas ou alors ils ont renoncé d’eux-mêmes, anticipant un futur refus. “Certains ménages peuvent avoir rencontré plusieurs de ces situations au cours des trois ans pour différentes demandes ou différents types de crédit”, précise l’Insee.

En ce qui concerne les revenus, “les inégalités ont fortement augmenté entre 2002 et 2021, du fait de la baisse des revenus les plus modestes et du dynamisme des hauts revenus”, indique le rapport. Néanmoins, après redistribution (prélèvement des impôts et ajouts des prestations sociales), elles sont “quasiment stables” sur la période, relève l’Insee.

Par ailleurs, l’Insee note un écart de revenus selon l’âge de la personne et son statut matrimonial. En 2021, les individus ayant déclaré des très bas revenus sont plus jeunes et moins souvent en couple. “Parmi ceux déclarant de très bas revenus, la part des 16-25 ans est plus importante que dans l’ensemble de la population. A l’inverse, celle des seniors âgés de 60 ans ou plus y est plus faible que dans l’ensemble de la population”, reprend l’Insee.

L’Institut livre aussi une estimation de la pauvreté élargie à l’ensemble de la population française. “Environ 11,2 millions d’habitants seraient en situation de pauvreté en France”, un chiffre supérieur à celui de la “pauvreté monétaire” (9,1 millions en 2022), publié chaque année, qui se concentre sur la population métropolitaine, a expliqué à l’AFP Anne Jaubertie, cheffe de la division Revenus des ménages. Parmi elles, “environ 2 millions” sont touchés par la “grande pauvreté” et cumulent de très faibles revenus avec “des privations matérielles et sociales”.

Des inégalités sur le territoire

Et, sans surprise, ces personnes ne sont pas réparties de façon homogène sur le territoire. Les familles à très bas revenus demeurent surreprésentées dans les départements d’outre-mer (où leur part dépasse 20 %) ainsi que dans les zones densément peuplées. A titre de comparaison, cette part est inférieure à 10 % dans la plupart des départements de France métropolitaine. Seuls certains territoires franciliens font exception, comme la Seine‐Saint‐Denis avec 18 %, ainsi que certains départements des Hauts‐de‐France, du Grand Est ou du pourtour méditerranéen.

Si les inégalités vont croissant, l’Hexagone reste loin derrière les Etats-Unis où elles s’avèrent 60 % plus importantes ou du Royaume-Uni et de l’Espagne où elles sont “25 % à 40 % plus élevées qu’en France”, d’après l’étude.




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