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Macron-Netanyahou : retour sur une semaine d’escalade verbale


Déjà enflammé, le ton est encore monté mardi 15 octobre entre le président français, Emmanuel Macron, et le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, avec un nouvel échange très ferme qui a porté cette fois sur le rôle des Nations unies dans la création de l’Etat d’Israël.

“Monsieur Netanyahou ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU”, a lancé Emmanuel Macron lors du Conseil des ministres, selon des propos rapportés par des participants. Une référence à la résolution 181 adoptée en novembre 1947 par l’Assemblée générale des Nations Unies, prévoyant le partage de la Palestine en un État juif et un État arabe.

Cette nouvelle déclaration marque un point culminant dans la lente désunion entre les deux chefs d’Etat, à la suite de plusieurs échanges houleux par médias interposés concernant l’action israélienne au Proche-Orient. Retour sur deux semaines de tensions diplomatiques.

Faute de trêves, une critique sur les livraisons des armes

Remontons aux origines de cette escalade verbale. Après les multiples appels de Paris à un cessez-le-feu à la fois à Gaza et au Liban, systématiquement refusés par Israël, la principale passe d’armes entre Emmanuel Macron et Benyamin Netanyahou s’est concentrée sur les livraisons d’armes à l’armée israélienne.

Le 5 octobre, le président français a ainsi appelé à “cesser de fournir les armes pour mener les combats à Gaza”, dans un message adressé essentiellement aux Etats-Unis, tout en affirmant que “la France n’en livre pas”. “Cesser les exportations d’armes” utilisées dans le territoire palestinien mais aussi au Liban est “l’unique levier” pour mettre fin à ces conflits, a-t-il renchéri le 11 octobre, tout en assurant qu’il ne s’agissait pas de “désarmer” Israël.

“Honte !”, s’est exclamé en réaction le Premier ministre israélien dans une vidéo publiée le 5 octobre. Dans celle-ci, Benyamin Netanyahou estimait que “tous les pays civilisés devraient se tenir fermement aux côtés d’Israël” qui “combat les forces de la barbarie dirigées par l’Iran”. Les deux hommes avaient fini par s’appeler, déjà, pour “assumer leurs différences”, selon un compte rendu qu’en avait fait l’Elysée, soulignant également “l’engagement indéfectible” de la France pour la sécurité d’Israël.

La défense française des Casques bleus au Liban

Le ton est ensuite monté d’un cran après que l’armée israélienne a blessé vendredi 11 et samedi 12 octobre cinq soldats des Casques bleus de la force de paix de l’ONU dans le sud du Liban (Finul). Cette force militaire de 10 000 hommes, comptant un contingent de 700 Français, a ensuite dénoncé dimanche des “violations choquantes” d’Israël contre ses positions, faisant état d’une entrée “en force” de deux chars dans l’une d’entre elles.

En écho aux nombreuses critiques de la communauté internationale, le ministère français des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur d’Israël en France, tandis qu’Emmanuel Macron a prévenu que la France ne tolérerait pas de nouveaux tirs et qu’elle continuerait de contribuer “à la pleine mise en œuvre de la mission de la Finul”.

Le lendemain, Benyamin Netanyahou a répondu à la controverse en appelant l’ONU à mettre les Casques bleus au Liban “à l’abri immédiatement”, après que l’armée israélienne a justifié ses tirs en affirmant que le mouvement pro-iranien Hezbollah utilisait “les installations et les positions de la Finul comme couverture afin de mener ses attaques” contre Israël.

La rupture entre l’ONU et Israël en cause

C’est cette nouvelle déclaration qui semble avoir provoqué le critique la plus récente d’Emmanuel Macron contre le gouvernement israélien. En effet, la résolution 1 701 du Conseil de sécurité des Nations unies affirme que seules l’armée libanaise et la Finul doivent être déployées dans le sud du Liban, en opposition aux invasions terrestres de l’armée israélienne dans cette région.

En réaction, Emmanuel Macron a déclaré mardi 15 octobre que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou ne devait pas “s’affranchir des décisions de l’ONU”, précisant que la création de l’Etat d’Israël avait elle-même été soutenue par une résolution des Nations unies en 1947.

Selon un compte-rendu de l’Elysée publié le lendemain, le président de la République s’est par la suite entretenu au téléphone avec Benyamin Netanyahou, échange lors duquel il a également condamné des “frappes indiscriminées israéliennes qui ne font qu’alourdir un bilan humain déjà insupportable, à Gaza comme au Liban”.

Une dégradation des relations qui fait réagir

Le chef du gouvernement israélien a visiblement été piqué au vif par ces déclarations et l’a fait savoir par une réponse tonitruante : “Un rappel au président de la France : ce n’est pas la résolution de l’ONU qui a établi l’Etat d’Israël, mais plutôt la victoire obtenue dans la guerre d’indépendance avec le sang de combattants héroïques, dont beaucoup étaient des survivants de l’Holocauste – notamment du régime de Vichy en France”, a jugé le chef du gouvernement israélien dans un communiqué.

Mais cette fois-ci, la critique d’Emmanuel Macron envers Benyamin Netanyahou a également fait réagir du côté des soutiens français de l’action d’Israël au Proche-Orient. Ainsi, le président du Sénat, Gérard Larcher (Les Républicains), s’est dit jeudi “stupéfait” des propos attribués à Emmanuel Macron sur la création d’Israël, dénonçant une “méconnaissance de l’Histoire”.

Le camp présidentiel s’est également divisé sur la question, selon deux déclarations à l’AFP : l’ancien président du groupe Ensemble pour la République Sylvain Maillard a fait part mercredi de “discussions un peu houleuses” entre “une dizaine” de députés sur une boucle de messagerie instantanée, tandis qu’une ancienne ministre a évoqué des élus qui “s’engueulent monstrueusement”.

S’il a préféré occuper la scène internationale depuis le début de sa cohabitation avec le gouvernement minoritaire de Michel Barnier, Emmanuel Macron se retrouve finalement pressé de revenir sur la scène nationale pour répondre aux critiques de la classe politique.




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