Ce jeudi 17 octobre s’ouvre à Bruxelles le deuxième Sommet européen depuis les élections du mois de juin dernier et déjà, la nouvelle donne politique européenne se fait sentir. La droite conservatrice et la droite radicale sont sorties renforcées du scrutin, tandis que les libéraux de Renew et les écologistes ont perdu du terrain. Résultat : le sujet de l’immigration s’invite déjà dans les discussions.
Les Vingt-Sept étaient pourtant parvenus à un accord le 14 mai dernier, après cinq ans d’âpres négociations sur le Pacte asile et migration. Celui-ci prévoit un mécanisme de solidarité entre pays européens, pour que la charge migratoire repose plus équitablement sur les pays membres, ainsi qu’une nouvelle procédure de filtrageaux frontières de l’Union, pour que les demandeurs d’asile qui ont peu de chances de voir leur demande aboutir soient déboutés plus rapidement.
Mais une partie des Etats membres voudrait aller plus loin, à commencer par l’Italie de Giorgia Meloni qui vient d’inaugurer un centre de rétention des migrants à Shëngjin en Albanie (donc en dehors des frontières de l’Union). L’accord controversé pourrait faire des émules, puisqu’il a déjà obtenu le soutien de Viktor Orban, le Premier ministre hongrois. Ursula Von der Leyen plaide elle aussi pour que les Etats-membres considèrent des “solutions innovantes” comme celle introduite par Rome.
En 2023, plus de 435 000 personnes déboutées du droit d’asile dans un des pays de l’Union européenne ont fait l’objet d’une obligation administrative de quitter le territoire, mais seulement 91 000 ont été éloignées. Parmi elles, environ un quart ont ainsi quitté la France ou de l’Allemagne. Pour de nombreux pays membres, la priorité est donc de pouvoir s’assurer que les obligations de quitter le territoire soient suivies d’effets. D’après l’Italie et la Hongrie, étudier les demandes d’asile en dehors du territoire national pourrait éviter cette situation.
Ces discussions interviennent dans un contexte de repli sur soi des pays européens. En septembre, l’Allemagne a annoncé qu’elle comptait intensifier ses contrôles aux frontières, au risque de ralentir la liberté de mouvement entre pays-membres. La Pologne et la Finlande, elles, aimeraient s’attaquer directement aux conditions d’octroi du droit d’asile – un droit pourtant consacré dans les traités internationaux. Elles espèrent ainsi ralentir les flux migratoires à leur frontières, instrumentalisés par la Russie et la Biélorussie depuis le début de la guerre en Ukraine.
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