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Vous croyez tout savoir sur Tintin ou Astérix ? Ces deux livres pourraient vous surprendre


Peu de chance qu’il y ait eu concertation. Mais le fait est là : les deux figures les plus emblématiques de la planète BD font l’objet d’un retour aux sources de façon quasi concomitante. Avec pour Tintin, la publication dûment étayée par le grand tintinologue Philippe Goddin des premières aventures du célèbre reporter belge imaginé par Hergé, Tintin au pays des Soviets, par les éditions Moulinsart et Prisma en librairies le 16 octobre mais aussi en kiosques – ce premier opus inaugurant la collection Les coulisses d’une œuvre qui sera composée de 23 volumes édités dans un ordre chronologique (soit Tintin au Congo, programmé le 4 décembre, Tintin en Amérique, etc.) Et pour Astérix, la sortie, le 23 octobre, par les éditions Albert René d’un superbe coffret bleu anniversaire d’Astérix le Gaulois, sorte d’artist’s edition à l’anglo-saxonne, comprenant, à gauche, l’intégralité du scénario tapuscrit (synopsis et découpage) de René Goscinny et, à droite, les 44 planches originales dessinées et encrées par Albert Uderzo.

Faudra-t-il choisir ? Pas sûr qu’il y ait de guerre franco-belge à l’horizon, les “astérixophiles” pouvant être aussi “tintinophiles” et inversement, même si Astérix serait, d’après un récent sondage, le héros de BD préféré de 49 % des Français versus les 42 % qui plébiscitent Tintin – les mangeurs de grenouilles (et de sangliers) ayant tendance à se reconnaître dans ces Gaulois “irréductibles, courageux, teigneux, têtus, ripailleurs, bagarreurs et rigolards”. Du côté des ventes, Astérix prendrait également l’avantage (difficile d’avoir des chiffres précis à ces niveaux stratosphériques) avec quelque 380 millions d’albums vendus dans le monde contre 240 millions pour Tintin… “C’est en 1966, comme l’atteste la Une du 19 septembre de L’Express, titrée ‘Le phénomène Astérix’, que les courbes de vente du petit Gaulois vont commencer à rattraper puis doubler celles de Tintin, signale le journaliste spécialiste de BD Jérôme Dupuis (et ancien de L’Express), ce qui a provoqué une légère irritation du côté de l’aîné, Hergé, vis-à-vis de ses confrères. Pourtant, malgré la rivalité, il y a beaucoup de respect entre ces hommes de deux générations différentes, Goscinny ayant même travaillé sur une ou deux adaptations de Tintin au cinéma.”

Mais revenons à “l’actualité”. C’est le 10 janvier 1929, à 21 ans, que Georges Remi, alias Hergé, publie les deux premières planches des aventures de Tintin et de Milou dans le supplément du journal Le Vingtième Siècle dirigé par l’ultraconservateur abbé Wallez, rappelle Goddin dans son album riche en croquis préliminaires, en esquisses inachevées et en évocations des travaux parallèles de cet infatigable travailleur. Envoyé par son journal à Moscou, le reporter à la houppe et au costume à carreaux est la cible d’un attentat à bord de l’express international, est arrêté par la police de Berlin, s’évade, s’empare d’une moto… “En une dizaine de planches […], le ton est donné : les aventures de Tintin seront animées, pleines d’humour, burlesques […] réalistes dans leur documentation, non réalistes dans leurs péripéties. Est-ce la clef du succès ?” se demande Goddin. Assurément. Et c’est ainsi que paraît, le 8 juin 1930, le premier album Tintin, taxé d’anticommunisme primaire (il a emprunté plusieurs épisodes au très antisoviétique Moscou sans voiles, de Joseph Douillet) et qui connaîtra un purgatoire de plus de quarante ans avant d’être considéré “prégorbatchévien”.

Pas de purgatoire pour Astérix le Gaulois, né trente ans après Tintin, en 1959. Goscinny et son ami Uderzo cherchent alors désespérément une idée de série pour un nouvel hebdomadaire, Pilote. Dans le HLM de Bobigny du dessinateur, les deux compères ont soudain une illumination : les Gaulois ! En deux heures, ils inventent Astérix, Obélix, le village, le menhir… A la sortie du premier numéro de Pilote, le 29 octobre 1959, on découvre les premières planches d’Astérix le Gaulois et, en 1961, l’album éponyme. C’est ce petit monde que l’on retrouve aujourd’hui dans l’élégant coffret bleu. Le synopsis puis le découpage, de la 1re à la 44e planche, sont impressionnants. Pas une rature ou presque sous les touches de la petite Royal Keystone de René Goscinny élaborant, de 8 à 10 heures, le combat d’Astérix et sa bande contre les soldats romains de Jules César. Quant aux dessins humoristiques d’Uderzo, tout en pleins et déliés, ils forcent l’admiration. Un Astérix que l’on peut aussi retrouver dans un livre de cuisine publié en soutien aux Restos du cœur, Astérix : les 40 banquets, ou encore… au musée Grévin et, en immersion, à l’Atelier des Lumières (38 rue Saint Maur, 75 011 Paris).

Tintin au pays des Soviets. Les coulisses d’une œuvre 1, par Philippe Goddin. Editions Moulinsart & Prisma, 112 p., 19,95 €.

Astérix le Gaulois. Coffret anniversaire 65 ans, par René Goscinny et Albert Uderzo. Editions Albert René, 208 p., 25 €. Tirage limité.




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