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“Marseille en grand” : la Cour des comptes étrille de plan de Macron


Le rapport a dû faire grincer des dents à l’Elysée. Ce lundi 21 octobre, la présidente de la chambre régionale des comptes Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Nathalie Gervais, a présenté le premier bilan réalisé par la Cour des comptes sur la mise en œuvre du plan “Marseille en grand”. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la juridiction financière n’a pas hésité à adopter un ton critique, montrant que “la réalité du caractère exceptionnel et global du plan mérite d’être nuancée”.

Un bilan plus que mitigé

“Conçu de manière précipitée” et “sans concertation préalable avec les acteurs”, le plan présente “un défaut de cohérence d’ensemble” et un “suivi indigent […] qui n’est pas à la hauteur des enjeux”. Tels sont les mots choisis par la Cour des comptes pour définir “Marseille en grand”, regrettant le “défaut de cohérence” et les “insuffisances intrinsèques” qui “pèsent sur sa mise en œuvre”. Les auteurs du rapport ne s’arrêtent pas là et pointent également l’absence de “calendrier d’ensemble” ainsi que le “caractère insuffisant de la gouvernance et des moyens de pilotage” entre l’Etat, la ville de Marseille du divers gauche Benoît Payan et la métropole dirigée par la divers droite Martine Vassal. Résultat : le plan avance très lentement. Fin 2023, seulement 1,31 % des 5 milliards d’euros annoncés avaient été décaissés par l’Etat.

Dans leurs réponses à la Cour, Etat, mairie et métropole se renvoient la balle, les services du Premier ministre soulignant une “absence de consensus entre acteurs locaux” et l’incapacité “des collectivités locales à adhérer à l’ambition du plan”. Emmanuel Macron avait lui-même déjà regretté les “chicanas locaux”. Pour y remédier, les Sages préconisent ainsi de définir “un cadre contractuel” assorti d’un calendrier et d’un dispositif d’évaluation, et de “formaliser des modalités de gouvernance” en associant “les différents acteurs au sein d’une même instance”.

Une “chance pour les Marseillais” ?

Trois ans après son lancement en grande pompe par Emmanuel Macron, “Marseille en grand” ne semble pas produire l’effet escompté. Pourtant, le plan partait d’une bonne intention. En mars 2021, deux mois seulement après avoir été élu maire de la ville, Benoît Payan se rend à l’Elysée. Dans ses bagages, l’ambition d’obtenir le soutien de l’Etat pour rénover les écoles de la cité phocéenne. Quelques mois après, en septembre 2021, le président de la République annonce un projet d’une plus grande envergure : “Marseille en grand”. L’objectif est clairement annoncé par l’Elysée : “faire de Marseille un laboratoire de nouvelles politiques publiques menées sur sept priorités : sécurité, social, sanitaire, éducation, emploi, culture et transports pour changer la vie des Marseillais”. Pour y parvenir, l’Etat souhaite rénover les écoles insalubres, développer les transports en commun, réduire la fracture géographique et sociale entre les quartiers nord et sud et renforcer les effectifs de police. Un plan qui se voulait “exceptionnel” par son montant et son contenu.

Mais aujourd’hui, côté transport, les 15 projets prévus par le plan “ne répondent que partiellement à l’objectif affiché de l’Etat de désenclaver les quartiers nord”. Sur le logement, “le plan ne prévoit aucune action relative au renforcement de la mixité sociale et de lutte contre la ségrégation résidentielle, ni sur l’enjeu de production de logements, notamment sociaux”. Quant à l’emploi, les mesures se limitent à l'”entrepreneuriat des jeunes des quartiers défavorisés” en délaissant “la diversité des publics concernés par les difficultés d’accès à l’emploi”.

Malgré le bilan décevant, Nathalie Gervais a tenu à rappeler la maigre liste de points positifs, à savoir “les premières livraisons d’écoles” neuves ou rénovées, qui constituent “une chance pour les Marseillais”. En revanche, “aucune mesure spécifique visant à améliorer le climat scolaire, renforcer la santé des élèves ou accroître la mixité sociale” n’a été relevée.

Et la situation ne devrait pas aller en s’améliorant alors que le gouvernement prévoit d’importantes coupes budgétaires pour faire face au déficit public. Dans le rapport rédigé avant le changement de gouvernement, la Cour des comptes soulignait déjà que, faute de “formalisation” du plan, “certains de ses financements n’ont fait l’objet d’aucun engagement juridique et ne sont donc pas garantis”.




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