Une chemise noire. Un ton solennel. Face caméra, l’ancien PDG de SodaStream, Daniel Birnbaum, s’adresse aux internautes. “Quiconque de Gaza livre un otage israélien vivant recevra 100 000 dollars”, affirme-t-il dans une vidéo publiée sur X le samedi 19 octobre. Avant d’ajouter : “Il est temps pour vous de prendre le contrôle de votre vie et de construire un avenir pour vous-même, pour votre famille et pour votre communauté. Faites-le aujourd’hui.”

Si l’homme d’affaires insiste tant sur la temporalité, c’est que l’offre présentée est valable uniquement jusqu’au mercredi 23 octobre. Minuit pile. Jusqu’à cette date, les Gazaouis en mesure de libérer des otages israéliens sont invités à joindre le principal intéressé sur Telegram ou WhatsApp. Et ce, “en toute confidentialité”.

10 millions de dollars promis

“Depuis plus d’un an, je me demande ce que je peux faire pour ces familles, pour les otages […], alors j’ai décidé de chercher moi-même les détenteurs d’otages et de leur faire une offre qu’ils ne peuvent pas refuser. […] On verra si ça marche. De toute façon, tout ce qu’on a tenté jusqu’ici n’a pas marché”, a expliqué l’entrepreneur sur N12, la chaîne publique la plus regardée en Israël. En tout, près de dix millions de dollars ont été promis aux habitants de Gaza en échange de la libération de dizaines de personnes retenues dans le territoire palestinien.

Avec une offre aussi alléchante, nombreux sont les opportunistes. Dans les 12 heures suivant le message vidéo, Daniel Birnbaum affirmait avoir été contacté plus de 50 fois. Deux jours plus tard, l’ancien PDG de SodaStream confiait à l’AFP avoir dépassé la centaine de messages. Parmi eux : des menaces, de la diffamation, du contenu pornographique, des donateurs souhaitant compléter les récompenses financières. Mais aussi, “10 à 20 appels pouvant être légitimes”, faisant désormais l’objet d’une enquête.

Un succès vecteur de nouvelles initiatives. Dimanche, le promoteur immobilier David Hager s’est joint à la cause en proposant une autre récompense. Avec plus de 400 000 dollars collectés grâce à des amis, l’Israélo-américain a affirmé sa volonté d’atteindre la somme de 10 millions de dollars, appelant d’autres hommes d’affaires à participer. “Il y a ici des gens de la tech qui gagne gros et pour eux ce n’est rien. J’espère ramener une centaine d’otages à la maison […] même si on sait qu’un grand nombre d’entre eux sont morts”, a-t-il justifié sur la chaîne N12.

“Israël ne tiendra pas ses promesses”

Depuis l’élimination du chef du Hamas Yahya Sinwar le 16 octobre dernier, les médias israéliens redoutent que le mouvement islamiste ne se venge en assassinant des otages. Raison pour laquelle jeudi 17 octobre, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a promis la vie sauve aux Palestiniens qui déposeraient les armes et libéreraient les otages. Mais pour Muhammad Al-Najjar, qui a fui le nord de la bande de Gaza pour le sud, la proposition israélienne est vouée à l’échec. “On se fiche des messages que l’ennemi nous envoie. [Israël] ne tiendra pas ses promesses”, a-t-il assuré à l’AFP.

Une affirmation que soutient Michael Milshtein, expert du Centre Moshe Dayan à l’Université de Tel-Aviv, interrogé par l’agence de presse. Pour lui, seule une récompense financière a des chances d’aboutir. “Il pourrait y avoir un, deux ou trois cas, mais on ne va pas voir les routes remplies de gens se disant prêts à accepter cette offre. Elle existe depuis le premier jour de la guerre”, a-t-il déclaré.

Le 7 octobre 2023, l’attaque du Hamas en Israël avait engendré la mort de 1 206 personnes selon un décompte de l’AFP basé sur les données officielles israéliennes, et 251 otages avaient été enlevés. En novembre 2023, une centaine d’entre eux avait été libérée en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Depuis, 97 otages attendent toujours de connaître le même destin. À l’heure actuelle, un espoir demeure : la récompense financière. “Je ne m’attends pas à faire revenir tout le monde [mais] je serais heureux si on récupère ne serait-ce qu’un otage”, a conclu l’ancien PDG de SodaStream.