Fatigue intense, forte fièvre, douleurs musculaires pour les symptômes les plus légers. Hémorragies, chute de la pression artérielle entraînant le décès pour la forme la plus grave. En 2024, près de 12,5 millions de personnes ont contracté le virus de la dengue, une maladie transmise par les moustiques de type Aedes. Un nombre record, venant détrôner 2023, où 6,5 millions de cas avaient été signalés dans le monde. “La propagation rapide observée ces dernières années est une tendance alarmante”, a déclaré le Docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Une énième conséquence du réchauffement climatique
Si la dengue sévissait initialement dans les zones tropicales et subtropicales du monde, les années 2000 ont changé la donne. Entre 2000 et 2019, le nombre de personnes infectées à l’échelle mondiale est passé de 500 000 à 5,2 millions. Et en 2010, l’Europe recensait ses deux premiers cas autochtones. Due à la globalisation de l’économie, à l’urbanisation et au réchauffement climatique, la dengue a pu atteindre de nouvelles zones géographiques au fil des années. Selon la professeure Sophie Yacoub, responsable du groupe de recherche sur la dengue à l’Université d’Oxford, interrogée par The Guardian, ces facteurs “sont à l’origine de la transmission en Europe, en Chine ainsi que dans tous les Etats du sud de l’Amérique”.
D’autant plus que le réchauffement de la Terre est loin de déplaire aux moustiques. Parmi les espèces pouvant transmettre la dengue se trouve l’Aedes Aegypti et l’Aedes Albopictus, plus communément appelé moustique-tigre. Un insecte apte à survivre lors de vagues de chaleur, et dont le cycle reproductif est accéléré lors de ces hausses de températures.
Mais au-delà d’aider ces moustiques à poursuivre leur lignée, le changement climatique peut également provoquer des phénomènes météorologiques extrêmes, tels que des inondations, propices à la création de nouveaux lieux de reproduction. Puisque en plus de parfaitement s’adapter aux milieux urbains, le moustique-tigre ne nécessite qu’une infime quantité d’eau stagnante pour se reproduire. S’en suit alors un cercle vicieux. Lorsqu’un moustique pique une personne infectée par le virus, celui-ci pénètre dans l’insecte, se trouvant à son tour infecté. La prochaine personne piquée par le moustique verra alors le virus pénétrer dans sa circulation sanguine et provoquer une infection.
Un lien avec l’obésité et le diabète ?
Selon les scientifiques, les taux d’obésité et autres problèmes de santés chroniques rendraient également la population plus vénérable. Il existerait entre autres des facteurs de risque similaires au Covid-19. “Comme la dengue touche de nombreux pays où l’obésité et le diabète sont également en augmentation, ces deux épidémies sont en quelque sorte en train de se télescoper. Au Vietnam, nous observons un fort taux d’obésité chez nos adolescents, et ce sont eux qui viennent à l’hôpital”, explique Sophie Yacoub.
Autre facteur d’aggravation : la présence des quatre sérotypes de la dengue. L’augmentation du nombre de cas au Brésil s’expliquerait en partie par le fait que les quatre sérotypes, les “versions” du virus, semblent circuler simultanément pour la première fois. En fait, chaque sérotype interagit différemment avec les anticorps présents dans l’organisme. Ainsi, les personnes infectées développent une immunité contre le sérotype auquel elles sont confrontées pour la première fois. Mais lors d’une seconde infection avec un sérotype différent, l’organisme peut produire des anticorps dirigés contre le premier sérotype rencontré. Or, ceux-ci se lieront aux particules mais ne parviendront pas à les neutraliser. À la place, une réponse immunitaire extrême sera créée, pouvant aboutir à la dégradation d’un organe.
Si pour l’heure aucun traitement n’existe pour la dengue, les scientifiques travaillent activement sur la question. En attendant, certains optent pour des remèdes traditionnels tels que le thé à la papaye, malgré l’absence de preuves tangibles quant à sa véritable efficacité.
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