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“Muslim d’apparence”, Andy Kerbrat et Nicolas Bedos : l’enveloppe tue l’être, par Abnousse Shalmani


Muslim d’apparence.*” Que cette infamie soit apparue sous la plume d’un “chercheur” régulièrement invité sur les radios et télévisions publiques dépasse la simple polémique. “Muslim d’apparence”, c’est dire et assumer que celui qui naît muslim doit souscrire à une série d’idées, de revendications, de manières de vivre qui correspondent à ce qu’est censé être un muslim.Muslim d’apparence”, c’est la version arabe du “bounty”, noir à l’extérieur, blanc à l’intérieur – en même temps, on ne sait plus trop, puisqu’il circule dans la boue des réseaux sociaux que je serais une bounty, tout comme Sophia Aram et Rachel Khan.

Mais qui définit l’être, le comportement, les idées du muslim ou du bounty ? Est-ce qu’il suffit de pleurer les victimes des pogroms du 7 octobre et refuser de considérer le Hamas comme un groupe de résistance pour sortir de sa “musulmanie” ? Est-ce qu’il suffit de refuser le communautarisme, un racisme institutionnalisé qui refuse le partage au nom de l’ethnie cadenassée dans l’entre-soi, pour être un traître à la musulmanie ? La musulmanie est une enveloppe qui réduit à ce qui paraît.

L’enveloppe est autant une excuse qu’une cause aggravante.

Force est de constater à quel point aujourd’hui tout se réduit à l’enveloppe. Enveloppe qui résume drastiquement l’identité, tue l’individu, réduit l’homme a ce qu’il paraît et seulement ce qu’il paraît. L’enveloppe, c’est ce qui est visible en premier et qui doit être dépassé pour faire lien, pour faire débat. L’enveloppe, c’est la couleur, la religion, le sexe, l’origine sociale et géographique. L’enveloppe, c’est ce qui bloque, ce qui coince, et si on ne la dépasse pas, si le citoyen n’apparaît pas pour briser l’impossibilité de partage, de commun, nous resterons tous murés dans notre peau, et notre peau racontera une seule histoire, sans surprise, sans aventure, sans choix.

L’enveloppe est autant une excuse qu’une cause aggravante. Andy Kerbrat, député Insoumis mais député de la République quand même, achète de la drogue récréative à un mineur. Il n’achète pas n’importe quelle drogue, il achète une drogue festive, de la cocaïne de pauvre. Alors que pas un jour ne passe sans qu’on découvre l’étendue du désastre meurtrier du narcotrafic en Europe et l’extrême jeunesse comme la violence des embrigadés des gangs, Andy Kerbrat est tout excusé par ses camarades à gauche de l’Hémicycle. Oui, l’addiction est une grave maladie, mais la légèreté avec laquelle le député Insoumis a été consolé, renvoyé à une bêtise de sale gosse qui ne savait pas ce qu’il faisait quand il faisait la fête raconte combien l’enveloppe Insoumis suffit pour ne pas avoir à creuser la responsabilité du citoyen et du représentant de la nation qu’il est, combien son enveloppe à lui le protège.

Les frontières de l’enveloppe sont la promesse de l’injustice

En revanche, l’enveloppe de Nicolas Bedos l’a condamné à un an de prison, dont six mois ferme, assortie de l’exécution provisoire. C’est-à-dire que sa peine va être exécutée avant que la cour d’appel ne soit saisie. Son avocate, Me Julia Minkowski, est sidérée. Elle considère que les juges ont “confondu le droit et la morale”. Les juges donnent l’impression d’avoir condamné sa personnalité, son arrogance, sans tenir compte des preuves, pour faire un exemple de l’homme de théâtre et de cinéma, “fils de” gâté par la vie, qui doit être puni parce qu’il est. Son problème d’addiction à l’alcool, avoué, n’a pas penché dans la balance aveugle de la justice. Coupable parce que lui. Peine démesurée pour d’une part “une main droite au niveau du sexe (de la plaignante), par-dessus son jean dans une boîte de nuit” et d’autre part “un baiser dans le cou” alors que Nicolas Bedos était ivre. Que ces faits soient répréhensibles, que nul n’a de droit sur le corps d’un autre est une évidence. Mais en faire l’alpha et l’oméga de l’agression sexuelle devrait indigner toutes les victimes de viol et tous ceux qui se battent pour faire condamner des prédateurs sexuels.

Les frontières de l’enveloppe sont la promesse de l’injustice, d’un monde factice où condamnation et pardon ne tiennent qu’au paraître, pour contenter, pour plaire, pour flatter. “La vérité ne fait pas tant de bien dans le monde que ses apparences y font du mal”, écrivait La Rochefoucauld. Nous sommes entrés dans la terrible ère des apparences.

* [NDLR : Cette expression a été utilisée par le géopolitologue Pascal Boniface qui se demandait, dans un tweet, si le maire PS de Saint-Ouen, Karim Bouamrane, était “instrumentalisé façon muslim d’apparence, qui ne critique pas Netanyahou et donc bénéficie d’une grosse promotion médiatique.”]




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