Leur présence rassure le camp républicain et préoccupe les démocrates. Le 5 novembre prochain, des dizaines de milliers d’observateurs seront envoyées par le parti de Donald Trump dans les bureaux de vote américains pour “protéger l’élection”. Une sollicitation qui, selon l’agence de presse britannique Reuters, inquiète les responsables électoraux et défenseurs des droits des électeurs. En outre, certains observateurs pourraient bien être tentés de perturber et saper la confiance dans l’élection. Pire, d’inverser le résultat de la présidentielle en cas de victoire de la candidate démocrate, Kamala Harris.
Miser sur l’agressivité
“Soyez agressifs. Plus vous [le] serez dans l’observation et le compte rendu, meilleure sera la qualité de l’élection”. Voici la directive donnée par Jim Womack, président du parti républicain en Caroline du Nord, aux nombreux observateurs du 5 novembre prochain venus se former sur la plateforme de visioconférence Zoom. En arrière-plan de la vidéo : des photos de Donald Trump et un fusil AR-15. Une agressivité assumée et justifiée par le principal concerné lors d’une interview accordée à Reuters. “La grande majorité des opérations visant à influencer les élections, ou plutôt exploiter les failles de la loi et à commettre des fraudes, viennent de la gauche”, a affirmé Jim Womack, sans avancer de preuves.
Après ces séances de formation de deux heures, le Comité national républicain (RNC) s’est vanté d’avoir formé des dizaines de milliers de bénévoles chargés de surveiller les bureaux de vote. Et surtout, de leur avoir demandé d’appeler une ligne directe du RNC en cas d’irrégularité présumée. Les observateurs ne respectant pas cette consigne n’agiraient, selon le site du comité, pas dans le respect de la loi et seront donc démis de leurs fonctions.
Et par “ne pas agir dans le respect de la loi”, le RNC entend ne pas repérer les “illégaux”, également appelé les “non-citoyens”. Selon l’agence de presse britannique, le sujet du vote des “non-citoyens” a été abordé durant deux appels avec le North Carolina Election Integrity Team (NCEIT), une organisation aux liens étroits avec le parti républicain. Lors d’une session de juillet dernier, un observateur a demandé comment identifier un “illégal”, en suggérant qu’une personne qui n’est pas anglophone n’a certainement pas le droit de voter. Deux mois plus tôt, une participante déclarait qu’elle fabriquait des panneaux à disposer dans les bureaux de vote dans différentes langues, y compris en “africain”, indiquant que seuls les citoyens américains peuvent voter. Des interactions dont Jim Womack affirme ne pas se souvenir, poussant les défenseurs des droits des électeurs à craindre qu’une telle formation conduira à un ciblage des électeurs noirs ou latinos.
Combattre la fraude… par la fraude ?
Et si le camp républicain insiste tant sur les formations de ses observateurs, c’est que Donald Trump et nombre de ses partisans maintiennent que les élections de 2020 ont été “volées”. Pourtant, les responsables américains de la sécurité des élections soutiennent que celles de 2020 étaient “les plus sûres de l’histoire des Etats-Unis”. Selon une étude menée par l’Associated Press, moins de 475 cas de fraude électorale potentielle auraient été révélés dans les six Etats-clés contestés par le milliardaire.
En Caroline du Nord, 21 incidents concernant des observateurs, dont 12 cas d’intimidation d’électeurs, avaient été recensés lors des élections de mi-mandat en 2022. Lors des primaires, Jim Womack aurait lui-même suivi un agent qui transportait les urnes vers le bureau du conseil électoral. Une action qui n’a mené à aucune inculpation : “Je voulais m’assurer que les bulletins de vote étaient livrés en toute sécurité”, s’est-il défendu auprès de Reuters. Depuis, le comté de Lee en Caroline du Nord, craint de nouveaux débordements. Selon une étude réalisée en mai par le Brennan Center for Justice, 34 % des assesseurs et des responsables électoraux auraient vu un de leurs collègues démissionner, préoccupé pour sa sécurité.
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