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Présidentielle américaine : ces médias qui prennent parti… et ceux qui ne se mouillent pas


La campagne présidentielle aura connu de nombreux rebondissements. Le dernier en date est venu… de la rédaction du Washington Post, qui a déclaré ne soutenir aucun candidat lors du scrutin du 5 novembre, contrairement à son habitude. William Lewis, son directeur général, a fait savoir dans un billet en ligne que le prestigieux quotidien, célèbre pour avoir révélé le Watergate, s’abstiendrait également lors des scrutins futurs. Une décision qui a suscité de nombreuses réactions de lecteurs, pour la plupart indignées.

Dans les rangs du Washington Post, la pilule ne passe pas plus pour certains journalistes. La chroniqueuse Ruth Marcus considère qu’il s’agit d’un “mauvais choix arrivant au pire moment possible”, à onze jours du scrutin. “Je n’ai jamais été aussi déçue du journal que je le suis aujourd’hui, après l’erreur tragique qui a été commise de ne pas soutenir de candidat à l’élection présidentielle”, écrit-elle. L’annonce a également secoué le syndicat des journalistes, qui a accusé le propriétaire, Jeff Bezos, d’avoir bloqué un soutien à Kamala Harris.

Une source proche de la direction du journal a assuré que la décision avait été prise par le quotidien lui-même et qu’il était “faux” de l’imputer à son propriétaire. “Nous sommes conscients que cette décision donnera lieu à de nombreuses interprétations, qu’elle sera vue comme un soutien implicite à l’un des candidats, ou au rejet d’un autre, ou comme une fuite devant nos responsabilités”, écrit William Lewis, alors que les sondages placent la vice-présidente démocrate Kamala Harris et l’ancien président républicain Donald Trump au coude-à-coude.

Le Post aux démocrates : un soutien sans faille depuis 2008

L’étonnement est d’autant plus fort que le grand quotidien américain, propriété du fondateur d’Amazon depuis 2013, avait apporté son soutien aux candidats démocrates lors des élections présidentielles de 2008, 2012, 2016 et 2020. “Le Post a soutenu un candidat à la présidence à chaque élection depuis 1992, après n’avoir choisi aucun candidat lors de l’élection de 1988”, souligne le site américain Politico. Le directeur général a ainsi décrit la décision de vendredi comme un “retour aux sources”, en faisant valoir que le Washington Post s’était par exemple abstenu d’appeler à voter pour l’un ou l’autre candidat en 1960, avant l’élection remportée par John F. Kennedy.

Ce coup de théâtre intervient peu après le refus du propriétaire d’un autre grand quotidien américain, le Los Angeles Times, de valider la décision du comité éditorial du journal qui voulait apporter son soutien à Kamala Harris. “Tout comme Bezos, (le propriétaire depuis 2018) Soon-Shiong – dont la fortune est issue de l’industrie pharmaceutique, soumise à une forte régulation – a des raisons non journalistiques de s’inquiéter d’une guerre avec le gouvernement fédéral”, tance le site Politico, repris par Courrier International. Le milliardaire Soon-Shiong assurait, lui, sur X : “Avec ces informations claires et non partisanes, nos lecteurs pourraient décider qui serait digne d’être président pour les quatre prochaines années.”

Kamala Harris, seul “choix patriotique” pour le New York Times

Vendredi, le New York Post, tabloïd ultra-conservateur appartenant au magnat Rupert Murdoch, a pour sa part appelé à voter pour le candidat républicain. “Donald Trump est le bon choix”, assure le quotidien, en dressant la liste des priorités pour le futur président des Etats-Unis : “une frontière sûre”, “des villes sûres”, “une économie florissante pour tous fondée sur de faibles taxations et régulations”, l’autorité des parents et une Amérique “respectée sur la scène internationale”…

Le 30 septembre dernier, le comité de rédaction du prestigieuxNew York Times avait apporté son soutien à la vice-présidente démocrate, assurant que Kamala Harris était le seul “choix patriotique”, et ajoutant qu’il était “difficile d’imaginer un candidat plus indigne de la présidence des États-Unis que Donald Trump”. LeBoston Globe et le Philadelphia Inquirer, basé dans l’Etat très disputé de Pennsylvanie, ont fait de même. “Le choix est clair et évident. La vice-présidente Kamala Harris veut aider tous les Américains. Donald Trump veut s’aider lui-même. C’est pourquoi The Philadelphia Inquirer soutient Kamala Devi Harris comme 47e présidente des Etats-Unis”, a cité le comité de rédaction dans un article publié vendredi 25 octobre.

Ces annonces successives interviennent dans une campagne qui a vu les grands noms de la presse américaine perdre de leur influence auprès des électeurs comme des candidats eux-mêmes, dont l’attention se porte de plus en plus sur d’autres supports tels que les podcasts ou TikTok. Reste que l’absence du soutien d’un journal aussi réputé n’arrive pas au meilleur pour Kamala Harris, déjà en difficulté auprès des électorats hispaniques et afro-americain.




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