L’avionneur américain Boeing, plombé par des problèmes de production et par une grève majeure – prolongée en fin de semaine dernière et qui dure depuis mi-septembre – va lever 21 milliards de dollars en Bourse pour renflouer ses caisses, a-t-il indiqué ce mardi 29 octobre. Quelque 112,5 millions de nouvelles actions sont proposées par le constructeur, alors que ce dernier a récemment enregistré plus de 6 milliards de dollars de perte, son pire trimestre depuis quatre ans.
De manière générale depuis quelques années, la trésorerie de Boeing est au plus mal, plombée par les deux crashs de son nouveau moyen-courrier 737 MAX, en octobre 2018 et mars 2019 (346 morts au total) et par la pandémie de Covid-19. Mais Boeing a aussi enregistré des pertes à cause de retards de production de la nouvelle flotte d’Air Force One, l’avion présidentiel américain, dont le contrat avait été signé avec le gouvernement Trump.
Un contrat renégocié après des critiques de Trump
Tout remonte à 2016 : Donald Trump, tout juste élu président, avait critiqué le prix trop élevé, à ses yeux, du contrat initialement conclu entre Boeing et le gouvernement américain, à plus de 4 milliards de dollars, pour la construction d’un nouvel avion Air Force One. Après ces critiques et des mois de négociations, l’entreprise avait finalement conclu un nouvel accord avec le Pentagone, annoncé et décembre 2017 et signé en février 2018, pour un “contrat à prix fixe” de 3,9 milliards de dollars (3,7 milliards d’euros) pour deux Boeing 747-8.
Problème : la pandémie est passée par-là et Boeing s’est retrouvé en difficulté, avec le licenciement d’une partie du personnel et l’augmentation des coûts des fournisseurs. L’ancien PDG de l’entreprise, David Calhoun, avait ainsi estimé en avril 2022 que Boeing n’aurait sans doute pas dû accepter de rediscuter les termes du contrat, expliquant que Boeing avait, cette année-là, perdu 1,1 milliard de dollars (1 milliard d’euros) dans ce programme.
Plusieurs milliards de dollars de coût en plus
Il y a un an en octobre 2023, l’agence de presse Reuters annonçait 482 millions de dollars de nouvelles pertes pour la construction des deux avions. Au total, plus de 2 milliards de dollars ont donc été perdus dans ce programme, selon les calculs de la chaîne américaine CNN. Et même plus si l’on tient compte de l’inflation : comme le fait remarquer le média en ligne américain spécialisé Simple Flying, “depuis que Boeing a accepté l’offre de prix fixe en 2018, la valeur de 3,9 milliards de dollars est passée à 4,87 milliards de dollars aujourd’hui, soit une augmentation considérable de près de 25 %. La variation liée à l’inflation a entraîné une augmentation du coût des marchandises, du transport et de la main-d’œuvre.”
Les deux avions devaient initialement être livrés en 2024, mais ne devraient pas l’être avant 2026. Selon l’agence de presse américaine AP, Boeing a perdu plus de 25 milliards de dollars depuis début 2019.
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