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Qui est Naïm Qassem, le nouveau chef du Hezbollah ?


Après des décennies passées dans l’ombre, le vétéran du Hezbollah Naïm Qassem, 71 ans, prend ce mardi 29 octobre la tête du mouvement islamiste libanais. Il est l’un de ses fondateurs en 1982, lorsque le Hezbollah a été créé sous l’impulsion de l’Iran, dans la foulée de l’invasion israélienne du Liban.

Le parcours de cet homme à la barbe blanche et au crâne enserré par le turban blanc du clergé chiite est étroitement lié à celui d’Hassan Nasrallah, chef historique du mouvement, assassiné le 27 septembre lors d’une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth. Après des années à jouer le rôle d’adjoint, il se retrouve aujourd’hui propulsé en première ligne, au moment où qu’Israël multiplie les offensives dévastatrices et jure de neutraliser la formation islamiste chiite.

L’éternel numéro deux projeté au-devant de la scène

Au début des années 1990, alors que le Liban sort d’une période de guerre civile (1975-1990), Naïm Qassem devient secrétaire général adjoint du mouvement. Lorsque le chef du Hezbollah Abbas Moussaoui est assassiné dans un raid israélien en 1992, c’est Hassan Nasrallah qui prend les rênes du Hezbollah. Nasrallah et Qassem vont alors gérer côte à côte l’organisation armée, qui de décennie en décennie gagne en influence, jusqu’à devenir un acteur incontournable de la géopolitique au Moyen-Orient.

Alors que de nombreux hauts dirigeants de l’organisation ont été assassinés ces dernières semaines lors des bombardements israéliens sur Beyrouth, Naïm Qassem – également membre du Conseil de la Choura, organe dirigeant du Hezbollah – peut enfin prétendre à la succession de Nasrallah. La compétition a été largement réduite par ces bombardements israéliens : Hachem Safieddine par exemple, haute figure du mouvement un temps pressenti pour succéder à Nasrallah, a été tué début octobre.

Si Hassan Nasrallah n’était quasiment plus apparu en public depuis la dernière guerre avec Israël en 2006 et gardait secret son lieu de résidence, Naïm Qassem était jusqu’à récemment l’un des rares cadres du Hezbollah à s’afficher librement en public. Parlant français et anglais, né à Beyrouth dans une famille originaire de Kfar Fila, un village du sud du Liban, Naïm Qassem accordait régulièrement des entretiens aux médias avant la guerre. Outre ses fonctions protocolaires, il gérait aussi les questions politiques et les dossiers parlementaires et gouvernementaux, selon une source de l’AFP.

L’académique du Hezbollah

Depuis la récente escalade israélienne, Naïm Qassem n’était plus apparu en public. Il s’est contenté de prononcer trois allocutions préenregistrées et diffusées par la chaîne Al-Manar du Hezbollah, affirmant dans chacune d’elles que les partisans du Hezbollah étaient “les fils de Nasrallah”. Moins charismatique qu’Hassan Nasrallah, il favorise des discours au ton sobre, lus en arabe classique, contrairement à l’ancien chef du Hezbollah, qui s’exprimait face caméra, dans des diatribes enflammées en dialecte libanais, parfois ponctuées d’ironie mordante.

Marié et père de six enfants, ce diplômé de chimie de l’Université libanaise a enseigné dans des lycées publics durant six ans, selon sa biographie officielle. Né en 1953, il a publié de nombreux livres d’éducation religieuse ainsi que des essais sur la politique, toujours selon son site officiel. Il possède un réseau d’écoles principalement fréquentées par sa communauté, assistant chaque année aux cérémonies de remises de diplômes. Avant de fonder le Hezbollah, Naïm Qassem avait rallié les rangs de l’autre grand mouvement chiite, Amal.

Tandis que les frappes israéliennes pleuvaient implacablement sur les fiefs du Hezbollah, faisant des milliers de morts, il s’est adressé aux Israéliens à la mi-octobre. “La solution” qui permettrait le retour chez eux des habitants du nord d’Israël, déplacés par les tirs du Hezbollah depuis un an, était “un cessez-le-feu”, avait-il dit, menaçant, sinon, de frapper “partout” en Israël. Fin septembre, une semaine avant l’assassinat d’Hassan Nasrallah, il participait aux funérailles du “grand commandant” Ibrahim Aqil, autrefois à la tête de la force d’élite du Hezbollah. “Les menaces ne nous arrêteront pas : nous sommes prêts à tous les scénarios militaires” face à Israël, tonnait-il alors.




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