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Donald Trump – Kamala Harris : la guerre des sexes fait rage, par Eric Chol


La femme est l’avenir de l’homme, chantait Jean Ferrat. Les Américaines écriront-elles, le 5 novembre, une nouvelle page des Etats-Unis en faisant entrer à la Maison-Blanche la première femme présidente ? Au moment où les experts s’écharpent sur l’interprétation des sondages dans les Etats pivots, où les milieux d’affaires donnent l’avantage à Donald Trump, où les grandes stars du showbiz défilent en faveur de Kamala Harris, il y a une première leçon à tirer de cette campagne électorale hors norme : jamais, la guerre des sexes n’a été aussi rude, et peut-être aussi décisive.

Car le fameux “gender gap” s’est transformé en abîme, et cette fois, les femmes pourraient faire la différence. Leur mobilisation n’est pas nouvelle : en 2020, on comptait 82,2 millions d’électrices contre 72,2 millions d’électeurs. De même, la lecture des scrutins passés montre qu’elles soutiennent plus les candidats démocrates que républicains. En 2016, Hillary Clinton a recueilli 54 % de leurs bulletins, et Joe Bien 55 % en 2020.

Le sexisme affiché de Donald Trump

La nouveauté, en 2024, pourrait venir de l’amplification de ce vote féminin, motivé par d’innombrables facteurs parmi lesquels le sexisme affiché de Donald Trump et une sensibilisation accrue aux droits des femmes depuis l’émergence du mouvement #MeToo. Surtout, il s’agira du premier scrutin présidentiel depuis la décision en 2022 de la Cour suprême de renverser l’arrêt Roe vs Wade, ouvrant la voie à une remise en cause du droit à l’avortement. Autant d’alertes qui justifient le soutien le massif des femmes en faveur de Kamala Harris, avec un score de 53 % selon USA Today/Suffolk University contre 36 % pour Donald Trump…

Du côté des hommes, c’est l’inverse : Donald Trump recueillerait 53 % des votes masculins, contre seulement 37 % pour la candidate démocrate. Jamais l’écart n’a été aussi important, preuve des profondes divisions dans la société, avec, pour les unes, la peur de perdre des droits acquis depuis plus d’un demi-siècle et la conviction qu’il faut poursuivre le combat, et, dans une partie non négligeable de l’électorat masculin, le sentiment que les efforts pour promouvoir l’égalité des genres sont allés trop loin.

Ce fossé est encore plus palpable chez les jeunes générations. Surfant sur cette vague, Kamala Harris n’a cessé pendant la campagne de mettre en avant des icônes du féminisme, de Michelle Obama à la reine de la pop Beyoncé en passant par la chanteuse Lizzo. Et pour parfaire cette image, la vice-présidente s’est invitée au micro d’Alex Cooper, célèbre pour son podcast Call Her Daddy, afin de dénoncer les “interdictions d’avortement de Trump”. A l’inverse, Donald Trump passe trois heures au micro du podcast The Joe Rogan Experience pour parler de la vie sur Mars ou de MMA auprès d’un public largement masculin. Avant de faire son grand show au Madison Square Garden de New York, où il s’est affiché aux côtés d’Elon Musk, de Robert Francis Kennedy Jr., ou encore du catcheur Hulk Hogan, en répétant : “Kamala, tu es virée, va-t’en !”. Les électrices – mais aussi les électeurs – pourraient être tentées de lui rendre la monnaie de sa pièce.




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