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COP16 biodiversité, ce qu’il faut en retenir : financements, ressources génétiques…


La COP16 biodiversité s’est terminée, ce samedi 2 novembre, avec un goût amer. L’objectif était de rapprocher les pays riches et ceux en développement, dont les positions sur les questions financières sont à peu près immuables depuis l’ouverture du sommet le 21 octobre. Un bras de fer Nord-Sud reléguant au second plan la feuille de route mondiale pour stopper la destruction du vivant d’ici 2030. Et sur ce volet, la COP16 a échoué. Les négociations ont été suspendues au matin par la présidente colombienne du sommet des Nations unies, Susana Muhamad, quand elle a constaté avoir perdu le quorum des délégués, partis attraper leur avion après une nuit blanche en plénière.

La COP16, deux ans après l’accord de Kunming-Montréal, avait pour mission de rehausser les timides efforts du monde pour appliquer cette feuille de route destinée à sauver la planète et les êtres vivants de la déforestation, la surexploitation, le changement climatique et la pollution, tous causés par l’humanité. L’accord comprend 23 objectifs à réaliser d’ici 2030, comme placer 30 % des terres et des mers dans des aires protégées, réduire de moitié les risques des pesticides et l’introduction des espèces invasives, réduire les subventions néfastes à l’agriculture intensive ou aux énergies fossiles de 500 milliards de dollars par an…

L’accord prévoit aussi de porter à 200 milliards de dollars les dépenses annuelles mondiales pour la nature. Sur ce montant, les pays développés se sont engagés à dégager une aide annuelle de 30 milliards de dollars en 2030 – contre environ 15 milliards en 2022, selon l’OCDE. Mais la manière de mobiliser cet argent et de le distribuer a été le point de crispation principal du sommet.

Les pays riches, en particulier l’Union européenne (en l’absence des Etats-unis, non-signataires de la convention), jugent contre-productif la multiplication des fonds qui fragmentent l’aide sans apporter d’argent frais, à trouver selon eux du côté du privé et des pays émergents. “Le gouvernement colombien s’est beaucoup mobilisé […] le peuple colombien a tout donné, […] mais au final, cela dépend des parties et du processus de négociation”, a déclaré la présidente colombienne du sommet des Nations unies.

Elle se félicite en revanche d’avoir obtenu l’adoption de décisions dont elle avait fait sa priorité : un statut renforcé pour les peuples autochtones dans les COP biodiversité, un texte sur la reconnaissance des “afrodescendants”, et la mise en œuvre d’un fonds multilatéral.

Un fonds sur le partage des bénéfices tirés des ressources génétiques

En effet, les 196 nations de la COP16 biodiversité ont adopté la mise en œuvre d’un fonds multilatéral censé être abondé par les entreprises faisant des bénéfices grâce au génome numérisé de plantes ou d’animaux issus des pays en développement. Les pays espèrent que ce mécanisme financier, baptisé “Fonds Cali”, permettra de lever des milliards de dollars destinés à financer leurs engagements de protection de la nature.

Mais le montant qui sera réellement collecté, principalement via des contributions volontaires, reste incertain. Le partage équitable des bénéfices issus des “informations de séquençage numérique sur les ressources génétiques” (DSI en anglais) est un serpent de mer des COP sur la biodiversité. Ces données, issues souvent d’espèces présentes dans les pays pauvres, sont utilisées dans la fabrication de médicaments ou de cosmétiques, entre autres, qui peuvent rapporter des milliards. Mais peu de bénéfices tirés de ces données génétiques – téléchargées dans des bases de données en libre accès – reviennent aux communautés d’origine.

Le fonds devrait être abondé par les entreprises se servant des DSI et qui “devraient verser une proportion de leurs profits ou revenus au fonds mondial”. Celles d’une certaine taille devraient contribuer à des hauteurs indicatives de 1 % des bénéfices ou de 0,1 % des revenus, selon le document. Placé sous l’égide de l’ONU, le fonds répartira l’argent, moitié pour les pays, moitié pour les peuples autochtones.

Par ailleurs, huit gouvernements ont annoncé des promesses de contributions portant à quelque 400 millions de dollars la dotation du fonds mondial pour la biodiversité. L’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, la France, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et la province canadienne du Québec se sont engagés à abonder le Fonds-cadre mondial pour la biodiversité (GBFF, en anglais) pour un montant de 163 millions de dollars, selon un communiqué.




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