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“Le vrai vice-président” : entre Elon Musk et Donald Trump, récit d’une campagne poussée à l’extrême


L’un veut reprendre les commandes des Etats-Unis. L’autre souhaite conquérir l’espace. La bromance entre Donald Trump et Elon Musk semble écrite d’avance : tous les deux sont riches et peu connus pour leur humilité. Oublié le temps où le premier qualifiait l’entrepreneur d’”artiste de la connerie”, en 2022, ou quand le second se rangeait plutôt derrière le gouverneur Ron DeSantis. “Je soutiens totalement le président Trump et lui souhaite un prompt rétablissement”, déclare le milliardaire americano-sud-africain sur le réseau social X, dont il est le patron, dans un message en réaction à la tentative d’assassinat de l’ancien président des États-Unis en meeting à Butler (Pennsylvanie), le 13 juillet dernier.

Sur le plan idéologique, l’homme d’affaires et l’animal politique sont en phase. Celui qui a bâti sa réussite dans la très progressiste Californie, a glissé vers une idéologie ultra-conservatrice matinée de théories du complot. Il n’y a qu’à voir leur conversation partagée sur X le 12 août : ils évoquent leurs doctrines racistes, en comparant les immigrés clandestins à des “zombies” ou parlent de “coup d’Etat” contre le président américain Joe Biden. Derrière cet échange faussement décontracté, Elon Musk permet à l’ex-magnat de l’immobilier de recycler ses thèmes de campagne sur une plateforme dont il avait été banni après l’invasion du Capitole, le 6 janvier 2021. Quelques jours plus tard, le milliardaire New Yorkais lui renvoie la pareille. Auprès de Reuters, il se dit alors prêt à offrir un poste de ministre, ou bien un rôle de conseiller, “s’il le voulait”, au libertarien.

Elon Musk se donne corps et âme dans la campagne de son poulain de 78 ans.Dimanche 6 octobre, l’homme le plus riche du monde court sur scène rejoindre Donald Trump lors de son retour à Butler, en Pennsylvanie. Casquette noire vissée sur la tête, tee-shirt floqué “Occupy Mars” et poings en l’air, le trublion de la tech est tout en joie. Son soutien à l’ex-chef d’Etat est si extrême, intense, que le clan démocrate le surnomme “le vrai vice-président”. L’entrepreneur ne lâche pas son candidat : il était encore avec lui sur la scène du Madison Square, à New York, 27 octobre.

X, mégaphone de Donald Trump

Pendant que les deux milliardaires assurent le show, la propagande pro-Trump tourne à plein régime sur le réseau social X. Des centaines de “bots” prorusses répandent des fausses informations sur la candidate démocrate, Kamala Harris, alors que le patron de la plateforme avait promis de se débarrasser de ces comptes alimentés par des programmes informatiques, rapporte une étude de l’organisation American Sunlight Project (ASP). Au total, grâce à leur profil et l’activité – plus de 100 millions de posts entre leur création et juillet 2024 -, plus de 1 200 comptes ont été associés à des “bots”.

Petit à petit, le réseau social X change de visage et devient le mégaphone de Donald Trump. Des rapports du Wall Street Journal et du Washington Post révèlent que la plateforme met de plus en plus en avant les messages liés aux élections. Récemment, c’est la page Progress 2028, très active sur Facebook, qui a fait parler d’elle. Depuis plus d’un mois, elle publie des propositions de campagne mensongères de Kamala Harris, comme le fait que la candidate démocrate voudrait “abolir les frontières de l’Etat”. Si cette entité laisse entendre avoir été créé par les démocrates, elle est en réalité pilotée par une ONG politique pro-Trump, largement financée par… Elon Musk.

“Si Donald Trump perd, je suis foutu”

Rien n’est trop cher si l’on veut – une nouvelle fois – changer le visage de l’Amérique. Elon Musk va jusqu’à promettre un chèque d’un million de dollars chaque jour à un électeur de Pennsylvanie – un des swing states – tiré au sort qui aura signé sa pétition de l’”America PAC”, le comité d’action politique soutenant la campagne du candidat du Grand Old Party. Le texte porte sur la défense de la liberté d’expression et le droit de posséder une arme, deux éléments inscrits dans la Constitution américaine.

Ce comité d’action politique d’Elon Musk qui soutient Donald Trump a déjà dépensé plus de 119 millions de dollars au cours de ce cycle électoral, selon Open Secrets, un organisme à but non lucratif. “Il a même dîné avec Rupert Murdoch et une poignée d’autres milliardaires, pour Donald Trump”, indique le New York Times. Mais cette aide n’est pas gratuite : le puissant homme d’affaires y voit des intérêts économiques. “Si les entreprises du milliardaire technologique ont déjà d’énormes contrats gouvernementaux, elles pourraient bénéficier d’un deuxième mandat, surtout si Musk se voit confier un rôle gouvernemental”, reprend le New York Times. Rien que pour SpaceX, les contrats qui la lient à la Nasa ou à la Défense se chiffrent à plus de 15 milliards de dollars, selon le journal.

Ce n’est pas tout. “Si Donald Trump perd, je suis foutu”, a plaisanté Elon Musk lors d’une interview avec Tucker Carlson, ex-présentateur de Fox News. En effet, comme L’Express l’écrivait déjà, une vingtaine d’enquêtes ou de poursuites judiciaires ont été lancées contre ses diverses entreprises, parmi lesquelles l’entité Starlink, fournisseur d’accès à Internet par satellite. Cette dernière s’est vue refuser une subvention de près de 900 000 dollars de la part de la Commission fédérale des communications (FCC), tenue par l’administration Biden. Des désagréments financiers qu’il mettra derrière lui en cas d’élection de Donald Trump.




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